Par Amos BAMAL

Luc 2, 1-14

« Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes qu’il aime ».

            Ce chant de joie et d’allégresse retentit en cette nuit dans toutes les églises du monde pour fêter la nativité du Seigneur. Des mots clamés par une troupe céleste pour célébrer la naissance d’un enfant en qui les anges reconnaissent comme le Messie promis pour le renouvellement et le salut des hommes.

            En cette fête de Noël, nous contemplons l’incroyable : en la personne de son Fils, Dieu choisit de naître dans notre humanité pour que nous partagions sa vie éternelle. La célébration de Noël nous rappelle que Dieu ne cesse de répandre dans le cœur des hommes des sentiments de paix, d’amour et de confiance. L’événement est historique comme nous rapporte Luc dans l’évangile qui est proclamé en cette nuit : c’était sous le règne de l’empereur César Auguste qui avait ordonné un recensement sur tout l’empire romain auquel était soumis le territoire palestinien.

Jésus naît donc dans un contexte sociopolitique extrêmement difficile et son peuple attend impatiemment le libérateur promis qui devait arriver avec puissance et grande gloire comme les souverains terrestres. Le Messie annoncé depuis les siècles est finalement là mais sous la forme d’un petit enfant et dans la pauvreté la plus absolue au point de n’attirer que l’attention des pauvres bergers avertis par les anges.

            Nous rêvons toujours que Dieu intervienne en toute puissance pour résoudre nos problèmes et ceux du monde. A Noël, Dieu intervient dans notre monde avec la fragilité d’un enfant, en la personne de son Fils. Dieu entre dans notre humanité et rien d’extraordinaire ne se produit apparemment, seule la foi peut reconnaître sa présence et son action. Le Fils de Dieu n’est venu ni, avec puissance, ni grandeur visible. Il ne s’est pas imposé. Ainsi, en l’absence de place dans la salle commune, il s’est contenté d’une mangeoire, habituellement réservée aux animaux. Durant toutes ces années, Dieu est présent au milieu des hommes et ceux-ci ne le voient pas.

            Voici donc venu Noël la grande fête qui a matérialisé le cours de l’histoire, et placé subtilement Dieu au cœur du monde et des événements. Noël c’est l’incarnation, où l’homme devient pleinement image et ressemblance de Dieu. Ceci d’autant qu’à Noël, Dieu ne s’abaisse pas seulement jusqu’à l’homme, mais surtout l’élève jusqu’à lui. Jésus ne vient pas pour être à côté de nous, il vient être un de nous pour nous diviniser et donner une valeur incalculable à notre vie.

            Noël c’est aussi la paix sur la terre pour les hommes que Dieu aime. A Noël, l’homme retrouve la paix parce que Dieu lui a pardonné son péché et rétabli son amitié avec lui. Désormais, l’homme n’a plus raison de fuir devant Dieu, de le considérer comme un rival ou un dictateur écrasant. Et pour que l’homme se sente rassuré, Dieu se fait tout petit, tout humble, sans faste ni grandeur. Il se rend accessible à tous en naissant dans une grotte, en ayant pour seule compagnie Marie, Joseph et les bergers des environs avec leurs bêtes. Un décor qui révèle la tendresse de ce Dieu qui vient à notre rencontre.

            Cependant, malgré la fragilité et la pauvreté qui l’entourent, celui que nous accueillons à Noël, nous apporte la paix en nous sortant de notre précarité humaine pour nous élever à la dignité de fils et de filles de Dieu. Le Divin Enfant nous invite à comprendre que le bonheur est possible si nous savons être humbles, simples, sans prétentions ; et aussi si nous acceptons de dépasser notre précarité, notre fragilité et toutes nos limites d’homme pour nous ouvrir au mystère de Dieu. Noël est donc une promesse de bonheur crédible adressée à tous : « Je vous annonce une bonne nouvelle, une grande joie pour tout le peuple, aujourd’hui vous est né un Sauveur » (Lc 2,10).

            Pour que cette fête de Noël soit une occasion de joie pour les uns et les autres, suivons l’exemple de ces bergers et laissons-nous émerveiller par l’humilité d’un Dieu couché dans une mangeoire. Il nous tend ses mains faibles et nues pour exorciser notre penchant à souvent recourir à la force et à la violence chaque fois que l’entente se fait difficile entre nous. Célébrer Noël c’est croire qu’avec la grâce de Dieu et notre propre collaboration la paix et la réconciliation sont possibles dans nos familles et dans nos différents milieux de vie.

            Noël aujourd’hui est plus qu’une simple fête rituelle ; c’est un style de vie caractérisé par la modestie, l’humilité et la simplicité ; c’est une invitation à aller jusqu’à la crèche recevoir la grâce et la tendresse de Dieu, un appel à vivre au quotidien la paix et la bonté que Dieu nous offre. Si Dieu a voulu naître en notre monde, s’il a voulu naître d’une femme la Vierge Marie, c’est pour que nous aussi, nous puissions naître au monde de Dieu. S’il est venu à nous, c’est pour que nous revenions à lui en abandonnant les chemins de ténèbres et de mort où nous conduisent les passions de la terre et en renonçant à nos rancunes, nos injustices, nos ambitions égoïstes et notre indifférence à l’égard de Dieu.

            Oui, la fête de Noël nous engage, ce d’autant que depuis la naissance de Jésus Dieu s’est engagé envers les hommes de partout et de toujours. Ce soir, engageons-nous à vivre en enfants de la lumière, témoignons de l’amour de Dieu manifesté en Jésus. En cette fête de la nativité, puisse la joie qui vient du Christ transformer nos cœurs et faire de nous des apôtres de paix et d’espérance.

                                             Bonne fête de Noël.