Par Franck GACOGNE

Marc 12, 38-44

Il est question d’argent et plus précisément, de quantité d’argent dans cet évangile. Dans notre société, je ne sais pas si vous avez remarqué, nous sommes souvent dans la comparaison. Par exemple, chacun veut savoir si à travail comparable il est rémunéré autant qu’un autre. Beaucoup cherche à savoir ce qu’ils peuvent prétendre. Il y a même une expression qui s’est développée dans le milieu des cadres : « d’après toi qu’est-ce que je vaux ? » Etonnant à première vue de vouloir rapporter les compétences ou les qualités d’une personne à un prix, à une valeur marchande ! Il arrive aussi qu’après un accident, la justice décide de rémunérer un préjudice subie et que l’on s’aperçoive alors, parfois éberlué, qu’une vie peut être chiffrée et qu’en plus toutes ne se valent pas.

Une personne vaut-elle ce qu’elle reçoit ou ce qu’elle a. Dans un tel contexte, vous imaginez bien que la personne qui n’a rien ou qui reçoit peu, ressent très vite le sentiment ne rien valoir, et elle peut alors se demander à quoi elle sert !

Qu’est-ce qui a du prix ? Qu’est-ce qui a de la valeur aux yeux de Dieu ? Eh bien ce ne sont jamais des choses, et l’argent est une chose. Ce qui a du prix pour Dieu, ce sont toujours des personnes. Et pour Jésus, la valeur d’une personne ne se mesure pas à ce qu’elle a. Pour Jésus toute personne a de la valeur, une « valeur absolue » (comme on dit en maths). Toute personne a un prix inestimable à ses yeux simplement par le fait d’exister. Sans aucun jugement de valeur, Jésus ne fait qu’observer la capacité de chacun, non pas à donner, mais à se donner. C’est la scène que nous offre l’évangile aujourd’hui. Dans le Temple, tout le monde voit ceux qui donnent parce que ce sont de grosses sommes et que cela attire l’œil, mais Jésus est le seul à voir celle qui se donne.

Là où quelques-uns ont peut-être vu, malgré sa discrétion, dans le don de la pauvre veuve une contribution insignifiante, Jésus, lui, y voit le don le plus important qui puisse être fait. Et Jésus en est tellement marqué et même éblouis qu’il le fait remarquer à ses disciples : « Elle a mis plus que tous les autres, car elle a mis tout ce qu’elle avait pour vivre ». Cette femme est pour lui comme un révélateur de sa conscience. A son tour, et à son exemple, Jésus va maintenant, dans les versets qui suivent, quitter le temple dans lequel il se trouve pour rejoindre le Mont des oliviers, le lieu où, comme la veuve, il donnera lui aussi tout ce qu’il a, tout ce qu’il est, toute sa vie.

Je crois que ce passage nous invite à essayer de prendre au quotidien le regard perçant de Jésus qui détecte dans un geste, dans une attitude a priori insignifiante le signe d’une vie donnée. Et comme pour Jésus, que nous puissions nous laisser convertir par ce que nous observons pour, à notre tour choisir comment donner notre vie. Amen.