par René BEAUQUIS

Jean, 17, 11b-19

 Avec ce dimanche s’achève le temps liturgique pascal. Les textes d’évangile de tous ces dimanches après Pâque nous invitaient à vivre pleinement la vie même de Dieu que Jésus nous a acquise par sa mort et sa résurrection. En enfants de Dieu que nous sommes devenus par le baptême en Jésus son Fils, nous avons été invités par lui-même à demeurer dans son amour pour vivre pleinement selon l’évangile.

Si nous demeurons dans l’amour de Dieu le Père auquel Jésus nous fait participer, nous pouvons porter trois fruits évangéliques nous révèle l’évangile d’aujourd’hui. Pour que ses disciples puissent produire ces fruits, Jésus prie son Père de les faire participer à sa sainteté.

Le premier don de sainteté que Jésus demande à son Père est l’unité de ses disciples : « qu’ils soient un comme nous-mêmes. » Les trois personnes divines : le Père, le Fils et le Saint Esprit sont trois personnes qui ne font qu’un seul Dieu tellement leur amour est grand. Dieu, parce qu’il est Amour ne peut être seul car l’amour exige un ou des vis-à-vis. Voilà pourquoi Dieu est famille et veut élargir sa famille en faisant de nous ses fils ou ses filles.

Il nous faut bien comprendre que l’unité que Jésus demande à son Père pour nous n’est pas l’uniformité. De même que dans la Trinité les trois personnes divines sont distinctes et ne jouent pas le même rôle, nous avons à vivre notre unité dans le respect de la différence de chacun.

Le deuxième don que Jésus demande à son Père pour ses disciples est la joie : « Qu’ils aient en eux la joie et qu’ils en soient comblés. » Mais Jésus sait que cette joie n’est pas une joie facile pour ses disciples ainsi que pour tout chrétien qui veut vivre son évangile car il se trouve confronté à la haine du monde comme il l’a été lui-même.

Jésus est mort de la haine du monde. Le monde est, pour Jésus, l’ensemble de l’humanité gangrénée par le mal, c’est-à-dire par Satan. Ce mal se manifeste essentiellement dans l’égoïsme. Celui-ci, en renfermant les hommes sur eux-mêmes les pousse à prendre en haine tous ceux qui prônent l’amour, le partage, la justice et la paix.

C’est volontairement que Jésus a accepté d’en être la victime pour en être vainqueur par sa résurrection et nous donner de le vaincre, d’une part lorsque nous serons tentés par l’égoïsme et d’autre part lorsque nous serons affrontés à la haine que suscite ce mal.

La joie que promet Jésus est celle qui est liée à la fidélité de vivre l’évangile dans ce monde hostile. Lorsque nous acceptons les obstacles comme faisant naturellement partie d’une vie à la suite de Jésus, notre amour se trouve fortifié et notre joie de rendre témoignage au Christ ressuscité est à son comble.

Ne soyons donc pas étonnés si nous sommes moqués, ridiculisés en tant que Chrétiens ; Jésus nous avait bien averti quand il disait à ses disciples : « on vous exclura des assemblées. Bien plus, l’heure vient où tous ceux qui vous tueront s’imagineront rendre un culte à Dieu. Quand cela arrivera, vous vous souviendrez que je vous l’avais dit. »

Le baptême que nous avons reçu n’est donc pas à voir comme une protection, un paratonnerre mais une participation à la force du Christ ressuscité pour faire reculer en nous et autour de nous les frontières de l’égoïsme qui est la source de tous les maux.

Le troisième don que Jésus demande pour nous à son Père est le don de Vérité. Jésus s’est dit être lui-même la Vérité. Il est la Vérité dans le sens qu’il n’y a pas en lui d’écart entre sa parole et son action. Il est tout entier dans ce qu’il dit et fait. Nous devenons de plus en plus vrais lorsque la Parole de Dieu, c’est-à-dire Jésus-lui-même en tant que Verbe de Dieu prend chair en nous et nous façonne semblables à lui, nous donne d’être en quelque sorte pour lui une humanité de surcroît dans laquelle il peut continuer à vivre sa vie, comme le disait sainte Elisabeth de la Trinité.

Voyons dans ce don de la Vérité un appel à faire de la Parole de Dieu notre nourriture spirituelle si nous voulons vraiment vivre en disciples de Jésus.

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