Par Franck GACOGNE

Jean 17, 1-11

Nous sommes dans l’évangile de Jean, et Jésus vient de prendre un temps très important et très long d’échange avec ses disciples à l’issue du dernier repas où il leur a lavé les pieds, cet échange se termine ainsi en se tournant vers son Père pour le prier. Après cette prière, il se rendra dans le jardin au-delà du Cédron où il sera arrêté. Voici donc cette prière, et Jésus est, pourrait-on dire, à l’heure des bilans. Le ton est celui de l’action de grâce pour l’œuvre accomplie par le Père à travers lui. Dans cette prière, on en apprend un peu plus sur ce qu’est « la gloire », et sur ce qu’est « la vie éternelle ».

La gloire tout d’abord. Rien que dans ce passage, par 5 fois, Jésus demande à être glorifié, ou bien il veut glorifier son Père et recevoir sa gloire. Jésus voudrait-il devenir une star ? Cette gloire que demande Jésus n’a rien à voir avec la fabrication éphémère de vedettes au festival de Cannes. Car cette glorification de Jésus, se manifeste de façon complète dans le don de sa vie sur la croix, et dans sa résurrection. Il ne monte pas des marches, mais vers le calvaire, il ne foule pas un tapis rouge, mais il est revêtu de pourpre, il n’est pas acclamé par la foule, mais insulté et outragé par elle. Pourtant dans la résurrection, c’est le Père qui le glorifie, c’est-à-dire qu’il atteste que par Jésus tout nous a été manifesté, tout nous a été révélé de l’amour de Dieu. La Gloire en hébreux dans la Bible, c’est ce qui a de la consistance, c’est ce qui a du poids. Eh bien si le Fils est glorifié, c’est parce que tout ce qu’il nous a manifesté a été puissant et dense, a pesé lourd pour ses disciples et pour nous aujourd’hui qui en bénéficions, il a accomplis entièrement pour nous la révélation de Dieu. Pour expliquer la gloire, On pourrait simplement dire comme les jeunes : « c’est du lourd ! » Jésus demande la gloire à son Père et même temps, il affirme qu’il la trouve auprès des siens.

Deuxième chose, l’évangile nous dit que le Fils a le désir de nous donner la vie éternelle. La « vie éternelle », voilà une autre expression que nous entendons souvent dans la liturgie et que la prière de Jésus ce matin nous aide à mieux comprendre. Souvent nous pensons qu’il s’agit d’une récompense pour les méritants, d’un héritage que Dieu peut, selon son bon vouloir, nous offrir après notre mort. Comme si c’était une autre vie après celle-ci qui pourrait démarrer pour l’éternité. Mais au chapitre 14 de St Jean, Jésus ne nous dit pas qu’il est au terme du chemin, mais qu’il est le chemin. En fait, la vie éternelle, c’est notre vie d’ici même qui est gardée, sauvegardée, sauvée pour l’éternité. A terme, elle trouvera dans le Christ et par lui un agrandissement, un accomplissement. Voici ce que dit Jésus dans sa prière rapporté par Jean : « la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ.». Autrement dit, cette vie éternelle est déjà commencée dans la mesure où nous la désirons en cherchant à connaître Jésus-Christ. Connaître Dieu en connaissant Jésus, c’est le fréquenter inlassablement dans la prière, dans la méditation de sa Parole, et dans l’engagement, le service des autres. C’est là que nous goûterons à sa vie.

Avec cette prière, la mission de Jésus semble accomplie, car ses disciples sont devenus des croyants. Tout ce que Jésus leur a donné et apporté, voilà qu’ils ont compris que cela venait du Père, il ne lui reste alors plus qu’à se retirer humblement : « Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi.» Voilà le Fils qui semble s’effacer maintenant que les disciples l’ont reconnu comme l’envoyé, afin que l’Eglise, son Eglise puisse naître animé par la force de son Esprit. Et dans cette Eglise, à nouveau, nous sommes nous aussi de ces humbles témoins du Vivant, témoin de cette Parole que nous recevons chaque jour, témoin du Christ pour ensuite lui laisser la place, toute la place, car comme les protestants aime le chanter : « A Dieu seul la gloire ». Nous voici témoin au service de la gloire de Dieu.

Dans l’attente de la Pentecôte nous sommes invités à entrer et à participer à la joie du Christ pour ses disciples qui l’ont reconnu comme l’envoyé du Père. Amen.