par Eric de NATTES

Marc, 4, 26-34

Deux paraboles pour nous parler de ce Royaume dont il nous est dit, par ailleurs, qu’il est en nous.

I – Mystère de croissance. À-venir. Dieu nous tourne toujours vers cette vie qui est devenir et non pas statique. Donc :

. Part d’immaîtrisé, accepter cette in-connaissance sur nous-même et sur l’autre. Ne pas enfermer dans un présent que nous croyons connaître alors qu’il n’est que réduction et étroitesse. Appel à une largeur de vue, à re-situer toute vie dans une croissance où une grande part nous échappe. Nuit/jour : alternance de lumière et d’obscurité dans nos vies, dans la vision que nous avons de nous-même et de l’autre. Accueillir la nuit comme le jour. Dans le combat nocturne  tant de choses grandissent en nous en se simplifiant. Meurt en nous tout ce qui empêche la vie véritable de croître !

. Méditer ce mystère de vie, l’accueillir (Cf Marie qui médite cela en son cœur). Et nous, nous ne faisons que nous réjouir ou nous lamenter selon l’instant présent, sans relire, sans situer ce qui arrive dans une croissance et accueillir ce qui arrive au lieu de gémir parce que cela ne correspond pas à nos « plans ». Christ qui dit cela : toujours à contretemps du temps à vivre.

. Dans ce cadre : semence = mystère où tout est contenu mais en germe. Mystère de ce qui va entrer en contact avec un terreau (humus dans lequel chacun de nous a été jeté), un milieu extérieur et qui va croître aussi en fonction de cette rencontre. La vie est rencontre, la vie est relation avec ce qui n’est pas moi. C’est dans ces multiples rencontres, liens, alliances, qu’une fécondité se fait. (Parabole du semeur : ensemencement de la terre par le ciel, rencontre de l’humain et du divin).

II – Dans cette croissance : mystère de la pâques, du passage, de la métamorphose de la vie, de mort et de renaissance. C’est le dynamisme même de la vie. L’arbre de vie et la Croix sont intimement liés en Christianisme (St Clément à Rome, magnifique mosaïque de la Croix arbre de vie).

. Comment voir l’arbre futur qui se dressera, majestueux, plongeant ses racines dans le sol et pointant ses branches vers le ciel, dans la semence que je tiens entre mes mains ? Comment se souvenir de la semence lorsque je contemple cet arbre qui abrite désormais la vie (les oiseaux du ciel) ?

. Alors replace-toi toujours dans cette croissance ! Aujourd’hui tu es le grain de blé jeté en terre, ne te désole pas, ne désespère pas. Cette saison d’hiver fait aussi partie de ta croissance. Dans cette mort, tu ne sais quel être nouveau va renaître, émondé comme la vigne, métamorphosé comme le grain de blé, grandi comme le semence devenu arbre…

. Mais si aujourd’hui tu es l’arbre puissant et vert, l’épi chargé de bons grains, ne t’enfle pas et ne te contemple pas comme si tout cela n’était dû qu’à toi : toi aussi tu seras appelé à repasser par des phases de métamorphose. Alors si tu es le bel arbre en ce moment, eh bien abrite avec joie et grande tendresse les oiseaux du ciel qui peuvent venir s’abriter en ta parole, chanter leur vie en ton écoute, faire leur nid en ton aide matériel et spirituelle, reprendre leur envol en ta compassion. Comme l’image du prophète Ézéchiel : tu es vert aujourd’hui (réjouis-toi dans le Seigneur), tu seras sec demain. Tu es sec en ce jour, ne te désole pas et tourne-toi vers le Seigneur, vers l’arbre vert qui peut t’abriter, et tu reverdiras toi-même.

Conclusion : parabole qui ouvre le regard à l’invisible, au processus, à ce qui est dynamique, en devenir, et donc au temps qui accomplit et mûrit la vie, en relativisant l’instantané présent, l’espace, qui fixe ton regard, l’appauvrit, et qui te désole ou t’enorgueillit. La vérité est vie, et la vie est chemin. Apprends. Prends patience !