Par Amos BAMAL

Jean 11, 3-45

Jésus, notre vie et notre résurrection.

Le récit de la résurrection de Lazare présenté par l’évangile de ce dimanche est le dernier signe de Jésus avant sa passion, et l’occasion immédiate de son arrestation. Le procès juif de Jésus qui a débuté après la guérison du paralytique est quasiment achevé. La sentence est prononcée. Il ne restera plus qu’à la faire entériner et exécuter par les autorités romaines.

Devant la maladie de leur frère Lazare, Marthe et Marie recourent à Jésus parce que convaincues qu’il est capable de guérir leur frère, son ami qu’il aimait. Cependant, Jésus ne se rend pas immédiatement au chevet du malade. Il attend encore quelques jours et n’y va que lorsque Lazare est mort, afin que l’acte qu’il va poser soit l’occasion d’amener les gens à croire en lui. Jésus agit toujours en son temps, au bon moment et pour nous donner ce qu’il y a de meilleur. De plus il n’agit jamais pour nous impressionner, encore moins pour nous démontrer sa force et sa puissance, mais bien pour nous conduire à la foi.

Arrivé à Béthanie, Jésus va rencontrer l’une après l’autre Marthe et Marie. Les deux sœurs personnifient deux attitudes possibles face à l’épreuve de la mort. Marthe exprime d’abord un regret devant Jésus : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort… ». Mais elle ajoute aussitôt : « Maintenant encore, je le sais, tout ce que tu demanderas à Dieu, il te l’accordera ». Elle insinue par-là que, même maintenant, si Jésus le voulait, un miracle est encore possible, car elle a la conviction que Dieu ne peut rien refuser à son Fils. Toutefois, lorsque Jésus lui répond que son frère ressuscitera, elle interprète cela au futur. Elle passera néanmoins du « savoir » au « croire », de la connaissance purement intellectuelle à la foi : « oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu… ».

Contrairement à Marthe, Marie quant à elle reste dans l’amertume. Elle semble totalement dominée par le deuil. Elle ne se déplace que tardivement pour rejoindre Jésus et ne fait que déplorer son absence lors de la maladie de Lazare. Pour elle Jésus vient trop tard, il n’y a plus rien à faire. La fatalité de la mort s’impose et son excès de pleurs l’empêche d’accueillir en Jésus le révélateur de Dieu.

Le trouble et les pleurs de Jésus montrent de manière particulière son humanité. Il partage réellement la fragilité humaine, particulièrement face à la douleur et face à la mort. Nous sommes vraiment au seuil du mystère le plus étrange et le plus douloureux de la vie, le mystère de la mort. Pourquoi la mort ? Pourquoi doit-elle tôt ou tard briser nos relations les plus chères ? Pourquoi tant de larmes, de tristesses et de douleurs ? Pourquoi la mort véritable et toutes ces petites morts, souffrances multiformes dues aux échecs qui étreignent comme la pierre qui enferme dans le tombeau ? Mais, éclairée par la parole d’espérance dite à Marthe et celle qui va sortir Lazare du tombeau, cette douleur cesse d’être accablement pour devenir lieu d’espérance et de vie. Ainsi, même dans la douleur, la souffrance ou la révolte, la foi assure la manifestation de la gloire de Dieu. Lorsque Jésus arrive à Béthanie, Lazare a déjà mis quatre jours au tombeau sans espoir de retour à la vie. Jésus ressuscite Lazare, et lorsque ce dernier sort du tombeau, il est lié, un peu comme s’il était encore retenu par les liens de la mort. En demandant de le délier et de le laisser aller, Jésus nous fait comprendre que par sa mort et sa résurrection, Il a totalement libéré l’homme des liens de la mort.

Ainsi, en relevant Lazare d’entre les morts, Jésus révèle qu’il est la présence vivifiante de Dieu au milieu des hommes. Il libère des liens de la mort, nous sort des puits dans lesquels ont tendance à nous ensevelir toutes les forces de mort, physiques, morales, psychologiques, culturelles, matérielles…il nous ouvre des possibilités autres, quand tout semble fini. En d’autres termes, le signe de la résurrection de Lazare révèle Jésus comme notre vie, celui qui ouvre nos tombeaux. Il est notre résurrection, offrant à l’homme, des perspectives de vie insoupçonnées. Il nous libère du découragement et ouvre nos cœurs à l’espérance de la foi. Désormais, ni la maladie, ni les souffrances quelles qu’elles soient, ni la mort elle-même ne constituent plus le dernier mot de notre vie. Ainsi donc, Jésus se révèle comme la résurrection et la vie, le gage de notre résurrection présente et future. Il nous invite comme Marthe à lui donner notre foi, parce qu’il est plus puissant que la mort qu’il a lui-même traversée. Sa mort, comme celle de tout homme qui croit est un passage vers la vie.

Amen.