par Eric de NATTES

Matthieu, 4, 35-41

La tempête apaisée

Jésus enseignait en parabole pour susciter en chacun son intelligence du cœur, pour le faire entrer lui-même, lui faire faire une pause et s’interroger. Il en est du Royaume comme… N’était-ce pas aussi pour que nous comprenions que la vie elle-même peut être une parabole à décrypter, à lire. Il faut s’arrêter, entrer en soi. Jésus suscite la vie  de l’esprit, le vie spirituelle chez ses auditeurs.

Jésus évoquait en parabole la graine de moutarde, semence minuscule qui devient une plante en laquelle la vie peut s’abriter. Je regarde cette petite barque agitée par les flots. En cet instant, c’est toute l’Église qui est en elle, minuscule, perdue au milieu d’une mer hostile. Sans doute seraient-ils plus rassurés – les disciples – si toute une flotte avec un navire amiral avait appareillé. Des églises qui couvrent le territoire, une cathédrale du XIIe. Ici, à Bron, 4 lieux d’église que nous tentons d’occuper comme nous pouvons avec les 350 pratiquants dominicaux que nous sommes, en période de hautes eaux ! Trop de barques, plus assez de passagers. Apprends-moi à contempler cette petite barque et à ne pas mettre mon assurance dans des chiffres et des bâtiments. Tu es là Seigneur, et je vogue vers l’autre rive. C’est cela qui compte.

Jésus disait en parabole : ‘’nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il veille, la semence grandit’’. Je contemple la barque dans laquelle tu dors et les disciples s’agitent, au bord de l’angoisse, celle de la mort qu’ils croient prochaine. Si la barque se renverse dans les flots, c’est toute l’Église en germe qui se noie. Mais qui dort véritablement ? Toi, Seigneur ? Ou les disciples qui doivent être réveillés de leur peur ? Tu les interroges : ‘’pourquoi être si craintifs ? Le mot en grec est plus sauvage : ‘‘pourquoi avez-vous la trouille ?’’ Où est la véritable tempête dans ce récit ? À l’extérieur, dans les éléments déchaînés ou à l’intérieur des disciples ? Eux cherchent à te communiquer leur angoisse, Seigneur : ‘’nous sommes perdus, cela ne te fait rien ?’’ Toi, tu veux convoquer en eux la foi. Je contemple une Église en crise. Des pans entiers semblent être engloutis dans les eaux. Mais qu’est-ce qui est en train de mourir ? Dois-je m’en affoler ? Quitter le barque ? Dois-je regarder en moi ?

Jésus fait obéir les éléments, il les soumet : ‘’Silence ! Tais-toi’’. Mais aux disciples, à l’homme, il leur demande d’écouter en eux, il convoque la foi, l’obéissance se fait alors écoute, pas soumission, pour sortir de la peur. On ne fait pas obéir les hommes en les soumettant. Ce sont eux qui doivent être réveillés de leurs angoisses, de leur peur. Il faut les inviter à la foi. A la confiance.

Jésus disait que cette graine minuscule, devenue une plante aux branches larges et accueillantes, abrite désormais la vie. Une traversée, aller sur l’autre rive. Un jour ce seront non plus une mer fermée, un gros lac, mais la mer Méditerranée, puis les océans et en fin de compte, la vie elle-même.