par Damien GUILLOT

Luc 17, 11-19

         Au temps de Jésus, la lèpre comme les autres maladies étaient comprises comme le résultat du péché de l’individu, comme une sanction de Dieu. J’espère que les temps ont changé et pourtant n’entendons nous pas souvent cette phrase : « Si Dieu existait il n’y aurait pas tant de souffrances, mon Dieu qu’est ce que j’ai fait pour être malade ? » La lèpre est une maladie contagieuse, ce qui explique que les lépreux devaient garder une distance avec les biens portants. S’ils guérissaient, ils devaient aller se montrer au prêtre qui certifiait la guérison et permettait ainsi à la personne de rejoindre les bien portants et d’aller au temple faire une offrande pour sa guérison.

         Aujourd’hui, Jésus pose une question devant le retour de ce samaritain guéri. Les samaritains étaient considérés par les juifs comme des étrangers car de culture hybride, et pour des questions de foi comme des hérétiques et des schismatiques. L’histoire racontée dans cet évangile et la question de Jésus aujourd’hui m’interpelle : « Est-ce que tous les dix n’ont pas été purifiés ? Et les neuf autres où sont-ils ? On ne les a pas vus revenir pour rendre gloire à Dieu ; il n’y a que cet étranger ! ». Sur les 10 un seul, cet étranger revient : pour rendre grâce et pour dire merci au Christ. Son attitude prostrée au sol exprime le fait qu’il a reconnu en Jésus : Dieu fait homme car dans la loi il est écrit « seul devant Dieu tu te prosterneras. Il dit merci pour celui qui l’a sauvé, celui qui l’a sauvé de tout ce qui pouvait le couper et l’exclure de la relation et de la vie avec les autres. Les neufs autres n’ont pas reconnu en Jésus, Dieu fait homme. Pour autant, n’ont-ils pas rendu grâce à Dieu soit dans leur cœur de manière personnelle soit en allant au temple en déposant leur offrande ? Ce n’est pas dit.

        Rendre grâce ou dire merci, c’est ce que signifie le mot Eucharistie. La messe comme toute la prière chrétienne est d’abord eucharistie, un grand merci. Un grand merci pour ce que Dieu est, pour ce que Dieu a fait de nous comme homme et comme femme, pour ce que Dieu donne c’est-à-dire lui-même dans sa Parole et dans le Corps et le Sang du Christ, un grand merci pour sa présence quand plusieurs sont réunis en son Nom. Pour dire merci de tout cela à Dieu : y aurait-il besoin de l’Eucharistie? Je crois que ceux qui ne viennent pas la messe savent dire merci à Dieu autrement dans leur vie. Pour nous qui venons, quel est le sens de notre venue ? Venons-nous par obligation ? Ou percevons nous comme le dit le concile Vatican II que l’Eucharistie est « source et sommet de toute la vie chrétienne » : la source pour grandir dans la foi et pour trouver les ressources pour vivre ce que nous avons à vivre ; le sommet comme le sens maximal de tout ce que nous vivons, comme le moyen le plus fort pour rendre grâce ou  pour dire merci à Dieu. Notre cœur est il brulant devant ce que à quoi nous sommes en train de communier, de partager et de recevoir de celui qui a pris notre humanité pour que nous vivions de sa divinité.