Par Amos BAMAL

Matthieu 14, 22-33

                La proximité de Dieu.

Après le miracle de la multiplication des pains, Jésus oblige ses disciples à se retirer. Il sait ce qu’est le vertige du succès. Loin de rester encore pour savourer son succès et être porté en triomphe, il va se retirer pour rendre grâce à son Père. Comme Elie sur la montagne, il a besoin de ce moment de silence, de recueillement, pour être seul avec le Père et lui parler cœur à cœur. Après l’adoration, Jésus retourne vers les siens marchant sur la mer, alors que leur barque est battue par des vagues.

Il se révèle ainsi maître des éléments du monde et des forces du mal. Il n’a pas peur de la nuit, symbole du mal et du péché et peut agir sur la mer à la manière dont Yahvé l’avait fait autrefois pour faire sortir son peuple de l’esclavage d’Egypte. Mieux encore que nous révéler qu’il est la puissance de Dieu donnée aux hommes pour leur bien-être et leur épanouissement, Jésus montre qu’il vient investir l’homme de cette même force divine pour qu’il soit totalement et définitivement libéré de la peur face aux puissances invisibles et à toutes les forces de la nature encore mal maîtrisées.

Sur la demande de Pierre, Jésus lui donne le pouvoir de marcher comme lui sur la mer, nous invitant ainsi à comprendre que celui qui rencontre Jésus, qui reconnaît en lui, le Fils de Dieu et accepte de s’appuyer sur lui, celui-là échappe à la peur et peut cheminer avec assurance et confiance, quelles que soient les surprises et les difficultés de la vie, car à chaque tournant de la vie, il entend Jésus qui lui dit : « confiance ! c’est moi ; n’ayez pas peur ! » (Mt 14,28).

La barque secouée par les flots, malmenée par les tempêtes, mais préservée du naufrage par le Seigneur, c’est bien l’image de notre Eglise qui vogue, contre vents et marées, vers le rivage où le Ressuscité l’a devancée. Mais comment réagissons-nous ? Par un surcroît de foi, ou au contraire, en nous abandonnant aux doutes et à la critique ? De quel bord sommes-nous ?  Celui qui veille sur son Eglise ne dort ni ne sommeille. Comme Pierre, marchons sur les eaux : celles des difficultés, et parfois, des découragements.

Notre itinéraire comme chrétiens est semblable à celui des disciples. En réalité, le problème des hommes et des femmes aujourd’hui, c’est justement la peur. La peur de l’avenir, la peur de perdre ses richesses et son identité. Dans la vie tout n’est pas toujours roses, comme les apôtres nous peinons au quotidien contre les puissances du mal, nous connaissons des moments de turbulence, de difficultés, d’échec et nous avons l’impression d’être abandonnés à nous-mêmes, craignant de chavirer. Pendant ces moment-là, Dieu vient vers nous, marchant sur la mer pour manifester la domination qu’il a sur les puissances du mal. Mais en général, quand ça va mal, nous avons tellement peur que nous ne remarquons pas la présence de Dieu. Mais confiance ! Les tempêtes peuvent secouer l’embarcation de notre vie, elle ne sombrera pas si notre foi est sincère.

Le texte de ce dimanche nous met également en garde contre la présomption. Pierre s’offre pour marcher sur la mer comme Jésus en méconnaissant sa propre faiblesse. Quand nous savons que dans les Ecritures la mer est le symbole du mal et des forces maléfiques, nous comprenons que Pierre veut, comme le Christ, marcher sur le mal. Mais il est vite rattrapé par la faiblesse humaine caractérisée par le doute, et on pourrait presque dire que le mal reprend pouvoir sur lui. Pendant qu’il s’enfonce, il laisse jaillir en lui une prière méritoire et salutaire : « Seigneur, sauve-moi ! ».

Dans le deuil, la maladie, la déception, l’échec, le mal être, la turbulence conjugale, le chômage, pensons-nous encore au cri de Pierre ? certains pensent pouvoir résoudre leurs problèmes par eux-mêmes, d’autres préfèrent la résignation et l’abandon…Le chrétien sait qu’il a un recours à sa portée, quelle que soit la situation. Il suffit d’avoir le courage de crier : « Seigneur, sauve-moi », et d’avoir une confiance éperdue en la proximité de Dieu.

                                                    Amen.