par Eric de NATTES

Matthieu, 28, 16-20

Deutéronome : ’’Tu garderas les décrets et les commandements du Seigneur afin d’avoir bonheur et longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu.’’ Cette obéissance à des décrets et des commandements a toujours tendance à nous figer dans un respect craintif au Dieu rigoureux de l’Ancien Testament. N’oublions pas cependant qu’obéissance et écoute sont spirituellement synonymes. C’est d’ailleurs le premier de tous les commandements : ‘’Écoute, Israël, le Seigneur ton Dieu…’’ Lorsque Jésus découvrira à ses disciples ce Dieu comme Père aimant, source jaillissante de la vie en nous, donateur de l’Esprit qui est notre avocat, alors il pourra dire à la Samaritaine : ’’Si tu savais le don de Dieu’’, ce qui t’est donné et qui jaillit en toi. Alors oui, tout notre être peut se faire écoute de la vie qui jaillit en nous et qui vient renouveler les terres brûlées par l’amertume ou la rancœur, qui vient faire revivre ce qui était mort. C’est toute la vie publique de Jésus qui est témoin de cette obéissance au Père qui est l’écoute aimante d’un fils.

Paul aux Romains : ‘’Vous avez reçu un esprit qui fait de vous des fils, pas des esclaves.’’ L’esclave est soumis à son maître dont il n’a aucune raison de connaître les motivations : il obéit, c’est tout, heureux d’être laissé en vie. Il n’a pas le sens de ses actions en lui et même celle de sa propre vie. Le fils, lui, a une origine : un père. Il ne s’est donc pas constitué tout seul dans l’existence. Mais lui est héritier du père. Et dans l’héritage divin, il ne s’agit pas d’une chose extérieure à nous, mais de la Vie même du Père ainsi que nous le montre le Fils : ‘’la Vie était en lui, dit St Jean’’. Entrer dans cette filiation, l’accueillir, c’est donc suivre l’exemple du Fils – Jésus – et laisser l’Esprit dire en moi : ‘’abba, papa’’, lorsque je m’adresse à Dieu.

Évangile selon St Matthieu : ‘’De toutes les nations, faites des disciples. Baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.’’ Une révolution, celle de l’évangile, est en marche. Les dieux étaient ceux d’un peuple, d’une ethnie, d’une nation pour les distinguer, voire les opposer, aux autres ; désormais c’est un Dieu unique qui les rassemble tous pour les unir dans leur diversité. Une mondialisation du divin est en marche, une globalisation de l’amour. Le juif et le grec recevront le même baptême. L’esclave et l’homme libre aussi, ainsi que l’homme et la femme. Baptiser : c’est donc faire fi des différences en tant qu’elles sont censées nous opposer, nous catégoriser, nous classifier. Baptiser, c’est faire fi des marqueurs religieux (le juif monothéiste et le grec polythéiste doivent pouvoir entendre la même Parole qui parle à leur cœur), faire fi des marqueurs socio-culturels puisque l’esclave comme l’homme libre doivent pouvoir se rassembler dans le même lieu pour adorer et louer leur Dieu, faire fi d’une soi-disant inégalité homme/femme puisque l’homme comme la femme sont ‘un’ en Dieu. Voilà que par le baptême nous entrons dans l’égalité des personnes en Dieu qui se donnent par amour : Père, Fils et Esprit. Alors l’horizon d’une fraternité à recevoir à vivre entre nous devient le défi de nos communautés, de notre témoignage : « c’est à l’amour qu’ils se porteront les uns pour les autres que vous les connaîtrez. »

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