Par Franck GACOGNE

Philippiens 4, 6-9

Ce WE, j’avais envie de faire un rapprochement entre ce que dit St Paul dans cet extrait de sa lettre aux philippiens, et ce que j’ai entendu avec 80 autres confrères prêtres de Lyon à Rome cette semaine. Paul prends soin de ses frères et de la communauté qu’il a laissé, et il leur adresse deux conseils, deux souhaits qui ont un seul et même but : recevoir et être dans la paix de Dieu.

La première recommandation de Paul c’est de prendre Dieu comme ami, non pas dans un réseau virtuel, mais comme celui qui me connaît, qui me respecte et qui me fait grandir. Et pour cela, Paul nous invite à confier à Dieu les situations qui nous tourmentent, à lui présenter nos demandes : « en toute circonstance, priez et suppliez, tout en rendant grâce, pour faire connaître à Dieu vos demandes. » Paul nous demande d’observer ceux qui nous entourent quotidiennement pour lui confier nos inquiétudes, nos attentes, nos espérances à leur égard. Paul nous dit que vouloir ainsi associer Dieu à notre quotidien pour qu’il devienne aussi le sien nous procure un apaisement qui surpasse toute inquiétude. Je rapproche cela de ce que le pape François nous a dit jeudi : combien il est essentiel pour lui d’avoir un regard attentif qui considère l’autre pour ce qu’il est : une personne infiniment aimée de Dieu, parce que c’est cela qui est premier et qui intéresse Dieu. Alors que bien souvent, nous as dit François, nous voyons d’abord en elle une personne avec tel ou tel métier, tel ou tel travers, tel ou tel situation de vie qui peut nous déplaire.

Eh bien non, cette dignité d’être enfant de Dieu, d’être une personne unique à ses yeux, elle est spécialement manifestée le jour du baptême, cette dignité est inaltérable et absolument rien dans notre vie ne peut dégrader cette relation à Dieu et la place que chacun peut avoir en Eglise, mais il est vrai qu’il faut parfois du temps et un vrai chemin pour la retrouver. Voilà pourquoi Paul nous demande d’être attentifs tous ceux qui sont en chemin, d’écouter leur appel et de le porter à Dieu dans la prière.

Mais cela ne suffit pas, il y a une deuxième recommandation de Paul dans cet extrait, c’est de mettre en pratique dans notre vie « ce qui est vrai et noble, ce qui est juste et pur ». Autrement dit Paul affirme que ceux qui sont le plus à même de mettre en œuvre ce que nous demandons à Dieu, c’est nous-mêmes pour qu’alors, il soit le Dieu de la paix avec nous. Si on a parfois le sentiment d’être en paix, c’est en générale parce que nous-mêmes ou d’autres ont largement travaillé et dépensé d’énergie à la bâtir, à la construire, à la mettre en œuvre.

Ces deux recommandations de Paul : demander à Dieu et mettre en pratique nous indique comment faire grandir notre relation à Dieu. Si je ne suis que dans la demande et la prière, non seulement je me défile, mais je prends aussi Dieu pour un magicien. Si je ne suis que dans la mise en pratique je risque d’en oublier la source et de ne plus savoir d’où vient ce que je veux mettre en œuvre et pourquoi. Voilà pourquoi le pape François nous a également invité cette semaine à nous situer sur ces différents pôles : celui de la prière et de l’attachement au Christ, et celui de la fraternité et de sa mise en œuvre concrète autour de nous, alors « le Dieu de la paix sera avec vous ».