Par Franck GACOGNE

Matthieu 13, 24-43

A toute époque, quand on est gamin, on aime les chasses au trésor. Non ? Eh bien ce chapitre 13 de Matthieu est à lui seule une chasse au trésor, et ce trésor que Jésus veut nous faire découvrir s’appelle « le royaume des cieux »

Après la grande parabole du semeur que nous avons entendu dimanche dernier, Jésus en offre aujourd’hui trois autres, puis il y en aura encore deux autres que nous entendrons dimanche prochain, et ces 6 paraboles sont autant d’indices pour nous approcher du « royaume des cieux » Quand vous faites une chasse au trésor, vous recevez un indice, puis un second, un troisième, et ainsi au fur et à mesure, la réalité à trouver se précise. Eh bien de la même façon, toutes ces paraboles visent progressivement à présenter le Royaume des cieux mais aucune, à elle seule, ne suffit à le décrire. Avec pour chacun ce même début : « le royaume des Cieux est comparable à… ». C’est comme si chaque parabole traçait sur un transparent quelques traits succincts, quelques mots disparates. Chaque parabole offre un document illisible. C’est en les rassemblant et surtout en les superposant que se dessine par transparence quelque chose du royaume des cieux dont Jésus nous dit que c’est un mystère caché depuis la fondation du monde.

Le royaume des cieux, ce n’est pas un ailleurs qu’il faudrait nous efforcer d’atteindre en fuyant notre quotidien. Je crois bien plutôt qu’il s’agit de notre quotidien, lorsque nous le reconnaissons transformé par la présence de Dieu, dans la mesure où nous consentons à laisser le Christ s’y fondre, y prendre sa place. Il est alors comme le levain dans la pâte afin d’aider nos vies à prendre du volume, de l’ampleur, de l’assurance dans la foi. Ou encore, il donne à nos vies de grandir et de prendre la stature d’un arbre solide sur lesquels d’autres peuvent s’appuyer et se réfugier. Il est enfin celui qui garde patience, même dans nos infidélités, dans nos faux pas : jusqu’au bout il chemine à nos côtés dans nos choix, même si ces choix sont l’ivraie de la parabole et ne portent pas de fruits.

Le « Royaume de Dieu », c’est une société humaine parfaitement réconciliée et pacifique dans la liberté. C’est la réconciliation des hommes entre eux et avec Dieu. Est-ce une utopie ? Le royaume que Jésus instaure s’exprime souvent par des affirmations puissantes qui commencent par « en vérité, en vérité, je vous le dis… ». La Déclaration des Droits de l’Homme proclame que « en vérité, tous les hommes sont égaux en droit et en dignité » et cette vérité est vraie même si la réalité la contredit, eh bien de la même façon, la proclamation par laquelle Jésus instaure le Royaume, même si cela ne se voit pas, même si c’est en contradiction avec beaucoup de situations que nous observons, cette vérité est puissante, elle est à espérer et à promouvoir.

Jésus n’annonce rien d’autre que le Royaume, c’est-à-dire le salut comme rencontre et communication, communion définitive des hommes avec Dieu. L’unique mission de l’Eglise est d’annoncer le royaume et de le repérer déjà à l’œuvre ici et maintenant. L’Eglise n’est pas le Royaume, elle ne s’annonce pas elle-même ; l’œuvre de Dieu dépasse largement ce que l’Eglise en témoigne, mais l’Eglise a pour mission d’en être témoin, c’est sa vocation, c’est notre vocation (Lc 10, 9). Dans l’évangile de Luc, « les pharisiens demandèrent à Jésus quand viendrait le règne de Dieu, il prit la parole et dit : « La venue du règne de Dieu n’est pas observable. On ne dira pas : “Voilà, il est ici !” ou bien : “Il est là !” En effet, voici que le règne de Dieu est au milieu de vous. » (Lc 17, 20-21). Que ton règne vienne Seigneur. Amen.