Par Franck GACOGNE

Luc 1, 57-66.80

Avez-vous entendu l’interrogation dans l’évangile : « Que sera donc cet enfant ? » Quels parents à la naissance d’un enfant ne se posent pas intérieurement cette question fondamentale de l’avenir de celle ou de celui à qui ils donnent le jour ? « Que sera donc cet enfant ? » Cette question est posée à la naissance de Jean-Baptiste parce que certains proches des parents voulaient déjà prédéterminer pour lui un avenir tout tracé : être dans la lignée de ses parents, de ses ancêtres. Eh bien non ! Il sera ce qu’il est appelé à devenir : Jean, par la grâce de Dieu.

C’est le thème que j’aimerais aborder ce matin : ce que nous nous appelés à devenir, le thème de la vocation. La vocation, c’est choisir de déployer sous le regard de Dieu ce qu’il a déposé en chacun de nous. Et ce qu’il a déposé, ce n’est pas un projet prédéterminé qu’il nous faudrait exécuter sans broncher. Non, il a déposé en chacun de nous un amour sans limite et unique, mais aussi la liberté d’en user. Ce premier don inouï c’est le baptême. La vocation consiste à choisir de lui donner une réponse. Le mariage, une mission dans l’Eglise comme laïc, un engagement associatif ou professionnel fort, prêtre, diacre permanent, religieux, religieuse ?

Des personnes s’interrogent : « ai-je finalement fait le bon choix ? » C’est une question légitime, mais on fait sans doute beaucoup plus d’erreurs en ne choisissant pas ; en se laissant porter par les événements, en laissant les autres, la société, les convenances, les parcours tout tracés, les plans de carrière décider à notre place. Nous vivons dans une société où tout semble possible et permis. Mais à y regarder de près, il n’est pas si facile de sortir des conventions, des filières habituelles d’orientations qui nous mettent souvent sur des rails et parfois dans des ornières. Dieu nous propose d’exprimer notre être, notre désir le plus profond, et de le faire éclore pour qu’il s’épanouisse afin que nous devenions nous-mêmes pour notre plus grand bonheur. St Augustin adressait cet appel vigoureux aux baptisés : « Chrétiens, deviens ce que tu es ! »

Cher jeune, je t’invite à repérer les moments de ta vie où tu te dis « là, je suis vraiment à ma place, je suis profondément heureux », parce que tu sens que ce lieu te structure, t’épanouis avec les autres, t’apporte une joie profonde, dilate ton cœur. Si tu vis de tels moments dans le scoutisme, à l’aumônerie ou en préparant ta confirmation, alors, il est nécessaire de te poser la question d’en faire un choix de vie, parce que ce qui est déjà vécu aujourd’hui comme une expérience libératrice de l’amour de Dieu a toutes les chances de pouvoir perdurer. Hier, 6 nouveaux prêtres ont été ordonnés au service de la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, au service de la croissance spirituelle des baptisés, au service des plus petits. C’est une nécessité pour nos communautés chrétiennes, alors, cher jeune, merci de ne pas évacuer trop vite cette question et de la laisser résonner et mûrir pour un jour, en toute liberté, lui apporter une réponse.

La bonne vocation pour chacun ne vient pas d’un appel surnaturel qu’il nous faudrait attendre patiemment. Non, ce n’est pas le choix de Dieu pour un seul, un élu, une élite. Non, c’est tout le contraire, la bonne vocation, c’est la réponse de chacun pour Dieu. Et il y a une convergence de l’appel, nous l’avons chanté : « Si le Père vous appelle… », je n’en doute pas, cet appel résonne si souvent dans la Bible ; « Si le monde vous appelle… » parce que les petits méritent infiniment plus d’amour qu’ils n’en reçoivent ; « Si l’Eglise vous appelle… » Je le fais ce matin !

Merci à chacun, à chacune de m’avoir aidé à être le prêtre dont vous aviez besoin. Je n’ai pas appris à être prêtre dans des bouquins, mais pas à pas avec vous dans ce chemin quotidien, chemin du service, chemin de l’annonce, chemin de la prière. Que chacun de nous le poursuive dans l’action de grâce avec ces paroles du psaume :

« Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ?

J’élèverai la coupe du salut, j’invoquerai le nom du Seigneur.

Je tiendrai mes promesses au Seigneur, oui, devant tout son peuple ! » (Ps 115, 12-13)

Amen