Par Amos BAMAL

Luc 21, 5-19

             « Ne vous effrayez pas : il faut que cela arrive d’abord »

            Nous clôturons dimanche prochain, l’année liturgique C. Pendant toute cette période, l’Eglise veut orienter notre méditation et notre réflexion sur une question qui semble ne plus être d’actualité :la fin des temps.

            La crise économique dans laquelle nous sommes plongés depuis quelques années a complètement bouleversé nos comportements : les discours et les conversations des hommes et des femmes d’aujourd’hui ont un point focal :la recherche du pain de chaque jour. A cela nous pouvons ajouter la mondialisation, l’éclosion des nouvelles technologies surtout en matière de communication. Toutes ces choses mobilisent toutes nos énergies à tel point que nous n’avons plus le temps de nous poser les questions liées aux fins dernières. Consciente de cela, notre Mère la sainte Eglise vient nous secouer dans notre torpeur, nous réveiller dans notre profond sommeil pour nous dire : ce monde sur lequel vous investissez tant d’énergies a eu un commencement et aura une fin.

            En effet, dans l’évangile de ce jour, Jésus est à quelques jours de sa mort, et se trouve à l’intérieur du magnifique temple de Jérusalem. Pendant que les disciples subjugués se délecte de la beauté, de la majesté, de la somptuosité et de la splendeur du temple, il leur fait une déclaration stupéfiante : « Ce que vous contemplez, il n’en restera pas pierre sur pierre ». Les apôtres manifestent alors leur curiosité et lui demandent quand cela arrivera. La réponse du Maître constitue le discours sur les temps derniers, dont une séquence est proposée à notre méditation ce dimanche.

            La parole de Jésus de ce jour, n’a donc pas pour objectif d’effrayer ses auditeurs ; elle veut les ramener à la perception d’une vérité simple : tout passe, seul Dieu demeure. Elle rappelle à ceux qui auraient la tentation de l’oublier, que notre monde porte en lui-même ses propres limites et sa propre mort. Notre monde, aussi beau qu’il soit, aussi riche et solide qu’il paraisse, n’est pas fait pour durer. Il passera comme nous d’ailleurs. Cependant, ce constat n’a rien de désespérant. Il nous invite à porter notre regard sur les vrais repères, sur Dieu, l’unique nécessaire, le centre et le fondement d’une vraie histoire humaine.

            Comme Jérémie avait annoncé la destruction du temple de Salomon, Jésus annonce la destruction du temple construit par Hérode le Grand. Annoncer la destruction de ce qui était motif d’orgueil et de fierté pour les juifs est une prophétie sur la fin des temps. Le Seigneur vient, c’est une certitude. Non plus comme il est déjà venu, pour annoncer le Royaume et le temps de la miséricorde. Mais pour que tout soit accompli. Alors chacun trouvera sa place et obtiendra sa récompense selon ses œuvres. Les apôtres voulaient bien connaître et prévoir les échéances des événements annoncés : « Maître, quand cela arrivera-t-il, et quel sera le signe que cela va se réaliser ? ».

            Toute la prédication de Jésus est chargée de cette préoccupation : ouvrir les yeux des hommes sur les signes avant-coureurs de cette fin du monde qui ne sera pas une chute dans le néant, mais une entrée dans la gloire. Mais ce qui reste et restera caché, c’est la date de cet instant. Cela reste le secret du Père qui ne l’a pas encore dit. Le Père n’a pas encore exprimé cette pensée, au nom de sa patience infinie et de sa bonté sans limite. L’important pour Jésus n’est pas de nous donner une date précise, mais de nous préparer sereinement au jour du jugement. Il recommande donc vivement vigilance et discernement. « Nul ne sait ni le jour ni l’heure » nous dit le Seigneur. Cette parole du Christ coupe court aux supputations hasardeuses et malsaines sur la date de la fin du monde dont raffolent certaines confessions. Aussi, Jésus dénonce-t-il la peur que nous ressentons face à certains événements. A cet effet, mêmes les guerres, les soulèvements, les conflits, les épidémies ne sont pas les signes de la fin et ne constituent pas une raison de s’effrayer car « il faut que cela arrive ».

            Et parmi les signes précurseurs de la fin du monde, Jésus évoque aussi les persécutions auxquelles ses disciples devront faire face. Pire encore à ces persécutions s’ajoutent aussi des trahisons des propres frères et amis, sans compter la haine à cause du nom de Jésus. Malgré tout cela, les disciples doivent être confiants, optimistes et persévérants. Pour ce faire, la seule chose qui compte pour chacun de nous c’est de savoir que le retour du Christ aura lieu et qu’il faut s’y préparer tous les jours sous peine de se retrouver irrémédiablement exclu du Royaume.

            Le retour du Christ demeure toujours d’une brûlante actualité, et à chaque célébration eucharistique, nous disons ou chantons, « …nous attendons ta venue dans la gloire ». Toutefois, c’est chaque instant de notre vie qui est date, jour et heure du retour du Seigneur. Autrement dit, chacun devrait se comporter de façon à être prêt à rencontrer le Seigneur quel que soit le moment.

                                                               Amen.