Par Amos BAMAL

Jean 20, 1-9

Le Christ est vraiment ressuscité, alléluia !

         C’était un matin, le matin de la nouvelle humanité, Marie Madeleine avait couru au tombeau et était revenue en hâte rapporter ce qu’elle avait vu aux disciples. Qu’avait donc vu Marie Madeleine ? Personne ! Juste la pierre roulée et la tombe vide. Les disciples coururent eux aussi au tombeau, et que virent-ils ? Personne ! Juste le linceul et les linges restés là…L’absence de Jésus les bouleverse, mais la présence de ces signes et l’ordre avec lequel ils ont été classés attestent que Jésus s’est totalement libéré de tous ces liens qui le retenaient captif de la mort ; son corps ressuscité est désormais libre de toute entrave. Le chemin de foi des apôtres commence là, devant ce silence du tombeau, face à ces objets à la présence troublante, et c’est Jean, le disciple que Jésus aimait particulièrement, qui, en s’éclairant des Ecritures, commence par comprendre ce qui jusque-là était plus qu’improbable pour les disciples.

         Notre chemin de foi se heurte souvent à cette absence de Dieu, à ce silence qui nous semble incompréhensible. L’exemple des disciples est plus qu’édifiant : pour croire, il ne faut pas nécessairement avoir vu le Christ. Croire à la résurrection, c’est d’abord accepter d’entrer dans la dynamique d’un témoignage. En ce sens, la résurrection est d’abord un événement proclamé avant d’être une réalité dont on donne, sous la pression de la contestation des éléments de vérification. La foi est mémoire fondée sur un témoignage. L’évangile de Jean de ce Saint jour de Pâques présente trois attitudes typiques en face de Jésus. Marie Madeleine représente la foi imparfaite, elle s’attache à Jésus, mais à Jésus mort. Pierre constate le signe du tombeau ouvert et vide. Il deviendra croyant lorsque Jésus lui apparaîtra et le constituera témoin officiel de la résurrection. Jean quant à lui est le type du croyant parfait qui sait lire le signe du tombeau ouvert et vide. Les chrétiens sont donc appelés à, partager avec tous les hommes leur foi en la résurrection. En ce sens, la foi chrétienne est une foi pascale.

         Après la résurrection, Jésus aurait pu se promener sur les places pour être vu des foules. Certes beaucoup aurait cru en lui, mais Dieu se serait imposé aux hommes. Dieu veut qu’en toute liberté, à partir des signes qui nous sont donnés, nous adhérions au mystère de sa présence. Les signes de la résurrection nous sont donnés chaque fois que l’amour l’emporte sur la haine, que la vérité et la justice triomphent, que la conversion transforme une vie, que la confiance prend le dessus sur le désespoir, que les valeurs de la foi l’emportent sur la promotion d’une société attirée par les plaisirs et l’individualisme. Autrement dit, c’est nous qui sommes désormais chargés de faire voir les signes de la résurrection par une vie libérée des réalités de la terre qui sont essentiellement la perversité et le vice pour rechercher les réalités d’en haut où le Christ est entré et où il nous invite.

         La Bonne Nouvelle de Jésus ressuscité implique justement la victoire du Christ sur la mort et toutes les puissances du mal qui tenaient l’homme dans l’angoisse et le désespoir. Désormais, ni la souffrance, ni la maladie, ni la mort, ni le péché et ses nombreuses ramifications ne constituent plus des obstacles insurmontables pour l’avenir de l’homme et son épanouissement à condition, bien sûr, de savoir tenir fermement la main du ressuscité et se soumettre à son Esprit. Dans sa résurrection, le Christ nous a déjà acquis l’immortalité. Dès maintenant, il s’agit pour nous de laisser cette immortalité gagner notre vie en repoussant tout ce qui peut conduire à la mort. Bref, il s’agit de libérer la vie partout où elle peut être emprisonnée à cause du péché des hommes.

         Le Seigneur est ressuscité, celui que Dieu a envoyé pour nous sauver. Il nous fait passer de nos ténèbres à son admirable lumière. Il illumine notre vie, et lui donne un sens. Il nous rassure que le chemin du ciel nous est désormais ouvert. La joie de pâques déborde dans nos cœurs, et nous porte à nous engager pour une vie nouvelle dans le Christ. Revoyons notre vie de chaque jour et laissons que puisse la traverser un rayon de lumière que la résurrection du Christ apporte. Puisse cette célébration eucharistique être pour notre communauté paroissiale un vibrant témoignage que le Christ est ressuscité et qu’il nous entraîne avec lui, dans la puissance de son Esprit.

                                                 Amen