par Père Lys Mokoko

Marc 12, 38-44

L’essentiel c’est le cœur et la vérité des gestes que l’on pose

          Mes frères et sœurs,

Jésus est venu sur cette terre pour sauver le genre humain des chemins de perdition et de confusionEn ce dimanche, Jésus honore la foi et la dynamique intérieure qui oriente le geste et le don d’une veuve : « Cette pauvre veuve a mis dans le trésor plus que tous les autres ». Dans le contexte socio-religieux de l’époque de Jésus, les veuves formaient une catégorie sociale des défavorisées, des femmes dépourvues de sécurité et de considération sociale, elles étaient mises hors-circuit social, victime d’une société fondamentalement injuste. C’est dans le contexte où les scribes et pharisiens furent bourrés d’orgueil et que les riches de l’époque exhibaient leur immense fortune au temple que Jésus stigmatise leur religiosité erronée et auto-référée pour construire un nouveau chemin de foi et de charité. Il ne s’agit pas ici d’une morale d’abord, mais l’appel à prendre à nouveau chemin d’espérance, de charité et de foi. L’histoire et l’itinéraire de cette veuve sont très édifiants et éclairants pour nous aujourd’hui. Il s’agit d’une pauvre veuve, femme de misère, elle va déposer sa ‘’fortune’’ pour l’amour de Dieu et du temple, et personne ne la regarde, personne ne tient compte de son geste. Tout se passe dans l’anonymat total, sauf Jésus qui se montre attentif à son geste si simple aux yeux des hommes et grand aux yeux de Dieu, car elle a donné et vidé tout ce qu’elle avait pour vivre. De l’autre côté, les scribes et pharisiens, se vautraient dans l’apparaitre, le m’as-tu vu pour être appréciés du monde, contre toute attente, notre Eglise et nos sociétés sont remplies des sosies des pharisiens, des scribes et riches pour ce monde, malheureusement, l’Eglise et la société d’aujourd’hui ne semblent pas manquer des scribes et pharisiens, ceux dont la religiosité est tordue, erronée, spectaculaire, et enrôlée dans la recherche confuse du valoir et du paraitre, péchant par orgueil. Mais à l’instar de la veuve de Sarepta devant le prophète Elysée, cette veuve a tout donné, non pas seulement de l’argent, mais elle a donné toute sa personne, tout son être, et c’est de là qu’un nouveau chemin de vie s’ouvre pour elles. Elles ont tellement tout donné qu’il n’y a plus de différence entre leur offrande et leur propre vie, car c’est leur vie entière qui a été livrée dans ces dons. Leur générosité a été totale et hautement inspiratrice pour tous ceux qui sont en Jésus aujourd’hui. Et nous, lorsque nous donnons à l’Eglise et à la société que donnons-nous exactement : le superflu comme les riches de l’Evangile ou le don de nous-mêmes ? Il y a souvent trois manières de donner : on peut donner pour s’attendre à un avantage ou des honneurs ; on peut donner pour se débarrasser d’un quémandeur ; et on peut donner en se donnant soi-même sans rien à tendre au retour. Lorsque mon offrande devient le lieu de donation de moi-même, cela crée une réalité nouvelle et un monde d’amour vrai et par conséquent, notre humilité dans la manière de donner, d’aider, d’accueillir est une noble participation à l’édification du royaume sur cette terre, car se donner soi-même dans une offrande a une valeur éternelle. Jésus montre à travers l’éloge qu’il fait à cette veuve, que ce qui compte dans notre vie, ce sont des gestes simples, rien ne sert de poser les gestes pour étaler notre puissance matérielle, ce qui compte, c’est le cœur et la vérité des gestes que l’on pose. Notre Dieu regarde le cœur et l’être qui donne et non la main qui donne. Parfois, en donnant, nous avons l’impression de perdre et même de se perdre, mais donner avec cœur, c’est toujours gagner en Dieu et en humanité. La générosité du spectacle n’humanise pas, elle nous déshumanise ainsi que ceux qui attendent ce don ou ce geste de partage, une simple générosité humanise celui qui pose le geste et ceux qui sont bénéficiaires de son geste. Le baromètre de notre générosité, c’est l’élan et la vérité de notre cœur et non le regard des autres, car la vraie richesse, est la vie que nous portons et donnons aux autres. Les gestes simples posés avec amour deviennent sacrés devant Dieu (Mère Theresa). Il est temps de Vivre sous le regard de Dieu et non celui des autres. Demandons un cœur pauvre, mais riche en générosité évangélique, passons d’une foi basée sur les apparences à une foi basée sur la réalité, celle qui nous fait sortir de l’esclavage de la vanité, de la suffisance, de l’orgueil, de la superficialité pour l’humilité de l’esprit et de l’agir ainsi que la pureté de nos prières. Amen

Que Dieu vous bénisse richement