Par René BEAUQUIS

Luc 12, 32-48

Peut-être que certains d’entre vous ont vu à la télévision lors des célébrations de l’anniversaire des 75 ans du débarquement en Normandie au mois de juin cette rencontre émouvante entre cet américain, maintenant âgé et en fauteuil roulant qui avait participé au débarquement et une dame de la région normande encore bien vaillante malgré son âge avancé. Durant le stationnement de son régiment en Normandie en juin 1944, ils avaient eu l’occasion de faire connaissance et de lier des liens amoureux. Parti brusquement avec sa troupe, ils s’étaient perdus de vue. Sans doute aidés par des proches, ils se sont retrouvés cette année. Il y avait quelque chose de beau et d’émouvant à voir ces deux personnes âgées retrouver des mots et des gestes de tendresse pour exprimer leur amour de jeunesse.

Voilà un amour qui a résisté à l’épreuve du temps. Nous reconnaissons que l’amour pour qu’il soit vrai, doit être un amour fidèle. La fidélité est la condition indispensable pour que l’amour puisse non seulement persister mais grandir et épanouir les personnes qui le vivent.

Reconnaissons que notre époque est marquée par l’instabilité et l’infidélité dans tous les domaines et, cette situation est cause de bien de souffrances.
Les lectures de ce dimanche veulent nous aider à grandir en fidélité.

Dans la bible Dieu fait preuve d’une fidélité immuable tandis que les hommes ne cessent d’être infidèles. Aussi Dieu nous envoie-t-il son Fils. La fidélité de Jésus à la volonté de son Père le conduira à nous donner sa vie pour que nous partagions sa filiation.

En nous partageant sa vie de fils de Dieu, Jésus nous partage aussi sa fidélité à l’amour de son Père. En Jésus, Dieu nous dit que son alliance d’amour avec nous est éternelle. En épousant notre humanité, Jésus a établi avec elle des liens que rien ne peut rompre, et Jésus ressuscité reste éternellement avec nous pour nous partager sa vie et son amour.

« Comme le Père m’a aimé, moi aussi, je vous ai aimés, demeurez dans mon amour. » Cette déclaration d’amour, Jésus nous la redit aujourd’hui d’une autre manière car il veut nous inviter à tout faire pour que nous restions fidèles à son amour. Il nous dit ceci:  » restez en tenue de service, vos lampes allumées, Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour de noces. »

Nous sommes invités à la vigilance. Devons-nous être vigilants par crainte de le rencontrer plutôt que prévu à cause d’un accident ? Non, nous ne devons pas craindre de rencontrer Celui qui est tout Amour et dont la Miséricorde couvre la multitude de nos péchés.

Mais nous devons craindre de ne plus le reconnaitre parce que, par manque d’amour, nous l’aurons perdu de vue. C’est ce qui malheureusement se passe dans beaucoup de couples aujourd’hui. N’ayant pas su garder vivante la flamme de leur amour en se rendant mutuellement service, les époux ne se reconnaissent plus comme époux et se séparent.

« Là où est ton trésor, là est ton cœur. » L’important est que Jésus soit notre trésor. Mais ne croyons pas que Jésus soit un trésor facile, Il n’est pas un tranquillisant. Il veut s’investir en nous, nous faire entrer dans ses vues de serviteur de nos frères et sœurs pour qu’en nous il continue de manifester au monde l’amour de son Père.

Revêtir la tenue de service, c’est travailler au monde nouveau que Dieu nous invite de construire de nos mains, un monde de justice et de paix. Dans ce monde-là, ce n’est pas d’abord ce que nous possédons qui compte, mais ce que nous sommes au plus profond de nous-mêmes, c’est à dire des membres vivants du Corps du Christ qu’est son Eglise. Comme dans le couple humain, ce qui fait la force et la vie de l’Eglise est encore et toujours l’amour, celui que le Christ brûle de nous partager à chaque eucharistie.

Si cela est la foi qui nous habite, que pouvons-nous craindre ? Rien du côté de Dieu et il nous le redit au tout début de l’évangile de ce jour: » Sois sans crainte, petit troupeau ; votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. »