Par Franck GACOGNE

Mt 28, 1 – 10

Hier, partout dans le monde, beaucoup ont entendu et vécu avec Jésus sa Passion. Condamné injustement, crucifié comme un malfaiteur, abandonné de tous, sa mort a dispersé ses disciples, fermés dans leur terreur et leur dégoût d’eux-mêmes. Et nous-mêmes, nous sommes rentrés en silence chez nous : tout est fini, tout est foutu !

Pourtant, si nous sommes là ce soir, c’est parce que cette mort de Jésus n’était pas la fin de l’histoire. Nous avons reçu de nos parents, qui l’ont reçu de leurs parents, qui eux-mêmes l’ont reçu de leur propres parents et ainsi de suite en remontant jusqu’aux apôtres ; par leur transmission, nous avons reçu Le message qui change la face du monde et explique notre présence ce soir. Ce message est un témoignage vigoureux et transfigurant : « Vous, soyez sans crainte ! Je sais que vous cherchez Jésus le Crucifié. Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit. ». Autrement dit, Jésus est hier, aujourd’hui et demain le Vivant pour toujours.

Nos rassemblements, nos réunions, nos célébrations n’ont de sens que parce que Jésus le Christ nous communique sa vie aujourd’hui, et maintenant. Jésus n’est pas un souvenir, nous ne sommes pas membres d’un club d’anciens combattants qui ne cessent de faire mémoire depuis 2000 ans d’un homme certes extraordinaire, mais qui est mort. Non ! Si nous sommes rassemblés ici et maintenant, c’est parce que le Vivant nous y devance, il nous précède en Galilée, c’est-à-dire chez nous, dans notre histoire, parce que c’est Lui qui en est l’avenir. Qu’est ce que la Galilée, sinon le carrefour des nations le quotidien des disciples : là où ils ont leurs racines, leur famille, leur travail. C’est là que Jésus leur demande d’aller le retrouver. C’est là, dans leur quotidien qu’ils ont à repérer les traces du Ressuscité. Cette ville de Bron, c’est notre Galilée. Le Christ nous y envoie pour avec lui, ouvrir des passages à sa vie, à sa lumière.

Les femmes quittent le tombeau à la fois craintives et joyeuses, elles sont dépassées par les événements. Chrétiens, nous sommes dépositaires d’un message aussi énorme que la résurrection. Peut-être que nous aussi, dépassés par les événements, ou par crainte des autres, par peur d’apparaître trop insolite, nous n’osons en être témoin, ou nous ne savons pas comment l’être. Et pourtant ce message a une telle force que rien ne peut l’arrêter, pas même la médiocrité de ses témoins. A temps et à contretemps, ce message continue de proclamer au monde que la vie est plus forte que la mort, que la lumière est plus puissante que les ténèbres, et que l’amour vaincra toujours de la haine. Et si vivre la résurrection et en être témoin, c’était déjà d’en être convaincu, et d’œuvrer au quotidien à l’accomplissement de l’amour contre la haine, du pardon contre l’offense ; d’œuvrer à l’accomplissement de la joie contre la tristesse, de la lumière contre les ténèbres. C’est toute la prière de saint François d’Assises que vous connaissez : « Là où il y a la haine, que je mette l’amour. Là où il y a le désespoir, que je mette l’espérance… »

Ingrid et Pauline, si vous êtes là ce soir, et nous avec vous, c’est parce que le Christ veut vous donner sa vie en abondance, et que vous avez l’immense désir de la recevoir. Et nous tous, nous voulons nous en réjouir. La Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, l’Evangile, vous l’avez reçu, il vous a été transmis par vos parrains, marraines, par vos accompagnatrices sur le chemin du baptême, des témoins rencontrés dans votre histoire… Toutes ces personnes ont été des maillons indispensables qui permettent aujourd’hui à l’eau vive du baptême de vous désaltérer de la vie de Dieu et de vous accueillir comme membre du Corps du Christ. Merci Ingrid et Pauline pour la bénédiction que vous nous faites vivre à tous ce soir. Que votre immersion dans la résurrection du Christ comble votre vie de bonheur, et qu’elle ravive notre foi à tous. Amen.