Par Franck GACOGNE

Luc 20, 27-38

Vous avez sans doute remarqué que la question clé des lectures de ce dimanche, c’est la résurrection… Cela ne me facilite pas la tâche ! Depuis le martyr des Israélites en 165 avant Jésus-Christ qui se révoltaient contre la domination des Grecs, nous avons entendu ce récit dans la première lecture, eh bien s’était installé la conviction que Dieu ne pouvait pas abandonner dans la mort ceux qu’il avait choisis. Au temps de Jésus, donc, la foi en la résurrection en particulier chez les pharisiens religieux, cette foi était très répandue. En revanche, ce n’était pas le cas chez un autre groupe appelé les Sadducéens, une sorte de « parti » encore plus religieux et conservateurs que les pharisiens (c’est pour dire !) et qui refusaient toute nouveauté ou interprétation de la Loi reçue de Moïse. C’est donc quelques membres de ce groupe-là, pour qui la résurrection est une invention moderne, qui cherchent à piéger Jésus.

Pour beaucoup des gens que nous rencontrons, mais aussi pour beaucoup d’entre nous, la résurrection fait aujourd’hui encore problème. Non plus de la même manière que les Sadducéens parce qu’elle était pour eux une invention moderne que leur foi ne pouvait accepter, mais bien au contraire parce qu’elle est vue aujourd’hui comme un élément archaïque, incompatible avec la pensée moderne et la raison. Les conceptions sont donc complètement inversées, et pourtant, elles aboutissent dans les deux cas : celui d’il y a 2000 ans, comme dans le nôtre aujourd’hui, à ne pas vouloir croire en la résurrection pour exactement les mêmes raisons.

Ce sont ces raisons amenées par les Sadducéens que Jésus va contrer, à la joie des scribes pharisiens à la fin du récit qui eux, croient en la résurrection. Ils ont vraiment la mémoire courte, parce qu’ils en ont eux aussi sacrément pris pour leur grade dans les chapitres précédents !

Comme les Sadducéens, nous ne pourrons jamais croire à la résurrection si nous pensons qu’elle est une sorte de réanimation du corps qui pourrait reprendre une activité terrestre ou sur lequel on voudrait calquer le type de relation que nous expérimentons ici et maintenant. Mais sachons que cette vision-là portée par les Sadducéens et beaucoup de nos contemporains n’est pas la foi chrétienne !

Dans un premier temps, Jésus répond que dans la vie que l’on reçoit à la résurrection, la continuité n’est plus assurée par les humains qui doivent donner la vie, elle est au contraire assurée par Dieu qui leur donne la sienne, éternellement. Voilà pourquoi Jésus les appelle « enfants de Dieu, enfants de la résurrection ».

Dans un deuxième temps, Jésus rappelle aux Sadducéens que la résurrection est une promesse de Dieu que Moïse avait indiquée, et donc que croire en la résurrection, c’est d’abord croire en la fidélité de Dieu. De fait, l’expérience décisive vécu par Jésus lui-même a été comprise par les premiers chrétiens comme l’accomplissement de cette promesse. Ils en ont été témoin, et cette Bonne Nouvelle a jaillit de leur bouche, de leur cœur. Nous avons non pas des preuves, mais des traces de la résurrection à travers le témoignage des apôtres qui ont crû en la résurrection de Jésus, puis 2000 ans d’Eglise où tant d’hommes et de femmes ont fait de ce témoignage initial le fondement de leur existence. La résurrection de Jésus, c’est la victoire de la vie sur la mort… Cette victoire n’est pas une exception pour un privilégié, mais la révélation que ce qui est arrivé à Jésus est pour nous. Autrement dit, la résurrection de Jésus est promesse de la nôtre.

Il nous est promis que cette naissance à la vie du Christ ressuscité se continuera éternellement. Il est évidemment impossible d’imaginer à quoi ressemblera la vie éternelle dans l’au-delà. Les concerts assurés par un orchestre d’angelots nous font un peu sourire, la contemplation immobile d’un Dieu immobile est désespérante d’ennui. L’image la moins mauvaise que la Bible ait trouvée est celle d’un repas, d’un festin.

Merci Seigneur pour l’Eucharistie, prémices pour nous aujourd’hui de ta vie ressuscitée. Alors… si la résurrection est à l’image de la fête de ce jour, je veux bien y croire et en vivre ! Amen.