Par Franck GACOGNE

Luc 3, 15-16.21-22

J’aime bien poser des questions aux parents qui demandent le baptême pour leur enfant. Non pas pour les piéger mais pour donner du sens, pour donner de la compréhension à ce qu’ils demandent. Tiens par exemple, quand on en vient au signe de l’eau, je leur demande : « quel est le sens de l’eau dans le baptême ? » Se purifier ? C’est le verbe qui revient le plus souvent dans leur réponse.

Ne nous laissons pas berner par le signe de l’eau, même s’il est au cœur de la célébration ! Ce n’est pas parce que Jean baptisait avec de l’eau et que nous même avons été baptisés avec de l’eau, qu’il s’agit du même baptême. Le mot « purification » désigne à mon avis très bien le baptême qu’accomplissait Jean Baptiste : les foules qui venaient à lui étaient invités à reconnaître leur péché, et en effet, en se laissant plonger dans l’eau par Jean, ces personnes manifestaient leur souhait, leur désir se convertir, de revenir à Dieu. Mais le baptême que nous avons reçu est tout-à-fait différent et d’ailleurs Luc l’évangéliste ne parle même plus d’eau, il nous dit qu’en Jésus, nous sommes baptisés dans « l’Esprit Saint et le feu ». Il s’agit là d’abord d’un renouvellement, d’une renaissance.

Dans le baptême par Jean, je décide de changer de vie et de revenir à Dieu, alors qu’avec le baptême dans l’Esprit, c’est Dieu qui vient à moi, qui change ma vie en me donnant la sienne ! Avec Jean-Baptiste, je suis acteur de ma propre conversion, alors qu’avec Jésus je suis le destinataire, le réceptacle de la vie que Dieu me donne.

Par le baptême, nous ne sommes pas plongés, enfoncé par Jean-Baptiste au cœur de notre péché pour mieux le voir et pour enfin décider de nous convertir. Non ! Nous sommes plongés, non pas par Jésus, mais avec lui dans sa mort et sa résurrection pour renaître avec lui à une vie nouvelle. Jésus ne nous montre pas notre péché, il ne cherche pas à nous culpabiliser, il le prend sur lui dans sa mort pour nous en libérer. Sa résurrection est le signe que ce péché est vaincu, qu’il a été anéanti. Le baptême dans le feu et dans l’Esprit Saint, celui que nous avons reçu, n’est pas donc d’abord un baptême qui purifie, mais un baptême qui nous fait naître à la vie de Dieu sans condition aucune, gratuitement, par pur grâce, par amour.

Avec le baptême de Jean-Baptiste, les gens venaient pour devenir des « pécheurs convertis », mais ils venaient par peur de Dieu, et bien ce baptême-là est périmé ! Le baptême inauguré par Jésus est un baptême dans l’Esprit Saint, il nous constitue fils et fille de Dieu, recevant de lui tout son amour et faisant la joie de Dieu. Je ne sais pas si vous vous rendez compte et si vous réalisez que vous faites la joie de Dieu. C’est pourtant ce qu’affirme l’évangile, c’est ce que Le Père exprime à Jésus et à chacun de ceux qui reçoivent sa vie.

Peut-être qu’avec cet éclairage nous pouvons maintenant mieux comprendre l’explication que St Paul donne dans sa lettre à Tite et que nous avons entendue. Je vous la relis : « Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit, Dieu l’a répandu sur nous en abondance, par Jésus Christ notre Sauveur, afin que, rendus justes par sa grâce, nous devenions en espérance héritiers de la vie éternelle. » Amen