Par Christian PLAGNARD

Mt 11, 2-11

               « Dieu est-il décevant »

Essayons juste de nous mettre dans le contexte de l’époque, Jean-Baptiste est emprisonné entre quatre murs par Hérode Antipas, dans la forteresse redoutable et invincible, du château fort de Machéronte.
Les écritures nous disent que Jean-Baptiste a été mis en prison par crainte de faire un soulèvement contre l’envahisseur romain, et aussi pour les reproches qu’il faisait à Hérode Antipas ; Jean, Jean, pourquoi tu t’en prends a moi ! Parce que j’ai violé la Loi sur le mariage ?
De la prison Jean-Baptiste entend parler les disciples de Jésus. Mais ce que disent les disciples le met dans l’embarras. Ils annoncent l’arrivée proche du Messie. Mais l’envoyé de Dieu est présenté comme un juge qui détruira par le feu tous les pécheurs qui ne se seraient pas encore repentis.
Alors il décide d’envoyer des ambassadeurs auprès de Jésus pour lui demander:  » Es-tu Celui qui doit venir ? « .
Dans la Bible  » le Messie » signifie « Celui qui vient « 
Jean est donc très direct : « Es-tu le Messie que nous attendons ?  »
Bien sûr que oui mais Jésus ne va pas répondre directement à Jean, Il ne dit pas « je suis Celui qui qui vient »…
Pour Jean-Baptiste, le Messie arrive triomphant, un « Christ » transcendant, le Fils de l’homme annoncé par David, un peu comme pour juger tous les méchants, purifier le peuple d’Israël, et tous ses ennemis.
Et bien avant qu’arrive le temps du jugement avec la déclaration dans le livre de (Malachie 1 et 2) Dieu annonce aux Juifs que de sévères jugement vont tomber sur eux, avant que se lève le jour de l’Éternel.
Mais le temps du jugement n’est pas l’avènement du Messie, mais celui des bienfaits pour toutes les nations. Le Fils de Dieu nous montre son action bienfaisante pour les pécheurs, les malheureux et plus encore pour les pauvres.
L’avènement de Dieu sur la terre se manifeste par des geste de bonté envers les souffrants : les aveugles, les boiteux, les lépreux et les sourds, il donne des signes qu’il est bien présent parmi nous, et que son règne est commencé, et que nous ne devons pas en attendre un autre, car il est la Parole pour les pauvres, il donne la bonne nouvelle au captif, Dieu vient à nous. Nous devons faire des signes comme Jésus, Accueillir l’autre, Aimer et Sauver la vie.
Jésus se manifeste par la tendresse qu’il porte à l’humanité, et Il nous invite à grandir dans la Foi… Il nous invite à ne pas « chuter » Jésus donne un message à Jean, il lui dit :
« Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute »

Jean est invité par Jésus à faire un acte de foi en acceptant que l’idée qu’il se fait du messie est différente du chemin que lui propose Jésus.
Ils sont cousins, ils sont tous les deux imprégnés des mêmes écritures et ont peut être reçu en partie le même enseignement, et pourtant ils n’attendent pas la même chose .
Cet épisode doit nous aider à accepter les diversités de l’Église encore de nos jours, et nous encourager à retenir dans l’écriture, non pas ce qui nous fait (ou ferait) plaisir, mais le chemin d’Amour que le Seigneur nous montre.
Mais Jésus va parler de Jean-Baptiste en faisant beaucoup de compliments.
Il n’est pas un roseau ébranlé par n’importe quel vent, sous-entendu : cet homme du désert, qui ne se plie devant rien, avec sa ferme attitude qui lui a valu la prison, cet homme habillé de peaux de bête, c’est un prophète « et bien plus qu’un prophète » nous dit Jésus.
Jean-Baptiste est le fer de l’épée, il est manifestement le plus grand de tous, mais Jésus nous dit aussi, « cependant, le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui ».
Jésus veut nous dire à travers ce verset, que l’homme le plus saint, qui vit avec ses faiblesses, et ses limites est d’ordre naturel, mais le Royaume de Dieu, est éternel, donc d’ordre surnaturel, le naturel et le surnaturel ne s’opposent pas, mais s’articule, le second trouve son sens dans le premier et vis vers ça.
Mais Jean à tort – en attendant le Dieu justicier, il est encore bien loin de la réalité, la réalité est ce nouveau-né, couché dans la crèche, ce rejeté, mis à l’écart, réfugier dans une grotte. Jean attendait un chef de guerre pour chasser l’envahisseur Hérode, et tout les romains, mais Dieu va chasser le mal avec les armes de l’Amour et de la Vérité.
Bien sûr que nous aussi parfois nous sommes comme Jean-Baptiste !
A supplier Dieu, pour qu’il balaye d’abord nos problèmes d’ici-bas. Tout le monde a déjà entendu dire :
 » Si Dieu existait, il ne permettrait toutes ces injustices… tout ce mal..  »
Et nous dans nos périodes de doute, et même de découragement, quand les choses ne vont pas comme on veut, nous pouvons murmurer :
« Es-tu bien, Seigneur, Celui qui doit venir ? »
Alors Jésus plein de tendresse et de miséricorde : nous regarde et nous répond comme à Jean, “ fais-moi confiance, suis moi, laisse-toi faire. Viens avec moi, et Je te donnerai la Vie. Crois que Je suis le Messie, et tu seras sauvé ! “
Amen