Par Franck GACOGNE

Matthieu 4, 12-23

Cette lecture de St Paul aux Corinthiens ne peut pas mieux convenir pour enrichir notre prière plus spécialement consacrée cette semaine à l’unité des chrétiens. Déjà au temps des premières communautés chrétiennes, nous l’avons entendu, il y avait des divisions, des tiraillements, des retranchements ; « Moi, j’appartiens à Paul » ou bien : « j’appartiens à Apollos » ou bien : « J’appartiens à Pierre ». Aujourd’hui encore, beaucoup de chrétiens revendiquent une appartenance à telle ou telle figure emblématique qui l’a marqué sur son chemin spirituel, tel ou tel fondateur ou courant de pensée auquel il fait sans cesse référence. Pourquoi pas, mais à condition que cela n’exclue pas ceux qui n’ont pas fait la même expérience, à condition que cela n’isole pas des autres. Actuellement ces distinctions existent non seulement entre grandes familles chrétiennes, mais également au sein même de chacune de ces familles. Dans notre diocèse de Lyon, certains catholiques choisissent une paroisse, non pas parce qu’ils y habitent, mais parce qu’ils aiment le projet qui y est développé, ou alors parce qu’ils aiment la sensibilité religieuse, le charisme du pasteur qui s’y trouve. Avec le risque qu’il n’y ait plus que des semblables qui s’y rassemblent et que cela ressemble plus à un club d’initié qu’au Corps du Christ, dont la diversité et la complémentarité des membres est absolument nécessaire pour signifier l’Eglise voulue par le Christ.

Hier soir au Christ-Roi dans le temps de prière œcuménique, nous avons commencé par nous repérer par communauté : ceux qui appartiennent à l’église évangélique baptiste, ceux qui appartiennent à l’église presbytérienne camerounaise, ceux qui appartienne à l’église protestante unie, sont qui appartiennent à l’église catholique etc… Puis nous nous sommes déplacés, mélangés, nous avons pris un temps d’échange avec le voisin que nous ne connaissions pas, pour mettre des mots sur les barrières sur les préjugés qui existent entre nos communautés, mais surtout pour réaliser que par le baptême, par la croix, nous appartenons tous au Christ, d’une manière identique et égale.

Un moine de la première moitié du VIème siècle Dorothée de Gaza, raconte cette histoire, en disant qu’elle lui vient d’une image plus ancienne encore. Il demande d’imaginer un très grand cercle tracé au sol avec un compas et un centre. Et imaginez, dit-il, que ce cercle soit le monde, et que le centre soit Dieu. Le cercle comporte une multitude de rayons qui sont autant de manières différentes de vivre de chaque homme. Quand les baptisés désirent s’approcher de Dieu, ils marchent sur leur rayon qui leur est propre en direction du centre du cercle, et en le faisant, ils constatent que cela les rapproche les uns les autres. Et quand ils, désirent se rejoindre les uns des autres, ils doivent faire le même mouvement et ils constatent que cela les rapproche aussi de Dieu. Ces deux rapprochements sont inévitablement liés l’un est la conséquence de l’autre et réciproquement.

                Il me semble que l’on peut faire un lien intéressant avec notre évangile : Jésus marche le long de la mer de Galilée et il appelle des hommes à sa suite. Ce ne sont pas ces hommes, ces pêcheurs qui choisissent Jésus comme maître pour lui appartenir. Non, c’est bien Jésus qui a l’initiative. Ils sont choisis et appelé par lui. Jésus aurait pu se contenter de l’une des familles par exemple les frères Pierre et André. Et bien non, après ce premier appel, il préfère continuer son chemin, aller plus loin et parier sur la diversité en appelant aussi les frères Jacques et Jean qui étaient eux aussi des pêcheurs. J’ai entendu quelque part quelqu’un dire que ces deux autres frères devaient être des associés de Pierre et André. Je n’en suis pas du tout convaincu, ils sont plus loin, et vue le caractère hétéroclite du groupe des douze apôtres que Jésus choisi, je crois plutôt qu’ils étaient concurrents pour le commerce de la pêche. Eh bien au-delà de leurs différences et peut-être de leurs querelles, Jésus les rassemble en un seul corps à sa suite, le corps des apôtres. Tous deviennent disciples du Christ pour parcourir avec Jésus la Galilée et annoncer la Bonne Nouvelle du Royaume.

Merci Seigneur parce que dans notre diversité, tu nous appelles ensemble à faire route à ta suite pour servir et témoigner de ton amour. Amen.