Par Franck GACOGNE

Jean 14, 23-29

Comme très souvent l’évangile de Jean emploi le verbe demeurer : demeurer en Dieu, le Fils demeure dans le Père, que nous demeurions en lui, etc… Mais dans ce passage, il n’est pas question que nous demeurions en lui, au contraire, c’est Dieu dont on dit qu’il vient demeurer en nous : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, et chez lui nous ferons une demeure ». Il s’agit bien de Dieu qui vient demeurer auprès de tous ceux qui l’aime, mais vous l’avez remarqué, Jésus ne dit pas « je viendrai demeurer… », mais « nous viendrons demeurer… » Est-ce un signe de Dieu qui est Père, Fils et Saint Esprit ? Nous ne le connaissons que par le Fils dans l’Evangile qui nous parle de son Père et qui nous envoie son Esprit, mais peut-être aussi parce que chacun peut le découvrir en l’autre car il y fait sa demeure.

Parfois la tentation pour nous serait de chercher la demeure de Dieu dans un ailleurs lointain. Parce que il vrai que dans nos vies, dans notre monde, dans notre entourage, sa présence n’est pas facilement repérable. Alors il est tentant de se projeter dans des représentations peut-être un peu comme dans la vison du livre de l’apocalypse ou Jean nous décris sa vision de la cité céleste, un spectacle grandiose, une image de l’au-delà. Sauf que Jésus ne nous invite pas à l’évasion. Il nous accompagne sur les chemins d’Emmaüs et nous précède en Galilée. Il est à nos côtés, il nous renvoie à nos responsabilités dans l’Eglise, dans la société, dans nos familles. Par cet évangile, je crois que nous sommes renvoyés à notre quotidien, mais pas sans le Christ. Jésus n’est pas à des années lumière entrain d’attendre patiemment notre arrivée. Il demeure en nous aujourd’hui en nous envoyant son Esprit Saint. Cet Esprit Saint n’est pas un vaccin protecteur contre les embûches de la vie, mais il donne du souffle à notre action et à notre foi. Il insuffle et inspire en nous des décisions courageuses et réfléchies.

En caricaturant un peu, il y a quelques années dans l’Eglise il y avait comme une incompréhension entre des chrétiens qui se donnaient à fond dans l’action, et d’autres qui puisaient leur force dans la contemplation. Comme si ces deux aspects de la vie chrétienne étaient contradictoires et devaient nécessairement s’opposer. Mais si, comme nous le promet l’évangile, Dieu vient demeurer en nous, il ne peut que donner plus de poids à notre action, à condition bien sûr que nous comptions sur lui. Comme dit le proverbe, « si tu veux labourer profond, accroche ta charrue à une étoile ».

Par l’Eucharistie Seigneur, nous venons nous nourrir de ta Parole et de ton pain et de ta paix. Viens toi-même préparer ta demeure en nous ; viens la réparer, l’embellir, y mettre ton amour… pour qu’avec le Père et l’Esprit Saint, tu n’y sois pas à l’étroit, mais à l’aise et … chez toi.