Par Damien GUILLOT

Mc 1, 7-11

Frères et sœurs en Christ, baptisé en Christ mort et ressuscité, comment la Parole de Dieu raisonne elle avec ces évènements tragiques de ces jours ?

Avant de faire raisonner la Parole :

– Il est mesquin de savoir si nous devons ou pas, pleurer ceux qui pouvaient ne pas nous faire rire. Nous pleurons.

– Devrais-je me taire ? Dans cette situation se taire n’est ce pas dire que la mort a le dernier mot ? Bien sûr il s’agit de n’oublier personne au moment où la violence nous surprend. On massacre dans tant de pays ; ce sont si souvent les plus faibles les premières victimes de la haine ; violence de nos modes de vie qui participent à l’humiliation, au maintien dans l’esclavage de la pauvreté.

Alors comment la Parole de Dieu a nourri notre réflexion avec l’équipe de préparation de cette célébration ? Dans la première lecture d’Isaïe ces mots ne raisonnent ils pas ? « Mes pensées ne sont pas vos pensées et vos chemins ne sont pas mes chemins, autant mes chemins sont élevés au dessus de vos chemins et mes pensées au dessus de vos pensées ». Oui avec les musulmans nous le croyons, dans notre foi nous ne pouvons pas tuer au nom de Dieu. Ce n’est pas l’Islam qui a tué ces pauvres personnes mais des personnes dérangées psychiquement intellectuellement souvent socialement anéanties. Oui comme le dit la première lecture nous le souhaitons avec les musulmans : « Que le méchant abandonne son chemin et l’homme perfide ses pensées, qu’il revienne vers le Seigneur qui lui montrera sa miséricorde vers notre Dieu qui est riche en pardon ». Dieu qui condamne le mal et qui nous invite à en faire de même, mais Dieu qui ne condamne jamais les personnes et qui nous invite à en faire de même. Nous y sommes appelés et nous y arrivons parfois mais souvent pour l’homme c’est impossible de pardonner comme Dieu pardonne, d’espérer en tout homme comme Dieu nous espère sans cesse. Nous sommes au moins invités à ne pas faire d’amalgames entre des gens perturbés dont je ne connais pas la religion et ce qu’est l’Islam. Nous sommes invités à comprendre pourquoi aujourd’hui nous avons l’impression que des personnes musulmanes semblent se satisfaire de ce qui c’est passé ou ne semblent pas assez réagir, invité à comprendre aussi pourquoi on veut nous faire croire cela.

Nous sommes invités à balayer devant notre porte. Le mal c’est aussi le bien que je ne fais pas. Toutes nos omissions pour condamner le mal : ce sont ces mêmes barbares qui ont tué à Toulouse, en Belgique ou enlevé toutes ces filles au Niger. Nos omissions c’est aussi tout le bien que je ne fais pas par exemple tout ce qui construit la paix, le dialogue, la connaissance de l’autre. Ecoutez et vous mangerez, écoutez et vous vivrez : se mettre à l’écoute de Dieu, des autres, de cette Parole qui vient féconder nos vies.

 Comme le dit la deuxième lecture « la Victoire remportée sur le monde, (pensé pour St Jean comme tout ce qui en notre monde est lieu de replis et de la mort) c’est notre foi. Notre foi commune à toutes les religions monothéistes, oui un Dieu, en qui j’ai confiance, en qui je n’ai plus de craintes et c’est aujourd’hui, ce que souhaitent ces personnes qui ont tué : installer la peur, la mort.

Le psaume nous invite « à rendre grâce au Seigneur, à proclamer son nom, à annoncer parmi les peuples ses hauts faits ! ». Non pas chacun chez soi, bien calfeutré mais dans un monde laïque où toutes les personnes sont respectées pour ce qu’elles croient ou ne croient pas, dans une société laïque ouverte à la pensée des uns et des autres avec ce qui fait aussi nos convictions de foi qui nous engagent au monde, non pas dans une société laïque stérilisée de la vie de foi.