Par Franck GACOGNE

Luc 24, 1-12

J’aimerais m’arrêter ce soir sur une seule phrase de cet évangile : « Deux hommes se tinrent devant elles en habit éblouissant ». Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais on a l’habitude de dire qu’après avoir vu le tombeau vide, les femmes rencontrent des anges qui les envoient annoncer la Bonne Nouvelle de la résurrection. Pourtant, Luc ne parle pas d’anges, pas du tout, mais il parle d’hommes, ce n’est pas le même mot en grec. Plus tard, les disciples qui se rendent à Emmaüs interprèteront, en rapportant à Jésus qui chemine avec eux que les femmes ont vu des anges. Mais ici, saint Luc évoque deux hommes comme lors de la transfiguration où il y avait deux hommes, Elie et Moïse. Regardons rapidement le récit du tombeau vide dans les autres évangiles : chez Matthieu, il s’agit bien d’un ange nommé « l’ange du Seigneur », et il est seul. Chez Marc, il s’agit d’un jeune homme vêtu de blanc, et lui aussi il est seul. Enfin chez Jean, c’est plus compliqué, il y a deux anges, et en plus, il y a Jésus que Marie-Madeleine prend pour le jardinier après s’être retournée.

L’évangile de Luc que nous avons entendu est donc le seul à parler de deux hommes qui se présentent en habit éblouissant. Et si ce ne sont pas des anges, qui sont-ils donc ? J’aime à penser que l’un d’eux est Jésus lui-même, revêtu du vêtement éblouissant de la gloire de Dieu. Quel est donc l’autre homme qui porte le même vêtement ? Eh bien, là aussi, j’aime à penser qu’il s’agit du malfaiteur à qui Jésus a dit sur la croix : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ». Et en effet, le voilà à ses côtés. Côte à côte, Jésus, et cet homme qui n’a pas de nom, mais qui au terme d’une vie sans doute peu reluisante, est à ses côtés parce qu’il a osé, même juste avant sa mort, demander à Jésus de se souvenir de lui. Cet homme n’a pas de nom, parce qu’il pourrait être chacun d’entre nous, libre de dire un jour, ou de redire encore et toujours à Dieu notre désir d’être avec lui. J’ose même croire que c’est maintenant cet homme-là qui prend la Parole pour annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus Ressuscité : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? Il n’est pas ici, il est ressuscité ».

Cet arche magnifique manifeste le passage que nous avons à faire, cette arche nous appelle à consentir à la transformation de nos vies pour chercher le Ressuscité et en être témoin parmi les vivants, partout où nous saurons déceler et faire jaillir la Vie. Peut-être que c’est Jean Vanier, le fondateur de l’Arche qui saura le mieux nous en parler. Ecoutons ses mots : « Nous avons à comprendre que Jésus nous invite à être des hommes et des femmes transformés. Nous avons à laisser la semence de la grâce pousser en nous pour que notre regard, notre intelligence, notre imagination, notre corps, notre affectivité soient transformés. Nous avons, peu à peu, à apprendre à regarder les autres comme Dieu les regarde. C’est cela la foi. La plupart du temps nous regardons les autres à partir de nos blessures, de nos fragilités, de nos peurs. Notre résurrection est une transformation très lente où l’Esprit Saint, progressivement, transforme notre intelligence, notre cœur pour que nous devenions pleinement des filles et des fils de Dieu »

Laura et Ludmilia, voilà la bénédiction que vous nous faîtes vivre à tous ce soir. Que votre immersion dans la résurrection du Christ comble votre vie de bonheur, et qu’elle ravive notre foi à tous. Laura et Ludmilia, que votre participation à l’Eucharistie nourrisse votre foi, et qu’elle nous donne avec vous de constituer une communauté fervente et ardente à vivre et témoigner du Ressuscité. Amen.