Par René BEAUQUIS

Luc 12, 32-48

Les lectures bibliques de ce jour nous invitent à méditer sur l’attente de la venue du Seigneur. Depuis le jour où Dieu a appelé Abraham, le père des croyants jusqu’à aujourd’hui, Dieu a toujours été fidèle à ses promesses ; aussi notre attente de la venue du Seigneur doit-elle être une attente vécue dans une foi vigilante certes, mais confiante et joyeuse.

La première lecture, un texte du livre de la Sagesse écrit quelques 1000 ans après la libération des Hébreux de l’Egypte, veut rappeler aux croyants tentés par le doute, les merveilles que Dieu a accomplies dans les temps anciens.

Ce texte nous dit justement la joie des hébreux lorsqu’ils furent libérés de l’esclavage vécu en Egypte. La violence du pharaon et des égyptiens qui étaient leurs oppresseurs s’est retournée contre eux et les a entrainés à la mort. C’est le sort de toute violence et dictature ; il est bon de nous le rappeler eu ce temps de violence que nous vivons.

La deuxième lecture se présente comme un éloge de la foi des ancêtres, une foi qui peut servir d’exemple aux croyants que nous sommes. « La foi, nous dit le texte est une façon de posséder ce que l’on espère et un moyen de connaitre ce que l’on ne voit pas »

Tous les grands personnages d’Israël ont été portés par cette foi et ils étaient tirés en avant vers un avenir, certes inconnu, mais dont ils ne pouvaient espérer que merveilleux, puisque promis par le Seigneur Dieu.

Quant à l’évangile de Luc, il demande quelques explications. Nous savons que les premiers chrétiens attendaient le retour imminent du Christ. Alors certains ne voulurent plus travailler estimant que cela ne valait pas la peine. Et puis, la fin du monde tardant à venir, la fièvre qui l’entourait finit par s’essouffler. Non seulement on n’en parla plus, mais on voulut de plus en plus s’installer en ce monde et y durer, trouvant sans doute qu’on y était pas si mal.

C’est à cette génération de chrétiens que Luc s’adresse pour les mettre en garde contre la tentation de s’endormir sur les biens de ce monde et d’en oublier les appels à la vigilance et à la fidélité.

Cette invitation à la vigilance, Jésus nous l’adresse à nous aujourd’hui ; essayons de comprendre ce que cela signifie. Devons-nous être vigilants par crainte d’une rencontre avec le Seigneur plus rapide que prévue soit par accident de la route, soit à la suite d’une maladie ou lors d’un attentat, possibilité qui aujourd’hui peut nous trotter par la tête ?

Non, nous ne devons pas craindre de rencontrer Notre Dieu que nous savons Amour et dont la Miséricorde couvre la multitude de nos péchés. Mais nous devons craindre de laisser s’affadir notre foi au point que nous perdions de vue le Seigneur. Peut-être, par négligence spirituelle, n’avons-nous pas nourri notre foi au cours des années si bien que notre foi, n’ayant plus aucun impact sur notre vie, nous avons abandonné la pratique religieuse parce qu’elle nous paraissait plus un boulet à porter qu’une aide pour notre vie.

A un pénitent à qui je demandais à St Bonaventure ce qui le ramenait à la confession après des années d’abandon, m’a répondu que c’était le pape François qui lui redonnait l’envie de reprendre en mains sa vie de foi.

Reprendre en main sa vie de foi, voilà ce que Jésus nous demande aujourd’hui en nous demandant d’être vigilants.

L’important, au point de départ est d’être convaincu que notre foi est notre trésor, car « là où est votre trésor là aussi sera votre cœur » nous dit Jésus.

Si notre foi est notre trésor cela signifie que Jésus est le bien le plus précieux de notre vie, celui sur lequel il vaut la peine de miser notre vie.

Dès lors que nous ouvrons la porte de notre vie à Jésus, que nous cherchons à ouvrir notre cœur et notre intelligence à sa parole, il nous devient familier, proche et nous nous laissons habillés peu à peu de son esprit, de sa façon de voir, d’entendre, de penser et surtout d’aimer. A petits pas, Jésus par son Esprit nous façonne à son image.

L’image de Jésus est avant tout celle du serviteur : « Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir » dira Jésus. Servir a été le signe distinctif de Jésus, son identité et il attend de ses disciples que nous le soyons nous aussi. « Soyez en tenue de service » nous dit-il

St François d’Assise le fondateur de la famille franciscaine à laquelle j’appartiens a voulu mener sa vie dans cet esprit de serviteur non seulement des hommes de son temps mais de toutes créatures qu’il considérait comme des dons de Dieu qu’il voulait servir en les respectant, si bien que les humains aussi bien que les créatures étaient devenus pour lui des frères et des sœurs. Même la mort était devenue pour lui une sœur dont il n’avait pas peur.

Notre Pape François, encore dernièrement au JMJ ne cesse de nous inviter à sortir de nos églises et à aller vers les pauvres et les exclus pour les servir. Servir ne veut pas forcément dire qu’il faut les aider financièrement ou matériellement, mais nous faire proches d’eux de sorte que nos relations fraternelles soient pour eux l’occasion d’être reconnus dans leur dignité et pour nous, l’occasion de nous reconnaître leurs frères.

Nul doute que si nous vivons dans cet esprit de serviteur nous n’avons rien à craindre de la venue du Seigneur car à travers les pauvres, c’est lui qui est déjà là et que nous servons.

Pourquoi, finalement, attendre Celui qui est toujours là. « Je suis avec vous jusqu’à la fin du monde » nous avait promis Jésus et de fait, n’est-il pas à se donner constamment à nous dans l’Eucharistie, dans sa Parole et dans nos frères et sœurs ? « Sois sans crainte petit troupeau : votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume » Que ces paroles de Jésus nous remplissent d’espérance.