Par Jean-Claude SERVANTON

Luc 12, 49-53

« Je suis venu apporter un feu sur la terre… » Quel feu? Ce passage de l’évangile selon saint Luc n’a pas fini de nous surprendre. Quand Dieu parle ce n’est pas pour confirmer nos idées. Cette parole de feu est à accueillir, à proclamer. Elle met le feu, elle rend nos cœurs brûlants et nous met en route pour en témoigner.

Quel feu Jésus est-il venu apporter, allumer sur la terre? J’ai pensé au feu du buisson ardent, ce feu qui brûle le buisson sans le consumer. Pour Moïse ce feu vaut le détour. Oui la Parole de Dieu vaut le détour. Ce feu indique à Moïse une présence, c’est du feu que Dieu se révèle, qu’il dit qui il est. La terre qui entoure ce feu est sacrée. Moïse doit ôter ses sandales. De ce feu naît l’appel à une délivrance. Dieu a vu la misère de son peuple en Egypte. Peut-être avez-vous appris cet épisode de la vie de Moïse dans ce livre que nous appelions l’Histoire Sainte. Mais pour nous chrétien ce n’est pas qu’un épisode d’un lointain passé. Le Christ lui donne une nouvelle actualité. Il est lui-même le feu qu’il est venu apporter sur la terre. Le feu est comme le phare balayant l’ombre menaçante des rochers. Aujourd’hui les menaces sont nombreuses: dérèglement climatique, guerre, émigration, pauvreté. Nous croyons qu’il y a un feu qui réchauffe et éclaire…la parole de Jésus… et non seulement sa parole mais toute sa vie. Ne le voyons-nous pas ce feu? Mais il brûle sur la croix. Oui c’est là que le feu de l’amour de Dieu a brillé, alors que le mal semblait l’emporter. Quel regard portons-nous sur la croix? La fin d’une vie souffrante, la mort d’un homme? ou la victoire de l’amour, un feu qui ne s’éteint pas.

Dans ce passage surprenant de l’évangile de Luc, Jésus poursuit:  » Je dois recevoir un baptême. » et vraisemblablement il parle de sa mort. Le baptême évoque l’eau… le feu et l’eau dans la même annonce. Nous pouvons revenir au buisson ardent. Moïse reçoit l’ordre de libérer son peuple. Il va le guider à travers les eaux de la Mer rouge. Jésus sur la croix allume le feu ardent de l’amour de Dieu et il passe par la mort pour ressusciter, c’est un baptême… Le passage par la mort pour renaître est comme un baptême, un plongeon dans la mort, une descente aux enfers pour en ressortir vivant. Rappelez-vous dans la liturgie de la nuit de Pâques, nous allons du feu nouveau à la célébration des baptêmes. Jésus n’a pas allumé un feu pour que les eaux qui agitent la souffrance et le désespoir le recouvrent. Il est passé par l’agonie, la mort et le feu ne s’est pas éteint. A Pentecôte ce sont des langues de feu qui descendent sur les apôtres. Sur le chemin d’Emmaüs les disciples, le cœur blessé par le désespoir, à la parole de Jésus leurs cœurs deviennent tout brûlants. Le feu de l’amour divin ne s’est pas éteint.

D’habitude le feu et l’eau sont ennemis. C’est avec l’eau que l’on combat le feu. Dans la Bible, dans l’évangile, dans la liturgie de Pâques, l’un et l’autre s’unissent pour nous révéler la victoire de la vie. Durant cette révélation, les hommes, les membres d’une même famille se divisent, ceux qui y voient et ceux qui n’y voient pas… Le feu brille, l’eau coule… Nous en sommes témoins.