Par Franck GACOGNE

Luc 2, 1-20

        Ce soir, mettons-nous dans la peau des bergers. Nous le savons, les bergers travaillent dehors, mais l’évangile que nous venons d’entendre nous précise en plus que même la nuit, ils vivent dehors. Ne sont-ils pas alors les mieux disposés à trouver la famille qui a été mise dehors de la salle commune ? En effet, les premiers bénéficiaires de l’annonce de la Bonne Nouvelle, ce sont eux, les bergers, c’est chacun de nous ce soir. Cette Bonne Nouvelle, c’est celle de l’annonce d’une naissance.

Nous sommes rempli de joie lorsque dans notre famille nous recevons la nouvelle d’une naissance : un frère, une sœur, une petite fille, un cousin… Cette naissance élargie le cercle de la famille. Mais là, la dimension est tout autre, voilà pourquoi cette annonce vient de Dieu par l’intermédiaire de son envoyé, et elle concerne toute l’humanité de tout temps, et de tous les temps. Pourtant, elle n’est pas faite au plus puissant média de l’époque pour qu’elle puisse se répandre au plus vite ; mais aux plus modestes, aux plus pauvres : les bergers dehors, dans la nuit pour qu’elle se dise et s’expérimente dans une rencontre authentique, dans un cœur à cœur avec l’autre : « Aujourd’hui vous est né un Sauveur qui est le Christ, le Seigneur »

Et aussitôt que les anges les quittent, les bergers décident d’aller voir ce qui est arrivé, comme nous ce soir, nous sommes venus jusqu’ici entendre cette Bonne Nouvelle et voir cet enfant. Ce sont eux les bergers souvent tenus pour malhonnêtes, méprisés, au bas de l’échelle sociale. Ce sont eux qui rapportent à Marie et Joseph ce qui leur a été annoncé au sujet de cet enfant, on pourrait dire que c’est comme si c’était la deuxième annonce faite à Marie et à Joseph. Pourtant, Un nouveau né dans une mangeoire, quoi de plus commun pour des bergers, leurs propres enfants ne devaient sans doute pas naître dans des lieux plus luxueux. Mais voilà que cet enfant est le Messie attendu, et parce qu’il embrasse la pauvreté et l’humilité des bergers, il embrasse la nôtre ce soir. En prenant naissance dans une mangeoire au cœur de leur quotidien, les bergers se trouvent être maintenant les premiers témoins de la Bonne Nouvelle qu’ils s’empressent alors d’annoncer, non plus simplement à Marie et Joseph mais à tous les alentours. Dès les premiers instants, le nouveau-né préfigure celui qui sera accessible aux pauvres et aux petits, à ceux qui sont éprouvés dans leur santé. Il les prendra par la main, mangera à leur table. Alors ce soir dans cette église, oui, nous sommes un peu comme les bergers. Nous entendons l’annonce de la naissance du Messie, une espérance pour tous, et pour tous les temps. Que cette bonne Nouvelle déborde de nos lèvres et de nos cœurs.

Dans quelques heures dans quelques jours, nous allons retrouver nos proches, des amis, des collègues, des « vivant dehors »… qu’allons-nous leur dire de la Bonne Nouvelle que nous recueilli ce soir ?