par Franck GACOGNE

Jean 10, 27-30

Si l’on écoute d’une manière un peu distraite cet extrait très court de l’évangile sans vraiment s’y arrêter, ou si l’on ne prend pas le soin de lire l’ensemble de ce chapitre 10, peut-être que certains se diront qu’il n’est pas très valorisant pour nous, car il semble nous associer et même nous comparer à un troupeau docile et obéissant, à des brebis qui suivent – oserais-je dire qui suive « bêtement » – leur berger. Pour d’autres, cette figure du Bon Pasteur évoque peut-être une « image de première communion »… Vous vous souvenez de l’imagerie pieuse dont on garnissait les missels autrefois : un Jésus douceâtre, à la chevelure blonde, une petite brebis enroulée autour de son cou. Mais dans un cas comme dans l’autre, si c’est le sentiment que nous avons à l’écoute de ce passage, c’est qu’il nous faut probablement le regarder de plus près. Car il ne faudrait pas se tromper sur l’intention de St Jean l’évangéliste, sur l’intention de Jésus qui en fin de compte cherche à nous expliquer la qualité de relation que Dieu le Père veut entretenir avec chacun de nous, chacun de ses enfants. Même plus que cela, il veut nous faire réaliser jusqu’à quel point par son Fils Jésus, Dieu se donne à nous.

Le berger auquel Jésus s’identifie n’utilise pas les brebis à son profit, elles ne sont ni l’opportunité de se valoriser, ni le moyen de s’en servir. Non, au contraire l’évangile nous dit que c’est lui, le berger qui leur donne sa vie, la vie éternelle, c’est-à-dire qu’il leur donne la liberté de pouvoir toujours compter sur lui. En fait regardons bien le texte, ce n’est pas ce pasteur qui poussent les brebis devant lui comme si elles n’avaient pas le choix et qu’elles étaient contraintes. Non, ce sont bien les brebis qui, dans leur liberté et leur désir suivent ce berger parce qu’elles l’ont reconnu comme le vrai Pasteur, parce que celui qui prend soin d’elles.

C’est aujourd’hui la journée mondiale de prière pour les vocations. Attention, la vocation ne concerne pas quelques élus sorti d’on ne sais où, mais elle concerne bien tous les baptisés. Car suivre, accomplir sa vocation de baptisé, c’est tout simplement choisir la manière avec laquelle chacun de nous veut suivre le Pasteur et bénéficier de sa vie. On n’accomplit pas une vocation malgré soi ou inconsciemment. Vivre une vocation, c’est un choix déterminé, c’est vouloir intégrer, associer l’Evangile à sa vie et se laisser interpeller par lui. La plupart d’entre vous choisissez de vivre cette vocation comme laïcs parfois dans le sacrement du mariage, parfois aussi dans du bénévolat, ou bien dans une mission reçue de la paroisse ou du diocèse, et vous l’accomplissez au nom de votre baptême. C’est vous qui êtes l’Eglise et qui portez le témoignage du Christ au plus grand nombre ! D’autres vocations engagent toute la vie : religieux, religieuse, prêtre, diacre. Permettez-moi de témoigner combien celle d’être prêtre est un vrai chemin de bonheur et d’accomplissement. Pensons-nous que la présence de prêtres parmi les baptisés est importante pour la vie d’une paroisse, pour la vie de l’Eglise ? Si oui, il faut alors nous interroger, parce que les prêtres, les religieux, les religieuses, les diacres ne sortent pas des choux ! Que chaque jeune baptisé, chaque jeune ayant le goût du Christ sache se demander : « prêtre, religieuse, diacre, pourquoi pas moi ? » Que chacun de nous ici présent sache porter cet appel comme une grâce qui rend libre, la grâce et l’audace de pouvoir proposer à nos enfants, à nos petits enfants, à des neveux, à des nièces un choix de vie possible : celle d’une vie consacrée, un choix de vie qui, comme le mariage, ni plus, ni moins, sera toujours pleinement en cohérence avec le baptême que l’on a souhaité pour eux, un choix de vie pour leur plus grand bonheur et pour l’annonce de l’Evangile à tous. Amen.