Par Franck GACOGNE

Actes 4, 8-12; 1 Jean 3, 1-2 et Jean 10, 11-18

C’est aujourd’hui la journée mondiale pour les vocations, et je trouve que cette première lecture des Actes des Apôtres et cet extrait de la première lettre de St Jean sont des textes plutôt éclairant pour nous aider à comprendre ce que l’on entend par le mot « vocation », ou par l’expression « vocation en Eglise ». Je suis sûr que certains sont en train de se dire : « Oh, cela ne me concerne pas ! ». Attention, la vocation n’est pas une météorite qui tombe sur quelqu’un que Dieu aurait choisi à l’exclusion des autres. La vocation, n’est pas le choix de Dieu pour un seul. Non, c’est exactement le contraire ! La vocation, c’est le choix de chacun, donc de nous tous pour Dieu, mais ce choix va se faire de manière diverses selon les personnes, dans des formes de vie différentes.

A la base de ce choix, il y a le baptême. Car tout baptisé est appelé à s’épanouir, à exercer son baptême comme on s’entraîne à un sport, c’est-à-dire en le pratiquant. La vocation, c’est la manière dont nous allons choisir de vivre notre baptême. Tertullien, un des pères de l’Eglise des premiers siècles interpellaient les baptisés de tous les âges en leur disant : « chrétien, deviens ce que tu es ! ».

Etre baptisé, voilà un programme plutôt flou : non pas faire ceci ou faire cela, mais seulement être baptisé. Le propre du Christ en effet n’est pas de nous contraindre dans telle activité ou telle autre, dans tel projet de vie au détriment de tel autre, dans telle vocation à l’exclusion d’une autre. Non, le Christ nous veut libre, pour cela il nous offre le baptême, et il espère en nous le bonheur et la joie des enfants de Dieu. Le jour de notre baptême, il nous donne sa propre vie. Comme pour Jésus, au jour de son baptême, Dieu dépose en chacun de nous tout son amour, et notre vocation à tous, ce n’est finalement pas autre chose que d’essayer de répondre à cet amour donné. En fait s’il fallait dire en une phrase à quoi cela sert d’être baptisé, je reprendrai celle d’un psaume : être baptisé, c’est chercher « comment par toute ma vie rendre au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ». Il n’a pas par avance un projet précis et tout tracé pour moi. Dieu m’appelle à la liberté et au bonheur, il nous appelle à un épanouissement dans la foi. Cette vocation va se décliner pour chacun de nous de façons très différentes : soit en se mariant et en fondant un foyer, soit en s’engageant dans la vie religieuse, ou encore en vivant un service de proximité dans le diaconat permanent, soit encore dans l’accompagnement d’une communauté chrétienne comme prêtre… Le Christ nous appelle à le suivre quelque soit l’orientation que nous avons choisi ou que nous allons choisir pour notre vie. Jésus-Christ nous invite au bonheur par le baptême. Vous savez, quand la première Renault Twingo est sorti, la pub donnait ce slogan : « A vous d’inventer la vie qui va avec ! ». Je crois que c’est exactement cela le sens du baptême : à nous, à chacun de nous d’inventer la vie qui va avec !

Nous avons entendu cet évangile du « bon pasteur ». Ne nous laissons pas endormir par l’image bucolique et champêtre du bon berger souvent utilisé dans la Bible, comme si Jésus voulais qu’on le suive comme des moutons ! L’évangile nous décrit l’attitude du berger qui est celle du Christ à notre égard : celle de connaître chacun d’une façon unique par son nom, et de lui donner sa propre vie. Le berger mercenaire lui au contraire n’a que faire des brebis, elles ne sont pour lui qu’un moyen de gagner sa vie. Le Christ ne manipule pas les baptisés pour en faire ses adeptes ou les conduire là où ils ne voudraient pas aller, l’évangile nous dit qu’une relation de connaissance mutuelle s’établit entre eux, et que le Christ n’est pas berger pour lui-même, mais qu’il donne sa vie pour eux. En revanche c’est à moi d’inventer et de choisir la vie qui va avec celle que le Christ me donne…