Par Lys Mokoko

Luc 21, 5–19

Frères et sœurs bien-aimés, notre année liturgique tire vers sa fin, et les textes sacrés soumis à notre méditation de ce 33ème et avant dernier dimanche du temps ordinaire de l’année liturgique « C », orientent notre attention sur la leçon à tirer des différentes catastrophes et séries de malheurs qui minent notre monde. Où va le monde ? Quel avenir pour nous croyants dans ce monde envahi par une kyrielle de malheurs ? Au cœur de toutes les multiples formes d’injustice et de violence qui sévissent dans notre monde, le prophète Malachie dans la 1ère Lecture, nous invite à ne pas perdre de vue la venue du « jour du Seigneur » : « Voici que vient le jour du Seigneur » (Ml3, 19). Dans sa prophétie, Malachie précise que seuls les mécréants, les infidèles et les arrogants doivent craindre ce jour redoutable. Car pour eux, ce jour sera « brulant comme la fournaise ». Mais pour les fidèles de Dieu, les humbles et tous ceux qui s’efforcent de vivre en tenant toujours compte de Dieu, la voix du Seigneur les rassure en ces termes : « pour vous qui craignez mon nom, le soleil de justice se lèvera ». En attendant la venue de ce jour, saint Paul dans la seconde lecture, exhorte tous les fidèles du Christ à travailler dans le calme pour gagner honnêtement leur vie. De fait, l’annonce de la venue du seigneur ou de bien d’autres évènements heureux ou malheureux, ne devrait pas inciter les chrétiens à la démission ou à l’abandon de nos occupations terrestres comme l’entendaient certains chrétiens de Thessalonique qui menaient « une vie déréglée, affairés sans rien faire ». Ainsi, même si la venue du seigneur était pour bientôt, même si l’on nous disait que notre fin était proche, il n’est pas question de prendre cela comme prétexte pour jeter l’éponge du combat de la vie, et rester inactif dans nos milieux de vie. Travaillons à poser des œuvres durables qui même après notre mort, continueront de parler positivement de nous.
Cependant, dans l’Évangile de ce 33ème dimanche, notre Seigneur Jésus nous invite à ne jamais nous fier aux œuvres de ce monde qui passe. Aux hommes de son temps qui faisaient l’éloge du temple de Jérusalem, Jésus s’empresse d’attirer leur attention : « Ne vous appuyez pas sur de fausses valeurs ». Il est vrai que ce temple restauré par Hérode, agrandi, embelli, couvert de dorures, était vraiment magnifique. Malgré sa splendeur, Jésus invite ses admirateurs à ne pas oublier que ce temple aussi fait partie de ce monde qui passe. « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. » (Lc21, 6). En effet, quelque soient la beauté et la noblesse des œuvres que l’homme contemporain pourrait bâtir avec le progrès de la science et de la technologie, Jésus nous avertit que tout passera.
Ne nous attardons donc pas dans l’admiration des choses éphémères de ce monde ; orientons plutôt nos regards vers ce qui demeurera malgré les grandes catastrophes et les séries de malheurs annoncées dans l’évangile : « Il y aura de grands tremblements de terre, et, en divers lieux, des famines et des épidémies ; des phénomènes effrayants surviendront » (Lc21,11). N’allons pas croire que Jésus nous dit ces paroles pour semer la peur en nous. Bien au contraire, son intention est de nous aider à surmonter les épreuves du monde. Quoi qu’il arrive, nous chrétiens n’avons pas de raison à craindre ce monde que notre Seigneur a déjà vaincu (cf. Jn16, 33). Il ne nous dit pas que nous n’allons pas connaitre des malheurs, mais il nous rassure que les malheurs ne pourront rien contre tous ceux qui sont à Lui : « Mettez-vous donc dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense. C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister, ni s’opposer ».
En outre frères et sœurs, l’homme contemporain a horreur de l’incertitude. Nous voulons tout savoir avec certitude pour programmer et planifier notre avenir. Ce sont ces mêmes préoccupations qui animaient les disciples de Jésus : « Maître, quand cela arrivera-t-il, et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? » La réponse donnée par le Christ nous laisse entendre que la vraie question à se poser n’est pas « quand cela arrivera-t-il », mais plutôt : « comment vivre avec tout cela ? » Ou « que devons-nous faire face aux épreuves d’aujourd’hui ? » Ce qui préoccupe Jésus, c’est l’attitude que doivent avoir les siens face à toute épreuve ; une attitude de confiance que rien n’ébranlera : ni les catastrophes, ni les persécutions, ni les maladies, encore moins le terrorisme, ni aucune souffrance. Car, au cœur des perturbations du monde, seule une confiance tenace nous évitera les égarements. Faisons attention, pour qu’aucune épreuve ne nous écarte du chemin de notre foi basée sur les promesses de celui-là qui a promis d’être sans cesse avec nous : « Voici que je suis avec vous, tous les jours, jusqu’à la fin des temps » (Mt28, 20) .
Savoir demeurer fidèle à la parole de Dieu à travers les jours qui passent, porter le poids du temps présent malgré les souffrances et la maladie, continuer à vivre au jour le jour sans perdre la confiance dans le futur de Dieu, voilà le programme que nous propose le Christ. retenons que le véritable chrétien, c’est celui qui tient malgré tout. « C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie », nous dit Jésus ; persévérance dans la foi, dans l’espérance, dans la fidélité au Christ. Nous arriverons alors à surmonter toutes les difficultés pour atteindre le « Jour du Seigneur » avec joie, confiance et sérénité.Si nous suivons fidèlement les pas de celui qui a vaincu le monde, avons-nous encore des raisons de désespérer face aux épreuves de ce monde ? Une fois de plus retenons ces paroles du Christ : « C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie »