Par Franck GACOGNE

Luc 1, 1-4, et 4, 14-21

Les Paroles que nous avons aujourd’hui sont riches. Il y a quelque chose d’important qu’il faut bien repérer dans l’évangile que nous avons lu, c’est qu’il est en deux parties : nous avons d’abord lu le tout début de l’Evangile les quatre premiers versets. Ils sont comme une préface dans laquelle Luc nous explique pourquoi il a choisi, comme d’autres, d’écrire lui aussi « un récit des événements qui se sont accomplis », Luc n’a rien vu de ces événements mais il s’est renseigné avec précisions car l’histoire qu’il nous présente est une histoire sainte visant à nous enraciner dans la foi. Puis nous avons sauté directement au chapitre 4 dans une deuxième partie, qui correspond au début de la mission public de Jésus. Entre les deux, eh bien nous trouvons ce que nous appelons les évangiles de l’enfance, ce sont tous ces textes qui nous ont accompagné pendant le temps de l’Avent et de Noël, de l’annonce de la naissance de Jean-Baptiste et de Jésus, jusqu’à son baptême dans le Jourdain, sa généalogie et les tentations au désert.

Dans ces quatre premiers versets, avez-vous remarqué à qui Luc adresse son écrit ? A un certain Théophile. Quelqu’un s’appelle-t-il Théophile ? Ce nom qui signifie « ami de Dieu », « aimant Dieu », « passionné de Dieu ». Autrement dit, c’est à moi, c’est à chacun de nous que Luc adresse cet évangile, parce que je suis, ou pour que je devienne passionné de Dieu !

Jésus saisi le livre du prophète Isaïe pour le lire. Au temps de Jésus, les juifs avaient l’habitude de lire ces textes et de les commenter, mais ils le faisaient si souvent de la même façon, que tout le monde savaient à l’avance ce qui allait être dit. Ca ne percutait plus. Vous savez, c’est un peu comme quand on écoute une histoire dont on connaît déjà la fin : on n’y fait plus attention, on ne prête plus beaucoup l’oreille ! Mais voilà que cette fois-ci à Nazareth c’est Jésus qui prends la parole. Alors il est attendu au tournant. Et en effet, Jésus tranche et surprends : il n’est plus le lecteur d’une Parole, il en est son accomplissement. Jésus ne lit pas la Parole de Dieu, il est lui-même cette Parole de Dieu qui s’est faite chair et qui se donne en nourriture à tous les Théophile, à tous ceux qui ont soif de la découvrir.

On dit souvent dans les églises que cette Parole elle est pour aujourd’hui, qu’elle est vivante. Je crois que c’est vrai, mais elle n’est vivante aujourd’hui qu’à deux conditions au moins : la première, c’est que de l’Ecriture, du Livre, elle devienne déjà une Parole, et cela n’arrive que si l’on saisit la Bible, qu’on l’ouvre pour la lire, pour la proclamer, pour qu’elle soit entendue. Que chacun de nous est l’audace de dire la Parole qui le touche qui donne du sens à sa vie, qui éclaire sa foi… Le pape François ne cesse de nous dire que le témoignage missionnaire n’est pas réservé à des spécialistes, mais à tout baptisé dans la mesure où il a découvert que Dieu est amour. Avons-nous le droit de garder jalousement cette Bonne Nouvelle ? Dans un psaume, Dieu dit au croyant : « Ouvre ta bouche, moi, je l’emplirai » Ps 80, 11. C’est l’annonce. La deuxième condition pour que cette Parole devienne vivante aujourd’hui et pour qu’elle s’accomplisse, et bien c’est que ceux et celles qui portent le nom de chrétien se mettent à la vivre. C’est le service. Annoncer, servir, célébrer, je suis sûr que cela vous rappelle quelque chose, c’est l fil conducteur du projet de notre paroisse.

Au temps de Jésus, on attendait le Christ, le Messie (c’est le même mot dans la Bible), parce que le mot grec christos utilisé dans le Nouveau Testament est la traduction du mot hébreu mashiah utilisé dans l’Ancien. Le Christ ou le Messie, c’est celui qui a reçu l’onction, et Jésus lit précisément ce passage dans Isaïe : « l’Esprit du Seigneur est sur moi, parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction ». Est-ce que cela ne me rappelle pas le geste d’un sacrement ? Le baptême, la confirmation. Ah tiens, cela voudrait donc dire que j’ai moi aussi j’ai reçu l’onction, et que l’Esprit du Seigneur est sur moi ! Jésus continue la lecture : « Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur » En effet c’est ce qui se passe : cet Esprit que Jésus a reçu le mets en capacité, par ses paroles et par ces actes, d’être témoin, d’être révélateur de l’Amour du Père pour tous, en commençant par les plus faibles. Voilà pourquoi Jésus commente ce texte par cette unique affirmation : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre ». Sauf que aujourd’hui, en 2016, Jésus n’est pas là pour l’accomplir. Mais tous ceux qui ont reçu cette onction et son Esprit Saint sont là eux ! C’est vous !

Donne-moi Seigneur de contribuer à être l’aujourd’hui de Dieu auprès des plus petits, tout simplement pour que ta Parole soit vivante et féconde ici et maintenant. Amen.