Par Damien GUILLOT

Mt 25, 14-30

Frères et sœurs, je vous demanderai de répondre en toute honnêteté, qui dans cette assemblée est choqué par la décision du maître avec ce troisième serviteur ? Comment comprendre un texte qui choque ?

Tout d’abord, lire ce texte en ne le séparant pas de toute la Bible, en ne le séparant pas de tout ce que nous connaissons de l’amour de Dieu pour tout homme.

Deuxièmement, avoir confiance dans cette parole inspirée par l’Esprit Saint et chercher le message positif de ce texte qui dans un premier abord me choque.

Maintenant revenons-en à notre parabole :

Il nous faut bien comprendre que nous sommes dans une histoire racontée par Jésus qui vise autre chose qu’une question d’argent. Un talent c’est est un bloc de 14 kg d’argent qui vaut 6 000 deniers soit 17 années de salaire pour un ouvrier. Alors qu’est ce que donne le maître à ses serviteurs ? Le texte nous dit que le maître part et leur livre ses propres biens. Le maître, c’est le Christ qui livre ses propres biens, qui livre ce qu’il est : un être d’amour avec les autres et en Dieu. Il donne à chacun ce qu’il peut être en capacité de recevoir et de faire vivre.

Si nous arrivons à sortir de la logique marchande du texte où le talent n’est pas quelque chose mais ce que tu es et ce que tu deviens : celui qui en reçoit 5 du Christ et qui le fait vivre devient ce qu’il a reçu :5 est pareil à 2. C’est notre foi, il a pris notre humanité pour que nous vivions de sa divinité. Dans la logique du maitre 5=2, c’est exactement la même vie qui est promise, la même récompense « entre dans la joie de ton maître ».

La traduction de ce texte ne nous aide pas à sortir de la logique comptable. Le maître, nous est-il dit, revient et leur demande des comptes. Le texte original grec dit « le maître vient » dans le sens d’une nouvelle venue, quand il est parti il est vraiment parti en faisant don ce de qu’il était. Quand il vient de nouveau, il ne règle pas ses comptes mais le texte grec dit : « il lève ensemble le logon (la parole) avec eux ». On pourrait traduire, il élabore avec eux, et il y a une insistance sur cet avec eux, une parole sur ce que chacun est devenu en lien avec ce qu’il a reçu et qui l’a fait vivre.

Alors maintenant comment comprendre ce qui est décrit avec ce troisième serviteur ? Il est celui qui a refusé le don qu’il reçoit du maître. S’est il renfermé par jalousie parce que les autres ont à priori plus reçu ? En tous cas, il s’est condamné lui-même à la peur, à la peur en lien avec l’image catastrophique qu’il a du maître et c’est peut être en cela qu’il est mauvais pour avoir condamné le maître. Par peur il se serait renfermé, le maitre qui connaît les cœurs semble dire que c’est plutôt par paresse. Il s’est là encore condamné lui-même car en effet celui qui vit de cet amour reçu, les uns avec les autres recevra encore de cet amour partagé. Celui qui se coupe de l’amour va plutôt vers l’appauvrissement de sa vie.

Reconnaissons frères et sœurs qu’au milieu de cette vie où il existe pleurs et grincements de dents, nous sommes parfois ce dernier serviteur ayant des images catastrophiques sur Dieu à abandonner et que comme ce dernier serviteur pour mille et une raison nous n’avons pas envie de cette relation d’amour avec les autres, avec Dieu qui nous donne d’élaborer en lui, avec lui une parole sur ce que nous vivons pour vivre de ce qu’il est pour plus de bonheur, plus de joies.