Par Amos BAMAL

Jean 14, 15-21

                     « Je ne vous laisserai pas orphelins ».

Comme tout homme qui est entrain de quitter les siens et qui leur confie ses dernières volontés à travers un testament, ainsi Jésus, dans un ton à la fois consolant et revigorant, avant de retourner auprès de son Père, a voulu redire à ses disciples ce qui était le plus cher à son cœur. En effet, l’évangile de Jean de ce dimanche nous situe dans la double perspective de la passion, de la mort et de la résurrection du Christ et aussi de son Ascension. Dans ce texte, Jésus donne à ses Apôtres dernières recommandations, promet l’Esprit Saint, les invite à l’aimer et à lui rester fidèles en observant ses commandements et les assure de sa présence qui demeurera jusqu’à la fin des temps.

Le testament que Jésus nous laisse, revient à accueillir l’amour de Dieu qu’il nous a fait connaître en vivant avec nous et nous appliquer à vivre et à demeurer dans cet amour. Il s’agit pour nous d’abord de prendre conscience que c’est Dieu qui nous a aimés le premier en nous envoyant son Fils qui s’est offert en victime pour nos péchés. C’est en nous référant à cet amour de Jésus qui offre sa vie pour ses amis, que nous sommes invités en retour à nous aimer les uns les autres et à demeurer constamment dans cet amour. Et le critère incontestable que nous cheminons dans l’amour de Dieu, c’est la fidélité aux commandements de Dieu, particulièrement au commandement de l’amour.

Mais pour aimer Jésus et le prochain, et donc rester fidèle à ses commandements, le disciple en est incapable par sa seule force. Jésus promet à ses disciples d’obtenir pour eux par la prière, l’Esprit Saint, le Défenseur qui les protègera contre le mal et les maintiendra dans l’amour : « je prierai le Père et il vous donnera un autre Défenseur qui sera toujours avec vous ». Ce Défenseur l’évangile de Jean l’appelle « le paraclet ». Dans le monde juif le paraclet était le notable qui s’interposait entre le juge et l’accusé. C’était un homme au-dessus de tout soupçon qui était écouté et respecté ; il avait la possibilité de casser une condamnation et de faire libérer l’accusé sous sa responsabilité et au nom de sa propre réputation. L’Esprit-Saint est pour nous ce paraclet, ce Défenseur qui intervient quand nous sommes mis en accusation au nom de notre foi. L’Esprit-Saint intervient pour nous conseiller, nous encourager, nous consoler et nous soutenir dans les moments difficiles de notre vie. Il nous pousse inlassablement au sursaut et à l’initiative libératrice.

Et quand Jésus présente l’Esprit en lui donnant le nom de Défenseur, il met en évidence le rôle primordial de celui-ci. L’Esprit ne nous est pas donné pour expliquer et excuser nos actes, mais pour susciter en chacun de nous un supplément de vie, pour vivier en nous la grâce baptismale. A la différence de l’avocat humain qui peut, même en toute bonne foi, se tromper sur son client, le Paraclet sait, mieux que nous, ce qui motive nos actes, qu’ils soient bons ou mauvais. Il sait aussi, mieux que nous, quels sont nos intentions et quel est notre vrai chemin de vie, ainsi que le projet de Dieu sur nous. Son rôle ne consiste pas non plus à nous rendre invincibles, à multiplier nos réussites, à étendre notre domination sur le monde…L’Esprit du Seigneur n’est pas là pour faire de nous des maîtres, mais des serviteurs de la vérité, des petits et des pauvres. Et si nous disons que le pauvre est celui qui ne s’appuie plus sur lui-même, mais sur la force d’un autre, sur la force du Défenseur que Jésus nous a laissé, nous devons nous reconnaître tous pauvres. Ainsi, plus que l’avocat humain, le Paraclet a besoin de notre confiance totale, de notre remise intégrale entre ses mains, pour nous assurer une action permanente et bénéfique.

Puissions-nous, en méditant en ce jour le testament du Christ, l’intégrer sans réserve dans le concret de notre existence de tous les jours, en observant fidèlement les commandements du Seigneur et en faisant confiance à l’Esprit Saint.

Amen.