Par Franck GACOGNE

Matthieu 13, 44-52

Dimanche dernier, je comparais les paraboles de ce chapitre 13 de Matthieu à une chasse au trésor, permettant de découvrir progressivement le « royaume des cieux ». Eh bien le voilà le trésor dans cette parabole. Nous y voyons la joie de l’homme qui l’a trouvé, et la passion qui l’anime indique clairement le prix inestimable qu’il y accorde. Il ne peut plus s’en passer, au point de le préférer à tout. Vous l’avez remarqué, le découvreur de trésor et l’amateur de perle exceptionnelle n’hésitent pas une minute. On aurait presque l’impression, dans leur hâte, qu’ils bradent leurs biens à n’importe quel prix, pour se procurer trésor ou perle à tout prix ! Nous sommes peut-être surpris d’une telle folie. Nous aurions envie de calculer, de peser, d’estimer les risques, de prendre une assurance, de comparer. Nous dirions : « Est-ce bien raisonnable, est-ce que ce sera rentable ? »

 

Mais comprenons bien que Jésus parle de lui-même, le Royaume des cieux n’est pas autre chose que sa propre personne. Il est celui que l’on rencontre par hasard au milieu d’un champ, au détour d’une conversation, d’une lecture, au cœur d’une célébration, dans le service… Ou alors, il est celui que l’on découvre au terme d’une difficile recherche, parfois au terme d’une vie. Il est celui qui invite à se déterminer pour ou contre, avec ou sans. Jésus veut sans doute nous enseigner ici que l’entrée dans le Royaume, c’est-à-dire le choix du Christ, nécessite une décision forte, un choix radical qui implique forcément de quitter quelque chose. Ce n’est pas un compromis. Ici l’homme accepte de se déposséder totalement pour n’acheter que cela. C’est d’ailleurs la démarche que ne pourra pas faire le jeune homme riche dont Matthieu parlera quelques pages plus loin (Mt 19, 16-22). L’attachement de cet homme à ses biens sera plus fort que l’attrait du trésor. Au lieu de la joie, il trouvera la tristesse. Et pourtant le Royaume des Cieux paraît si désirable !

Cette soif de découvrir un trésor quand nous étions plus jeune, qu’est-elle devenue, aujourd’hui ? A quel trésor aspirons-nous maintenant ? Le roi Salomon, lui, dans sa prière ne demande ni la richesse, ni le pouvoir, mais un cœur attentif, un esprit de sagesse et de discernement. Et nous, que demandons-nous ? Quel trésor nous attire, sommes-nous prêts à beaucoup laisser pour en vivre ? Et si ce trésor nous était déjà donné ? Car si pour nous ce trésor, c’est Jésus-Christ, alors il nous est donné par le baptême, il est gratuit, mais il demande chaque jour de notre part de le redécouvrir, de se l’approprier. Le baptême, la foi nous demande une ferme orientation, une conversion, des choix quotidiens et ordinaire pour en vivre, mais parfois aussi du courage et des convictions, car le choix de vivre de cette foi nous met souvent en décalage avec ceux qui choisissent d’autres trésors. Aujourd’hui, cet évangile nous dit que le christ ne s’impose pas. Il se laisse trouver, il se laisse même estimer. La perle était de grande valeur nous dit l’évangile. Profitons de cette Eucharistie pour nous demander quelle valeur a Jésus dans notre vie. Avec sa fougue pour le Seigneur, Saint Paul écrivait : « j’ai tout perdu… afin de gagner le Christ ».

 

Réfléchissons maintenant sur ce qui a le plus de valeur à nos yeux et qui mérite d’y engager notre vie. Et prenons le temps comme Salomon de formuler notre prière au Seigneur pour le lui demander. Amen.