Par Franck GACOGNE

Actes 13, 14.43-52 et Jean 10, 27-30

 

Si l’on écoute d’une manière un peu distraite cet extrait très court de l’évangile sans vraiment s’y arrêter, ou si l’on ne prend pas le soin de lire l’ensemble de ce chapitre 10, peut-être que certains se diront qu’il n’est pas très valorisant pour nous, car il semble nous associer et même nous comparer à un troupeau docile et obéissant, à des brebis qui suivent – oserais-je dire qui suive « bêtement » – leur berger. Pour d’autres, cette figure du Bon Pasteur évoque peut-être une « image de première communion »… Vous vous souvenez de l’imagerie pieuse dont on garnissait les missels autrefois : un Jésus douceâtre, à la chevelure blonde, une petite brebis enroulée autour de son cou. Mais dans un cas comme dans l’autre, si c’est le sentiment que nous avons à l’écoute de ce passage, c’est qu’il nous faut probablement le regarder de plus près. Car il ne faudrait pas se tromper sur l’intention de St Jean l’évangéliste, sur l’intention de Jésus qui en fin de compte cherche à nous expliquer la qualité de relation que Dieu le Père veut entretenir avec chacun de nous, chacun de ses enfants. Même plus que cela, il veut nous faire réaliser jusqu’à quel point par son Fils Jésus, Dieu se donne à nous.

Le berger auquel Jésus s’identifie n’utilise pas les brebis à son profit, elles ne sont ni l’opportunité de se valoriser, ni le moyen de s’en servir. Non, au contraire l’évangile nous dit que c’est lui, le berger qui leur donne sa vie, la vie éternelle, c’est-à-dire qu’il leur donne la liberté de pouvoir toujours compter sur lui. En fait regardons bien le texte, ce n’est pas ce pasteur qui poussent les brebis devant lui comme si elles n’avaient pas le choix et qu’elles étaient contraintes. Non, ce sont bien les brebis qui, dans leur liberté et leur désir suivent ce berger parce qu’elles l’ont reconnu comme le vrai Pasteur, parce qu’il est celui qui prend soin d’elles.

Dans l’Eglise, le pape, les évêques sont souvent associés à cette figure du Pasteur. Eh bien dans un texte récent, le pape François expliquait que sa mission est parfois de conduire et donc de marcher en tête, mais parfois aussi d’être au milieu du troupeau comme pour prendre la température, prendre part à la vie de chacun en étant à son rythme et au coude à coude. Mais il disait enfin que sa place était parfois aussi derrière pour suivre l’odeur du troupeau, parce que le peuple de Dieu a des intuitions qu’il n’a pas et qu’il veut suivre pour que l’Eglise grandisse.

C’est aujourd’hui la journée mondiale de prière pour les vocations. Chacun de nous au nom de son baptême a une place à prendre, et elles sont nombreuses et variées. La vocation ne tombe pas du ciel, c’est la manière dont je vais décider d’exercer mon baptême. Chacun de nous est concerné. Et si je ne décide rien, il ne se passera rien. Le Christ accompagne les choix que nous faisons en conscience une fois dans notre vie, ou quotidiennement renouvelé pour notre bonheur et celui des autres dans le service de tous.

Dans une vie de foi, il y a parfois des tournants, des changements profonds, parce que les circonstances le nécessitent. Ainsi nous l’avons entendu, Paul et Barnabé ont pris conscience que l’annonce de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ devait aussi s’adresser aux païens. Et en faisant ce choix radical, ils constatent que cela les remplis de joie et d’Esprit Saint.

C’est le signe qui indique si nous sommes à notre place. La bonne vocation pour chacun, c’est celle qui, en conscience, malgré les difficultés qui surviennent quelles que soit le choix que nous fassions d’ailleurs ; la bonne vocation, c’est celle dont nous faisons l’expérience qu’elle nous enracine dans un bonheur profond et qu’elle fait de nous des témoins de l’amour de Dieu. Si je cherche et que je repère cela, eh bien je crois que c’est là que Dieu m’appelle. Amen.