Par Jean-Claude SERVANTON

Marc 4, 26-34

Le Missel des dimanches introduit les lectures de ce jour en ces termes : « la Liturgie de ce dimanche est un vrai jardin ! Le cèdre est évoqué dans la première lecture… L’évangile parle du blé et du grain de moutarde. » A la campagne où j’ai sous les yeux un vrai jardin : des forêts de sapins, des prés, des arbres verts. Sans être poète, je suis sensible à la beauté de ce jardin naturel. La nature peut être une parabole de la Parole de Dieu… Elle nous donne les images qui nous approchent des relations de Dieu avec nous.

« Il en est du Règne de Dieu – de nos relations avec Lui – comme d’un homme qui jette en terre la semence… » Ils passent sous mes fenêtres sur leurs tracteurs… Ils vont et viennent sur leur machine dans les champs. J’ai eu l’occasion de parler avec un ancien que j’ai connu lorsque j’étais enfant. Ils ont confiance en la semence qu’ils jettent en terre et en la terre qui fait pousser la semence. Confiants, ils sèment dans l’espérance de la moisson. Ils ont pris l’initiative … comme Dieu a pris l’initiative de créer et de jeter en terre Jésus son Fils, sa Parole. Comme le semeur est sorti pour semer, il a confiance en Jésus pour que sa Parole donne du fruit… la terre que nous sommes doit donner son fruit. La relation peut naître et grandir et donner ses fruits de paix, de vie… Nous pouvons contempler l’œuvre de Dieu.

Jésus insiste sur le travail mystérieux et silencieux de la terre et de la semence. La nature est en travail jusqu’à la moisson. Aujourd’hui les cultivateurs utilisent des moyens pour aider ou forcer ce travail de la nature. Par exemple, ils recouvrent d’un voile de plastique leur terre pour que la graine de maïs se développe. Nous sommes aujourd’hui mieux avertis que nous pouvons forcer la nature jusqu’à un certain point … S’agit-il de forcer ou de coopérer avec elle ? La Parole de Dieu nous est donnée, non pour forcer notre nature mais pour la développer de manière harmonieuse, heureuse. Dieu ne désire pas des surhommes mais des hommes simplement humains, confiants en lui et en eux-mêmes.

Déplaçons nous dans le jardin de l’évangile. « Le règne de Dieu est comme une graine de moutarde… » Nous pouvons penser que nous ne sommes pas grand-chose : une petite graine au milieu de millions de millions de petites graines. Cette petite graine m’a rappelé le colibri qui veut éteindre l’incendie qui embrase la forêt. Il porte dans son bec une goutte d’eau qu’il verse dans le brasier. Aux gros animaux qui se moquent de lui, il répond : »Je prends ma part… » Oui le Seigneur ne nous demande pas des exploits mais de prendre notre part. Notre vie est ce grand arbre sur les branches duquel les oiseaux peuvent faire leur nid. La vie recueille la vie. Les corps ne sont pas seulement créés pour être plus forts, pour gagner… Nos bras, comme les branches de l’arbre se tendent pour donner de l’ombre, la force capable à la vie de chanter.

La nature est un jardin qui ne sert pas seulement à prouver l’existence de son créateur, elle est ce lieu fécond dans lequel Jésus puise ses paraboles pour annoncer la Parole. Le temps d’un été, j’ai essayé de composer de nouvelles paraboles à partir de ce que la marche me permettait de voir, de vivre. Alors, au contact de la nature, profitons des paraboles évangéliques pour apprendre à y déchiffrer la Parole de Dieu.