Par Franck GACOGNE

Marc 4, 26-34

Quelques versets avant ces deux petites paraboles, Jésus avait offert à la foule la grande parabole du semeur et il l’avait ensuite expliqué en particulier aux Douze. Et voilà qu’à nouveau il est question de semences pour leur faire comprendre ce qu’est le Règne de Dieu. Et Marc nous dit qu’ainsi : « Jésus leur annonçait la Parole ». Pourquoi ne pas penser alors que ce soit sa Parole qui est semée. Que ce soit sa Parole qui germe et grandisse on ne sait comment au sein d’une communauté rassemblée, au point que certain témoignent qu’en eux même, ce blé a mûri tout au long de l’année, qu’il est plein comme l’épi, plein d’autres paroles qui ont germés et qui à leur tour peuvent maintenant être semées. C’est le temps de la moisson, pour 8 adultes de notre paroisse, c’était le temps de leur confirmation. Nous avons partagé leur joie. Que la Parole continue son œuvre. Il n’y a qu’une seule condition à cela nous dit Marc : que cette Parole soit semée, c’est-dire que notre vie soit donnée, alors lui-même se chargera bien de la croissance, on ne sait pas bien comment. Mais Marc nous invite à bien observer et à rendre grâce.
La deuxième parabole évoque elle aussi la croissance de la personne qui goûte à la Parole de Dieu, mais en plus, Marc nous dit que c’est un lieu de resourcement, un lieu de repos, un abri rassurant pour d’autres qui s’en approchent : « les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre ». Laissons le Seigneur, laissons sa Parole d’Amour croître en nous, alors sans le chercher ni le vouloir, la stature que le Christ nous donnera sera un refuge pour beaucoup de petits malmené par la vie ou qui avance à tâtons.
Le « Royaume de Dieu » ! C’est de cela qu’il est question dans notre évangile. Si Jésus nous propose autant de paraboles différentes pour en parler c’est parce qu’une seule ne suffit pas pour le décrire, c’est pour ne jamais pouvoir se l’approprier, le capturer, l’enfermer dans une définition. La parabole ouvre un mystère, non pas une énigme mais un mystère. Le mystère ne cherche pas de solution, alors que l’énigme est entièrement repliée sur la solution à trouver. Le mystère ouvre donc au sens, le mystère ouvre à la vie, il est comparable, pour utiliser deux images, à un puits sans fond ou un océan sans rivage. Nous sommes appelés à puiser tout en sachant que nous ne tarirons jamais le puits et nous ne toucherons jamais son fond, nous sommes appelés à naviguer mais jamais nous ne poserons le pied sur une terre dont nous pourrions devenir les propriétaires. Le Royaume de Dieu ne se possède pas, il s’accueille. Il n’est pas un produit fini que je peux mériter ou acheter, non, il est en construction, en croissance. J’aime bien l’image du dessin en perspective : le Royaume de Dieu, ce serait le point de fuite de la perspective, il attire notre regard et nous donne d’avancer vers lui. Mais on ne l’atteint pas là bas, c’est en avançant vers Lui, qu’ici même notre vie se met en perspective, que l’on découvre le Royaume, qu’on le goûte, et qu’il advient. Le Royaume se vit et s’expérimente sur le chemin et non pas à son terme, quand nous découvrons par hasard que le Christ y chemine avec nous, quand en parler, le recevoir d’un compagnon de route, en vivre et le partager nous fait grandir dans la foi et rend nos cœurs tout brûlants.
Marie Pestier, est pour nous aujourd’hui la figure de la priante confiante et fidèle, comme tous ces « petits » qui viennent confier aujourd’hui leur vie à Dieu par Marie ici, comme à Fourvière ou à Lourdes. Pour beaucoup, les fardeaux de la vie sont lourds à porter, et Marie qui a supporté le visage souffrant de son Fils et qui a porté son corps au tombeau saura bien alléger notre fardeau. Nous sommes parfois ces oiseaux du ciel qui font leur nid à son ombre. Mais n’oublions pas aussi de nous risquer en étant cette modeste graine qui se lance dans la vie comme elle est jetée en terre, le Seigneur la fera grandir et porter du fruit. Amen.