Par Eric de NATTES

Luc, 1, 26-38

Annonciation

Nous voici à quelques jours de fêter la naissance du Verbe de Vie en notre humanité. Fragile, menacé, mais veillé par un homme et une femme, inquiets et émerveillés du don qui leur est fait. Le signe de Noël !

Nous pouvons relire nos quatre dimanches de l’Avent comme un condensé de l’incroyable histoire de la lente émergence au sein d’un peuple particulier – Israël – puis de l’humanité, de la conscience que la Vie s’adresse à nous, qu’elle nous parle et nous ouvre un chemin. Qu’il nous faut en écouter les promesses, les hauts-faits, la Parole qui a inspiré les mots de tant d’hommes et de femmes : prophètes. Comment ‘’Dieu’’ s’est dégagé lentement des idoles de la domination, de la violence, de la peur, pour advenir peu à peu à la plénitude de sa puissance de création, de régénération de la vie, de pardon et d’amour. Comment, du lointain des hautes montagnes ou des signes cosmiques terrifiants, Dieu s’est approché de nous jusqu’à se faire l’un de nous et parler au cœur de chacun. « L’amour du Seigneur, sans fin je le chante, disait le psaume ! »

Et, dans cette Histoire Sainte qui se poursuit, nous voici, nous, le peuple immense de celles et ceux qui poursuivent l’aventure de la quête de Dieu, de son écoute.

Cette histoire, collective, nous pouvons aussi la lire comme la quête spirituelle, intérieure, proposée à tout homme, à toute femme qui voudra se lancer dans l’aventure. Et cette lecture n’est pas incompatible avec la première.

Isaïe, prophète entre tous de l’Avent, nous a montré ce qu’était l’espérance. Pas une illusion pour se rassurer à bon compte. La promesse que la vie porte en elle. Et fort de cette espérance, ne plus mesurer le temps à l’aune de sa propre existence, égoïstement, mais entrer dans la confiance et travailler aujourd’hui au monde que j’espère. En parler pour que d’autres adhèrent, et ensemble l’édifier, ce monde.

Avec Jean-Baptiste : la voix qui rend droit le chemin pour entendre et écouter la Parole, celle qui va redresser, pardonner, faire vivre. Mais il faut faire la vérité, (confession du péché) pour que cela advienne en chacun. Démarche personnelle. Ils viennent au désert vivre bien plus qu’un rite, une vraie démarche de transformation : une conversion. Jean-Baptiste est le témoin de la lumière.

Avec Marie aujourd’hui, on est désormais dans l’intériorité : Plus de demeures extérieures, somptueuses ou dépouillées, pour impressionner ou attirer. Nous venons d’écouter Samuel. Quelle demeure pourrait bien édifier l’homme pour Celui qui a l’univers comme jardin ? La jeune fille de Sion. C’est toi, c’est chacun désormais, le temple du Verbe qui veut naître. Tes entrailles d’homme, de femme, ton coeur qui bat. La présence, la Parole qui doit jaillir et te parler, elle est en toi, inutile d’aller la chercher à l’autre bout du monde. Ou alors, si tu te mets en marche, si tu fais un pèlerinage, c’est pour mieux entrer en toi, te déplacer en toi pour aller là où tu vas enfin écouter ce que la vie en toi veut te dire. Comme la Samaritaine allée au puits.

Cette Parole s’est fait entendre à Nazareth nous dit le récit : là où rien de bon ne pouvait se passer (pas à Jérusalem, le centre supposé, ni à Rome, le lieu du pouvoir). Car le centre est désormais partout : il en toi comme il est en moi, à Bron comme à Jérusalem. cette Parole parle désormais au cœur, aux entrailles, elle prend vie en toi, elle se fait chair. Ce qui prend vie est si fragile, mais c’est la Vie elle-même qui prend vie en nous. Celle que nous devons préserver et non pas la mépriser. Cela demande une vie intérieure.

Il me semble que nous avons là les étapes d’une authentique vie spirituelle : nous mettre à l’écoute de l’espérance qui est en nous et comprendre ce qu’elle suscite et les choix qu’elle nous invite à faire. Écouter la voix, les voix de celles et ceux qui nous invitent à un chemin intérieur de vérité et de liberté pour rendre droit ce qui est tordu et aplanir ce qui empêche de nous mettre à l’écoute de la Parole qui est nous et plus grande que nous. Alors nous devenons témoins de la lumière, de la vie.

Marie écoute ce qui parle en elle, elle interroge, et ce qui parle prend chair en elle, se fait vie en elle puis autour d’elle. N’est-ce pas le chemin de vie qui nous est proposé par le Verbe éternel ?

Bonnes fêtes de Noël à vous tous frères et sœurs !