Par Amos BAMAL

Mt 3, 1-12

                 « Convertissez-vous, car le Royaume des cieux est tout proche »

                Sœurs et frères, en suivant la voix du prophète Isaïe dans la première lecture et celle de Jean Baptiste dans l’évangile qui nous interpellent en ce 2ème dimanche de l’Avent, l’enjeu pour chacun d’entre nous, est d’ouvrir franchement et généreusement son cœur à la vie nouvelle que le Messie vient instaurer. Au prime abord, le Messie que nous attendons va promouvoir un monde de justice et de paix. A l’encontre d’une humanité repliée sur elle-même et nourrie d’égoïsme et d’injustice, le Messie va conduire ses frères les hommes « à la connaissance de Dieu », en leur apprenant une nouvelle manière de vivre ensemble. Isaïe présente une peinture frappante des temps messianiques, temps de réconciliation des entités contraires : « le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau…la vache et l’ours auront même pâturage…le lion comme le bœuf, mangera du fourrage… sur le trou de la vipère l’enfant étendra la main… ».

                Autant d’images retenues par le prophète pour nous aider à comprendre le style de vie nouveau que le Messie va mettre peu à peu en place en vivant parmi nous. Nous convertir en ce temps de l’Avent, c’est donc nous décider à tuer la vipère, le léopard ou le lion qui habite en nous ; c’est également nous entraîner à développer des relations plus fraternelles les uns avec les autres. Au-delà des attitudes et des comportements revus et corrigés qui doivent ponctuer désormais notre vie, la conversion à laquelle nous sommes particulièrement conviés en ce temps de l’Avent, consiste à accueillir l’Esprit que le Messie va répandre sur tous les hommes et femmes. En acceptant de nous exposer au feu purificateur de l’Esprit, il va brûler les œuvres mortes en nous et nous rendre capables de produire des fruits de paix, de justice, de vérité et d’amour.

                Telle est la conversion prônée par Jean-Baptiste dans l’évangile de ce jour, pour nous préparer à rencontrer le Messie avec bonheur et profit. Cet appel pressant à la conversion est au centre de sa prédication au désert de Judée, et son unique raison d’être et de vivre. Il prêche aussi bien en paroles qu’en son mode de vie dépouillée de tout ce qui peut constituer un obstacle au message qu’il a la mission de transmettre.

                Parmi les gens qui accourent chez Jean pour recevoir le baptême de conversion, Luc signale la présence de deux groupes illustres : les pharisiens et les sadducéens. Il n’y avait pas de juifs plus pratiquants que les membres de ces deux groupes religieux. Pourtant, c’est à eux que Jean réserve ses critiques les plus acerbes. On serait d’ailleurs tenté de penser qu’il en voulait particulièrement à ces juifs reconnus officiellement pratiquants. Non, à eux comme à nous tous, le message du prophète vise à nous purifier de la fausse illusion selon laquelle il suffit d’être de la race d’Abraham ou d’être baptisé pour être sauvé. Si nous ne sommes pas dociles à la volonté de Dieu, nous pourrons être désagréablement surpris. Appartenir à une famille chrétienne, être fidèles à toutes les célébrations liturgiques, ne vaut rien sans un profond désir de conversion.

                Jean-Baptiste est le précurseur du Messie et il se limite à jouer essentiellement son rôle sans ravir la vedette au Messie dont il présente d’ailleurs la supériorité du baptême par rapport au sien. Il n’y a donc pas de confusion à faire entre le messager et le Messie lui-même. Comme Jean-Baptiste nous pouvons, et même nous avons le devoir d’être des précurseurs de Jésus pour nos frères et sœurs dans nos différents milieux de vie. Notre manière d’être et d’agir doit être un signe annonciateur de la proximité de Dieu envers les hommes.

                « Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route ! ». Par cette parole Jean-Baptiste annonce le projet de Dieu de venir à notre rencontre. Comme un bon ingénieur de génie civil, il évoque les ravins à combler, les montagnes à aplanir, les virages dangereux à redresser, les dos d’âne et les nids de poule à réparer. Une manière imagée et fort suggestive de dire, hier comme aujourd’hui, que l’accueil du Seigneur venant à notre rencontre ne peut se faire sans travaux de déblaiement, de redressement et d’ouverture…Cette route est un chemin de conversion, de transfiguration du paysage intérieur à remodeler pour qu’il devienne terre d’accueil pour le Messie et pour les autres.

                Sœurs et frères, Noël c’est bientôt. Les commerces, les entreprises, les restaurants, les discothèques s’y préparent à leur manière. Il est important pour les chrétiens de se préparer spirituellement à vivre cette fête avec toute l’intensité que l’événement requiert. Dans le tourbillon des préparatifs, des achats, des cadeaux, n’oublions pas que la meilleure préparation est intérieure. Il nous appartient donc en ce temps de grâce de voir ce qui nous alourdis, nous endors et encombre le chemin par lequel le Seigneur vient à notre rencontre.

                                                       Amen.