Par Damien GUILLOT

Jean 3, 14-21

Frères et sœurs, cet évangile de Jean peut nous choquer ou nous mettre mal à l’aise.

Les hommes ont préféré les ténèbres nous dit Jean. N’a-t-il pas une vision très négative de l’humanité ? Peut être mais reconnaissons que nous ne sommes pas toujours en nos vies sur ce chemin lumineux qui rend vraiment heureux, ce chemin de l’amour avec les autres, avec nous même, avec Dieu.

Jean semble laisser sous entendre que ceux qui ne croient pas en Dieu sont déjà jugés comme perdus, n’ayant pas la vie éternelle et sont des personnes qui semblent préférer les ténèbres car leur actions sont mauvaises. Et pourtant, c’est le même Jean ou la même école johannique pour les spécialistes qui dira dans les lettres de Jean dans la Bible que « tous ceux qui aiment sont enfants de Dieu et ils connaissent Dieu ». Qui sont enfants de Dieu, qui sont ceux qui connaissent Dieu ? Ceux qui aiment : qu’ils soient croyants ou non croyants. Comme nous le rappelle le concile Vatican II, nous croyons que tout homme et toute femme qui vit de cet amour avec les autres est sauvé aujourd’hui et demain au terme de sa vie.

Comment comprendre que Dieu donne son Fils et que ce don ira jusqu’à la mort sur la croix ? Comment comprendre que par là nous sommes sauvés, que par là nous avons la vie éternelle ? Ce sera l’homélie de la semaine prochaine.

Alors dans l’humilité de notre vie de croyant marquée par notre foi fragile, tentant de vivre de cet Amour que Dieu donne : comment entendre l’évangile de ce jour ?

Ludmila, une adulte qui est en train de se préparer au baptême sur notre paroisse nous donne je crois une clef centrale pour accueillir cette parole de Dieu en notre vie. Mardi soir, elle nous disait : « je ne sais que penser du fait que Dieu donne son fils sur la croix mais j’entends ce texte de Jean comme la question d’un choix qui m’est posé dans ma vie : le choix de croire et de suivre le Christ ou de ne pas y croire. Et elle continuait en disant qu’aujourd’hui croyant au Christ c’est comme si des choses lumineuses s’ouvraient sur sa vie.

Je crois qu’elle a raison. L’expérience ne nous montre t’il pas que toute relation nouvelle dans notre vie nous ouvre à quelque chose d’autre, nous emmène ailleurs dans des lieux pas toujours prévus où nous nous transformons, nous murissons.

Si je crois que nous pouvons être très heureux sans la foi, faire des choses magnifiques pour les autres sans la foi : la foi en Dieu, la foi en Christ mort et ressuscité ouvre aujourd’hui en nos vies des choses nouvelles. Cette relation comme toute relation nous transforme, nous emmène ailleurs.

Un moine me disait « cette relation à Dieu, au Christ, elle m’à déjà emmené ici dans ce monastère. Et au vu de ce qu’était ma vie d’avant (et ça semble bien vrai) : ce n’était pas bien prévisible. Cette relation au Christ disait il, elle m’emmène à aimer comme je crois je n’aurais jamais aimé sans lui ». Et c’est vrai qu’il a un sacré carafon ce moine là et nous croyants avons-nous une relation au Christ, vers qui, vers quoi nous emmène cette relation à Jésus aujourd’hui dans nos vies ?