Matthieu, 2, 1-12

Par René BEAUQUIS

Dans le mot épiphanie, est désignée l’action de faire paraitre, d’amener à la lumière, il s’agit de révéler une réalité qui était déjà là mais cachée. Les mages révèlent que l’enfant de Bethléem, tout enfant qu’il soit, est le roi, le Messie attendu.

Lors de son baptême par Jean-Baptiste, ce sera la voix du Père qui révèlera que Jésus est son Fils bien-aimé. A Cana, Jésus, avant son « heure, » manifeste sa gloire ; mais l’heure de la totale révélation sera celle de la Pâque où Jésus, en ressuscitant, manifestera sa victoire sur le mal.

Parmi les épiphanies, il y a aussi la transfiguration où Dieu désigne Jésus comme son Fils.

Mais ces épiphanies sont différentes de celle que nous fêtons aujourd’hui car les révélations sont faites soit par Dieu le Père ou par Jésus lui-même. Avec les mages, il n’y a pas d’intervention directe de Dieu, Jésus encore enfant est incapable de parler. Tout se passe entre les astrologues et l’univers qu’ils savent scruter. Cela nous laisse à penser que la gloire de Jésus qui se manifesta dans sa vie et sa mort est inscrite dans la nature, cachée depuis le commencement du monde.

L’évangile ne nous dit pas comment ces mages ont compris que la nouvelle étoile qu’ils ont découverte était le signe de la naissance du roi des juifs. Cela signifie que ce qui se passe dans la nature peut acheminer les hommes vers la vérité, une vérité qui achèvera de se révéler dans et par le Christ.

La bible, en nous disant que  » les cieux racontent la gloire de Dieu et que le firmament fait connaitre l’œuvre de ses mains » nous signifie que Dieu se révèle aussi par sa création. La bible nous laisse même entendre que la révélation de Dieu est antérieure et sous-jacente à ce que nous dévoile les prophètes d’Israël.

A partir de l’histoire de ces mages, nous sommes invités à découvrir que tout homme, de toute culture, race, religion ou statut social reçoit une révélation de Dieu à travers le livre sans parole de la création. Si celle-ci ne nous prouve pas l’existence de Dieu, elle nous pousse à y croire.

De plus, la visite des mages nous fait comprendre que la rencontre du Christ n’est pas réservée à Israël, même si c’est par ce peuple que nous est parvenue la découverte de « Dieu avec nous ».

En effet, c’est Hérode et les scribes d’Israël qui révélèrent aux mages, représentants des païens, l’endroit de la naissance de Jésus. Ils révèlent, mais ne prennent pas la route vers le lieu de Bethléem parce qu’il est inconcevable pour eux que le Messie soit de nature humaine et ne se manifeste pas avec puissance et gloire à Jérusalem.

La connaissance de Dieu ne vient donc pas uniquement de la Révélation, Dieu est dans tout ce qui existe ; tout l’univers nous parle de Lui. Les mages semblent l’avoir bien compris puisque c’est avec des éléments de la création : de l’or de l’encens et de la myrrhe qu’ils viennent  présenter leur hommage à leur auteur.

Que faut-il retenir de cette fête de l’Epiphanie ? Les mages sont les avant-coureurs des chercheurs de Dieu. Ils nous invitent à être nous-mêmes attentifs aux humbles et discrètes épiphanies, c’est à dire aux manifestations de Dieu dans nos vies, à ce que nous appelons « ses clins d’œil ».

Il faut aussi souligner cette volonté de Dieu de se révéler en priorité à des pauvres. Les bergers qui étaient classés « voleurs et sales » sont les premiers à bénéficier de la révélation, puis viennent les mages qui sont des étrangers, c’est à dire des païens, des personnes à fuir pour les juifs. Ils sont les premiers adorateurs de l’Emmanuel.

Ils représentent toutes les nations païennes et les assurent qu’elles ont accès au salut. Ces païens se sont déjà mis en route ; au jour de Pentecôte ils seront là à découvrir leur foi en Jésus.

Portons dans nos prières ceux qui ne connaissent pas encore le Christ. Sachons que la plus belle façon de donner l’envie de croire à un incroyant est de témoigner de notre joie de vivre en tant que fils ou fille de Dieu et de nous aimer en frères et sœurs que nous sommes en Jésus-Christ. C’est le souhait que nous pouvons nous offrir les uns aux autres pour la nouvelle année que nous venons de commencer.