Par Franck GACOGNE

Marc 6, 30-34

Le rassemblement voilà ce qui me semble être le fil conducteur des lectures aujourd’hui. Le prophète Jérémie dénonce les mauvais bergers qui dispersent les brebis et qui se retrouvent égarées. Il annonce le rôle du Seigneur qui est de rassembler, de nourrir, de protéger tous ceux et celles qui veulent s’attacher à lui. Déjà, Jérémie annonce un roi qui effacera les divisons entre Juda et Israël, les royaumes séparés, il annonce un Messie qui saura les rassembler au nom de la paix et d’une vie plus juste.

Rassemblement encore comme dans cette lecture de st Paul aux chrétiens d’Ephèse. La Bible nous parle de la situation au proche Orient il y a 2000 ans… Son actualité est malheureusement toujours aussi vive et criante, écoutons St Paul : « C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui les séparait, le mur de la haine ; il a supprimé les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix ». Voilà le désir du Christ. Quelles personnes, quelles mains, quelles déterminations, quelles audaces trouvera-t-il aujourd’hui pour accomplir cette mission avec lui. St Paul affirme dans cette lecture que Jésus a déjà tout donné dans ce sens : C’est par la croix que se réalise ce rapprochement, ce rassemblement. C’est en mourant sur la croix pour tous et en ressuscitant que le Christ réconcilie tous les hommes avec Dieu. Mais jamais il ne réalisera cette réconciliation contre eux et même sans eux, il est trop respectueux de la liberté de chacun.

Juifs et païens restaient pour saint Paul le symbole de l’impossible unité. Il annonce la paix à ceux qui sont loin : les païens, comme à ceux qui sont proches : les juifs. St Paul a compris à quel point Jésus est venu unir les peuples en un seul corps et supprimer la barrière entre ceux dont on dit qu’ils sont « près », et ceux qu’on dit « loin ». Et en Eglise, en paroisse, nous devons travailler dans le même sens.

Et puis avec l’évangile nous avons la description du mouvement de toute une communauté, après l’envoi deux par deux, la première mission, voici le retour des Apôtres, leur rassemblement autour de leur Maître afin de rapporter paroles, faits et gestes. Il y a quelque chose de vraiment familiale et conviviale dans cet échange de ce que chacun a vécu, Jésus est là pour les accueillir, les écouter. On peut imaginer heureux et admiratif de tout ce que l’Esprit a accomplit par eux. Après s’être rassemblé, Jésus invite ses disciples au repos. Ils sont emballés par leur mission, c’est ce travail qui donne sens à leur vie. Mais Jésus leur indique qu’il est nécessaire de prendre le large, de prendre de la distance. Pour nous aussi qui sommes ou qui seront dans une période de vacances il est nécessaire de réaliser des coupures, de changer de quotidien, de se ressourcer, pour que comme les apôtres le quotidien puisse susciter en nous la joie l’étonnement, l’admiration. Un temps dans un autre lieu sur un autre rythme peut aussi être l’occasion de se plonger dans un livre ressourçant pourtant longtemps mis de côté, renouveler sa vie de prière, se mettre à l’écoute de la Parole… demander au Seigneur que sa parole me renouvelle aujourd’hui.

Dans ce passage d’évangile, deux groupes se distinguent clairement : celui des Apôtres qui comme on vient de le voir reviennent de mission et éprouvent le besoin de se ressourcer, comme beaucoup de chrétiens souhaitent approfondir leur vie de foi, et retrouver du sens à leur mission de baptisé. Et puis il y a la foule qui les « assiège », avec des demandes, des attentes qui sont parfois bien différentes. On remarque que Jésus n’a pas choisi les uns au détriment des autres, il a voulu honorer et se mettre à la disponibilité des apôtres comme de la foule dont il est même dit dans le texte qu’il fut saisi de compassion pour elle, littéralement il est pris aux entrailles, ému devant cette foule désorientée et sans guide qu’il se met à instruire longuement.

Seigneur, donne à notre paroisse, par la mission de chacun de nous envoyés, d’être de ceux qui appellent, qui invitent, qui rassemblent et se rassemblent pour manifester l’unité du Corps du Christ. Ton Eglise ne peut être image du Corps du Christ que dans la complémentarité et la différence. Donne-moi Seigneur de l’espérer, de l’attendre et de m’en réjouir. Amen.