Par Amos BAMAL

Jean 1, 29-34

                                       « Voici l’Agneau de Dieu… »

         Après son baptême, Jésus commence son ministère public en Galilée. Les textes liturgiques que l’Eglise notre Mère nous donne aujourd’hui, ont pour but de nous révéler l’identité de Jésus et les principales caractéristiques de sa mission.

         A travers les paroles de Jean-Baptiste, Jésus est présenté comme l’Agneau de Dieu, un titre qui fait signe vers le mystère pascal en son aspect de déréliction et de gloire (Ex12,3 ; Is53,7 ; Ap5 ; Ap7,9-17). En relation avec l’événement de l’Exode, Jésus est l’Agneau pascal. Cela signifie, qu’il est le signe de la présence de Dieu au milieu de son peuple, celui par qui Dieu libère son peuple de ses péchés, celui par qui l’humanité est réconcilié avec Dieu. Reconnaître en Jésus l’Agneau de Dieu, c’est aussi dire qu’il est innocent, qu’il n’a jamais péché mais qu’il est celui qui a pris sur lui les péchés des hommes.

         Affirmer également que Jésus est l’Agneau de Dieu, en relation avec l’offrande d’Abraham, c’est dire que Jésus est le véritable agneau préparé par Dieu. Mais c’est surtout par sa disponibilité, sa confiance totale en Dieu, son abandon à la sainte volonté de Dieu jusqu’au don de sa vie que Jésus se révèle comme le sacrifice parfait, l’offrande parfaite.

         « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ! »

Cette exclamation de Jean-Baptiste est reprise à la fin de chaque liturgie eucharistique, juste avant la communion, par le prêtre qui élève le Corps du Christ. Ce verset exprime l’intensité et le mystère de toute rencontre avec la personne du Christ, mystère qui se poursuit encore aujourd’hui dans l’Eglise. La rencontre de Jean-Baptiste avec Jésus sur les rives du Jourdain, est en effet le prototype de toutes les rencontres de tous les temps, avec le Seigneur.

         Lorsque nous nous préparons à communier, nous sommes à notre tour saisis par ce face-à-face avec celui qui baptise dans l’Esprit Saint. Et pour que la rencontre soit possible, pour qu’elle devienne réalité, il est nécessaire que notre cœur soit secrètement préparé comme l’était celui de Jean-Baptiste.

Au cours de cette rencontre de Jean avec Jésus, le baptiste affirme par deux fois qu’il ne le connaissait pas. Jean-Baptiste attendait sans savoir celui qu’il attendait…tel est bien souvent le paradoxe delta foi. Celui que nous annonçons avec tant de force et de vigueur, celui que nous nous préparons à rencontrer à la fin de notre vie terrestre, nous ne le connaissons pas vraiment.

         A mesure que nous méditons les Ecritures, que nous prions ou que nous vivons les exigences de sa Parole, il semble se dérober de toute tentative de le posséder. Oui, nul ne peut se targuer ici-bas de posséder Dieu. L’évangile nous propose l’exemple de Jean-Baptiste qui, même s’il ne « connaît » pas Jésus, affirme avec forte conviction : « Derrière moi vient un homme qui a sa place devant moi, car avant moi il était ! ». C’est en étant fidèle à sa foi que le chrétien finit par reconnaître Dieu et son action dans sa vie.

         En descendant sur Jésus, l’Esprit a, dans le même élan, donné à Jean-Baptiste de le reconnaître. Quand l’Esprit Saint fait vraiment irruption dans une vie, il façonne le regard, modèle la vie, ouvre le cœur…La magie de l’Esprit Saint est moins de faire des miracles que d’ouvrir les cœurs et transformer les vies. Celui en qui repose l’Esprit voit ce que l’œil ordinaire ne peut voir ; il voit véritablement dans le Corps du Christ élevé à l’autel ; l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde.

         Aujourd’hui, sachons reconnaître le Christ qui vient vers nous. Accueillons celui qui nous réconcilie avec Dieu. Il prend sur lui, pour l’anéantir, tout ce qui nous sépare de Dieu. Cela suppose de lui offrir un espace intérieur fait de silence, d’écoute, de disponibilité et d’amour.

                                                       Amen.