par Père Lys Mokoko

Matthieu 5, 1-12

La possible sainteté

Mes biens aimés dans le Seigneur,

C’est la solennité de la Toussaint, une fête que nous considérons avec raison comme la fête des élus du ciel, la fête de tous ceux qui sont marqués du sceau de l’amour de Dieu comme le livre de l’Apocalypse le révèle admirablement « j’ai vu une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le trône et devant l’agneau, vêtus de blancs, avec des palmes à la main… ». A travers ce que dit Saint Jean, nous saisissons fort bien qu’avec la fête de la Toussaint, nous célébrons ce que nous sommes appelés à devenir, nous savons réellement ce que nous sommes c’est-à-dire citoyens des cieux. Cependant, il est aussi important de noter que la Toussaint n’est pas seulement la fête des élus du ciel, mais la fête de nous tous, car la sainteté est notre commune vocation. Très souvent nous avons une conception et une vision purement futuriste de la sainteté, très souvent nous pensons que la sainteté appelle la perfection morale, très souvent nous pensons que la sainteté est l’opposé du péché si bien qu’il nous arrive de dire « vu mes nombreux péchés, mes manquements, mes égarements » la sainteté n’est pas mon affaire. Cette fête est donc l’occasion tout indiquée de sortir de nos conceptions erronées sur la sainteté, car croire que Dieu se sert uniquement des parfaits pour réaliser son œuvre est une erreur monumentale qu’il faille corriger. La sainteté n’est pas une affaire de perfection morale, de pureté, mais c’est être heureux en Dieu et rendre les autres heureux. Autre erreur à corriger, nous pensons souvent que lorsqu’on parle des Saints, il ne s’agit que de ceux que l’Eglise a canonisé oublions que ceux que nous appelons saints étaient aussi faits d’argile et donc pécheurs comme nous : Sainte Marie madeleine qui trouva grâce aux yeux de Jésus fut prostituée, Saint Pierre à qui Jésus remet les clés de son Eglise avait renié son maitre, Saint Paul a massacré les chrétiens de son temps et tous les autres saints que nous connaissons ont pataugé parfois dans le mensonge, le vol et l’injustice. Ce qui a fait de ces  femmes et hommes des Saints c’est leur constante volonté à se déconnecter du mal pour se reconnecter à Jésus, source de toute grâce. Cette fête nous invite à ne pas venter nos péchés pour dire que nous sommes inaptes à la sainteté, tous les saints ont été des pécheurs, tous nous sommes fabriqués avec la même argile, mais Dieu se sert de cet argile pour sauver le monde, car nous portons tous un trésor dans nos vases d’argile. Dieu habite dans l’Homme et non dans le surhomme, nous et les Saints canonisés nous sommes faits de la même pate et tous nous sommes dans le corps mystique du Christ : les Saints canonisés ont eu le don de la vie, nous aussi, ils ont reçu le baptême, nous aussi, ils communiaient au corps du Christ, nous aussi, ils écoutaient la parole, nous aussi, ils ont usé de leur talents et charismes pour servir le monde, nous aussi. Leur secret est lié au fait qu’ils cherchaient au quotidien à coïncider leur bonne volonté avec la force de Dieu, ils s’efforçaient à vivre pour Dieu et le salut des autres. On voit bien que la sainteté n’est pas d’abord liée à notre caractère, à notre tempérament, ni aux conditions favorables, elle est appartenance profonde à Jésus. Donc, à partir de l’évangile des béatitudes, nous comprenons simplement qu’un saint est celui qui pleure face à la souffrance de tant de personnes, le saint est celui qui partage le peu que le Seigneur a mis dans ses mains, le saint est celui qui désamorce les foyers de violence, le saint est en guerre contre l’injustice, le saint chante la paix et l’amour, il fait tout comme Jésus pour devenir témoin et sentinelle de Dieu, être saint c’est parfumer son intériorité et son environnement de la puissance de l’amour du Christ, être saint c’est rendre heureux sa femme, son mari, ses enfants, ses amis, les pauvres et inconnus. La sainteté commence non pas avec l’évaluation et le chapelet de nos péchés, mais avec  l’observation attentive de la vie de Jésus (ses gestes, ses paroles, sa manière de faire et d’être). Une riche parole du Pape François dit : « chaque jour qui passe, construis ta manière d’être saint au-delà de ce que disent les gens. Et être saint ce n’est pas faire la photocopie de la vie des autres, parce que tu as quelque chose de particulier a donné à ce monde ». La sainteté est de l’ordre du possible. Que le Dieu des saints nous bénisse en ce jour. Amen

Bonne fête aux saints connus et inconnus