Par Eric de NATTES

Matthieu 24, 37-44

Avent : ad-ventus, ce qui vient vient au devant de moi, de chacun de nous ! Le verbe de vie, la parole du Père, la Vie elle-même, elle prend chair, aujourd’hui bien sûr, comme il y a 2000 ans, dans nos vies, dans notre monde qui continue de ne pas voir, trop souvent. Mais heureusement beaucoup regardent, comprennent, pressentent. Comment feraient-ils pour ne pas voir que Dieu n’a pas de place dans la salle commune de l’auberge, quand tant et tant de personnes sont elles-mêmes à la rue. Comment ne comprendraient-ils pas que ce couple de Roumains qui cherche à récupérer son enfant qui vient de naître, ce couple jeté sur les routes par la misère, rappelle tellement un autre couple, un autre enfant, d’autres tribulations. Et comment moi, témoin bien impuissant, je vois tout un monde de petits, de bergers, qui l’un, accueille pour un repas, l’autre pour donner un cours de français, encore un autre pour accompagner dans les démarches… Ce sont eux qui chantent ta gloire dans la nuit, Père. Et peut-être ne la savent-ils pas. Mais je recueille et je prie pour que ce chant nocturne ne s’éteigne jamais. Durant ces quatre semaines je ne veux plus me rassasier des ordres de l’Empereur Auguste ou du Gouverneur Quirinius devant ma télé qui fait le récit des actions des Grands ! Je veux regarder les bergers, dans la nuit. Ce sont eux qui scintillent et qui seront mes étoiles.

Père, tu as tant aimé ce monde que tu t’es jeté dans la mêlé de notre humanité en livrant ce qui t’est le plus précieux : ton enfant bien-aimé. Et peut-être est-ce bien le cas de tous les enfants de ce monde, de moi, de chacun de nous. Apprends-moi à te voir venir dans ma vie, dans nos vies, à te pressentir, à voir mes larmes jaillir, fragile comme toi, et pourtant en vie.

Avent : ad-ventus, ce qui vient au-devant de moi, de chacun de nous. Donne-moi un coeur de prophète. Isaïe n’était pas plus naïf que moi et il connaissait bien les malheurs de son temps. Et pourtant, une invincible espérance le portait : « de leurs épées ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles ! Ils n’apprendront plus à faire la guerre. » Apprends-moi à fondre les épées et les lances qui sont en moi, à me désarmer. Ce soir je vais préparer, avec tout un peuple de pacifiques, le geste par lequel des enfants, les louveteaux, porteront avant Noël, la lumière de Bethléem. Leur apprendrons-nous ainsi à ne pas faire la guerre, à venir désarmés porter la lumière dans les foyers, auprès des jeunes et des vieux ? C’est si peu. Mais un enfant naissant dans un village de notre monde, n’était-ce pas insignifiant et si peu ? Croire et espérer.

Avent : ad-ventus, ce qui vient au-devant de moi, de chacun de nous. « Il en sera de la venue du Fils de l’homme comme aux jours de Noé : on mangeait, on buvait ». Seigneur, au coeur de ce quotidien, qu’est ce que je vois, qu’est-ce que j’écoute, qu’est-ce que je médite et comprends ? J’étais tout à l’heure autour de la table, pour un déjeuner avec des paroissiens. La table était belle, simple, abondante, bien préparée, pour la joie des convives. Et la parole a circulé. Et avec elle le partage d’expériences, d’engagements, de combats, de petites victoire, de joies mais aussi d’échecs, de souffrances. N’était-ce pas l’eucharistie continué dans la familiarité du foyer ? N’étais-tu pas là au coeur de nos vies ? Nous mangions, nous buvions… et beaucoup plus pourtant. Y pensions-nous, à ta venue ? Je ne sais. Mais tu venais, je n’en doute pas.

Alors je laisse résonner les paroles de Saint Paul : « C’est le moment, l’heure est déjà venue de sortir de votre sommeil… le jour est tout proche. »

Quatre semaines, non pas pour me préparer la commémoration d’un événement passé. Mais pour me préparer à ce qui ne cesse de venir. Ouvre mes yeux, mon coeur, mon intelligence, mon esprit.

Très bon Avent à vous tous frères et soeurs. « Revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ ! »