Par Amos BAMAL

Matthieu 10, 26-33

                                Ne craignez pas !

         Porter la Parole de Dieu a toujours été une grande et belle mission. Mais nous savons tous qu’elle comporte son lot de difficultés et de souffrances. Comme Jérémie, ceux qui s’engagent à la suite du Seigneur, loin de connaître la sympathie et les encouragements, devront subir l’épreuve, l’incompréhension, les moqueries et même la persécution.
Dans l’évangile de ce jour, Jésus continue son exhortation aux disciples missionnaires. Il enseigne que le disciple doit imiter son maître, car s’il imite parfaitement son maître, il devrait normalement souffrir comme lui. L’identification avec le maître comporte donc des risques de souffrances. Nous trouvons ici, une définition parfaite du disciple comme celui qui imite, marche derrière, ou encore chemine avec son maître.
Malgré la souffrance prévisible dans la mission, Jésus invite le disciple à ne pas craindre, car Dieu est le maître de l’histoire. Animé de cette conviction, le disciple est invité à parler courageusement, à dénoncer le mal qui se fait dans l’obscurité, à mettre au grand jour ce qui se dit et se fait sous les toits. Le disciple ne devrait pas craindre l’homme qui n’a qu’un pouvoir limité et ne peut atteindre en nous que la vie terrestre, le corps, alors que Dieu est le gardien de la vie de tout homme, de qui il connaît le nombre de cheveux. Surtout, le disciple est invité à prendre publiquement partie pour le Christ sans compromis, sans recul, sans honte. Celui qui a le courage de défendre le Christ devant les hommes, devant Dieu sera reconnu et défendu par le Christ.
Jésus nous assure de son soutien indéfectible. Pas de crainte, pas de frilosité, pas de complexe ni d’agoraphobie, il faut clamer la Bonne Nouvelle sans retenue, dans les églises, sur les places, dans les familles, dans les lieux de travail, dans les médias.
Ne craignez pas, répète le Christ ! Ne craignez pas le sourire moqueur de vos proches qui vous trouve niais, ni les sarcasmes malicieux des détracteurs de Dieu et de l’Eglise, encore moins les railleries des chrétiens timorés qui pour se donner bonne conscience, préfèrent critiquer…
Ne craignez pas votre incompétence, votre langage peu fourni, votre insuccès…Ne craignez pas d’être incompris, critiqué, calomnié, trahi, rejeté, parce que vous avez défendu la vérité ou agi avec justice…N’ayez pas peur de votre passé dans lequel certains vous enferment comme si vous n’étiez pas capable de changement, du présent qui vous oblige à vous battre sans cesse pour survivre, du futur incertain qui vous donne des insomnies.
Jésus assure qu’il nous délie de tous ces liens qui entravent notre épanouissement spirituel. Mais il ne se contente pas de dénouer les liens de nos peurs, de dégonfler toutes ces inquiétudes qui nous emprisonnent et nous empêchent de vivre la joie des enfants de Dieu. Pour nous enseigner le chemin de la véritable liberté, notre véritable vocation d’hommes, il nous rappelle que, s’il existe une crainte qui emprisonne et étouffe, il existe aussi une crainte salutaire, une crainte qui fait grandir. En effet, s’il nous délivre de nos fausses peurs, c’est pour nous rappeler que l’enjeu de notre existence se trouve ailleurs. Car nous risquons toujours d’oublier que nous sommes bien plus grands que nous le pensons. Nous risquons toujours de limiter nos horizons à ce monde, alors que nous valons infiniment plus que tout ce que nous pourrions y amasser.
La bonne nouvelle de ce dimanche c’est que Dieu ne nous abandonne pas ; bien au contraire, il prend soin de chacun de nous. Il est à nos côtés dans notre combat contre les forces du mal. Son amour nous est acquit une fois pour toutes et rien ne peut nous en séparer. Au-delà de la croix, se trouve la certitude de la résurrection, celle que nous célébrons chaque dimanche. Comme Jérémie, comme Jésus et comme Paul, nous sommes envoyés.
Que l’Esprit Saint soit toujours avec nous pour nous aider à rendre compte de l’espérance qui nous anime. Et que Marie, notre mère du ciel, nous accompagne sur ce chemin.