Par Christian PLAGNARD

Luc 16, 19-31

Qui servons-nous : Dieu ou l’Argent ?

Dimanche dernier, Jésus a voulu nous faire prendre conscience, en nous faisant discerner sur la relation que nous entretenons avec l’Argent trompeur. Cet argent qui ne nous appartient pas et qui passe de main en main. Savons-nous le mettre au service de l’amour, au service de la relation, au service des uns et des autres ?

Il est bien difficile de faire la route sur ce chemin, du partage, du don, du service.

L’Évangile d’aujourd’hui vient nous donner une force, une ardeur ! Jésus vient à notre secours en nous montrant, aujourd’hui, ce qui se passe de « l’autre côté », pour ceux qui ne se sont pas mis en route ici-bas. Pas pour nous effrayer, non ! bien sûr que non ! Mais parce qu’il nous aime, Alors, ne perdons plus de temps, changeons nos comportements !

Oui traquons le moindre sentiment de supériorité qui pourrait monter en nous lorsque nous venons en aide à un frère démuni. Car nous le verrons par la suite, bien souvent, il est plus près du Père que nous, et lorsque nous le retrouverons de l’autre côté, nous risquons fort d’être ébloui par sa lumière !.

En introduction, Jésus nous décrit un homme riche avec tout ce qui fait sa vie de riche : ses vêtements de luxe, les festins somptueux qu’il fait chaque jour. À vue humaine, on pourrait se dire qu’il a de la chance ! Mais nous allons voir que le plus à plaindre n’est pas celui qu’on croit ! D’abord, dans cette parabole, le pauvre a un nom ; le riche, lui, n’en a pas ! Le pauvre homme couché devant le portail et couvert de plaies, c’est Lazare. C’est une personne.

Le riche, lui, n’a plus de nom. On ne sait pas qui il est. Le sait-il seulement lui-même ? Jésus nous le définit que par les vêtements qu’il porte ou les festins somptueux qu’il organise.

L’homme riche n’existe que dans l’apparence, dans sa manière de briller aux yeux du monde !

Pourquoi ? Parce qu’à l’intérieur de lui, il n’y a que du vide ! L’immense vide du « non-amour » ! A force de ne penser qu’à lui, il s’est comme vidé de l’intérieur.

Mais Dieu a créé l’homme pour qu’il « vive », c’est-à-dire qu’il trouve son bonheur dans le don de lui-même ; faire l’inverse, le tue ! C’est ce qui est arrivé à cet homme riche qui s’est laissé vider d’amour par sa propre indifférence ! Son cœur a perdu toute capacité de s’émouvoir. Ses vêtements de lin fin n’habillent plus qu’une immense misère intérieure, une absence totale d’humanité.

L’Évangile, nous montre que même les chiens ont plus de compassion que lui : Oui les chiens lèchent les plaies de Lazare ! Les chiens voient ce que lui ne voit pas, ne voit plus : la souffrance couchée à sa porte ! Oui, même les chiens sont capables d’apporter du réconfort à Lazare en lui léchant ses plaies ! Le riche, lui, ne fait rien, il n’a même pas pitié. Peut-être se dit-il qu’il ne peut pas accueillir toute la misère du monde ? Mais comment lui faire comprendre qu’il est bien plus à plaindre que Lazare ! Qu’il est en danger, en danger de mort spirituelle !

Lazare est pourtant là, couché devant son portail, et sa présence silencieuse est un cri de Dieu, à cet homme riche pour qu’il se réveille, qu’il sorte de son engourdissement, et qu’il sauve son âme pendant qu’il peut encore le faire !

Et nous ?… Où en sommes-nous ?

Qui sommes-nous aux yeux de Dieu ?

Avons-nous encore un nom à ses yeux ?

Combien de portes avons-nous mises, nous aussi, dans notre vie pour ne pas être sollicité ?

Combien de frères comme Lazare acceptons-nous de voir couchés devant nos portes, devant nos halls d’immeubles, sur nos trottoirs et même nos églises !

Laissons Jésus nous dire aujourd’hui : « frère, ne vois-tu pas que c’est moi qui t’envoie Lazare pour te sortir de ton égoïsme, pour te réapprendre à vivre, à aimer, pour te sauver ? Ne vois-tu pas que celui qui est à moitié mort, qui est couvert d’ulcère, c’est toi ? » Et la suite de la parabole nous montre l’urgence de la situation…

Lazare mort, et les anges l’emportent auprès du Père et d’Abraham. L’homme riche meurt aussi, mais lui, il fait la descend au séjour des morts. Il descend dans la triste réalité de ce qu’il est, la triste vérité de ce qu’il vaut .

Alors l’homme riche fait ce qu’il aurait dû faire depuis bien longtemps: il lève les yeux. Tant qu’il était sur cette terre; il n’était centré sur lui. Mais là, tout d’un coup, il lève les yeux vers le ciel « Père ». Il crie au secours maintenant parce que s’est la première fois, qu’il souffre.

«Père, envoie Lazare ! » Lazare a de la valeur à mes yeux. Il réalise que Lazare aurait pu être pour lui l’ami qui lui ouvre les portes du Ciel et qui le sauve ! Mais il est bien tard ! De l’autre côté, il sera trop tard ! Dépêchons-nous d’aimer !

Car le point d’arrivée n’est jamais que l’occasion d’un nouveau départ, et que le temps qui nous est donné sur cette terre est celui de la Miséricorde infinie de Dieu ! Mais à l’instant de notre mort, nous devrons faire face à la Vérité. Dépêchons-nous de nous convertir et d’agir ici-bas !

Prions Jésus, pour qu’il nous aide sur ce chemin difficile du don de soi : Oui, Seigneur, aide-moi à aimer. Car de l’autre côté, ce ne sera plus le moment de faire preuve de miséricorde. Il sera trop tard !

Ô Seigneur, appelle-moi par mon nom, ouvre nos mains et nos cœurs qui se ferment sur cette terre, et dépose-les dans celles de nos frères pour qu’ils nous tirent vers Ta lumière. Envoie ton Esprit-Saint sur nous afin que, lentement, Il nous rende davantage semblable à Toi !

Amen