Par Franck GACOGNE

Luc 1, 39-56

Ne nous laissons pas troubler par le texte de l’Apocalypse et son langage qui parfois nous semble tout droit tiré du dernier film fantastique à l’affiche. Le langage du livre de l’Apocalypse est un style, un genre littéraire qu’il nous faut parvenir à dépasser pour décrypter le message qui peut aujourd’hui nous interpeller. Ce texte illustre un affrontement des forces de vie et des forces de mort qui remplissent le monde ; et c’est la vie incarnée par Dieu et le Christ qui a le dessus. Cette femme de l’Apocalypse qui enfante pour donner une vie victorieuse sur le mal, bien entendu, les biblistes et les croyants y ont vu la figure de Marie qui met au monde le Sauveur, mais aussi ils ont vu dans cette femme de l’Apocalypse la figure de l’Eglise qui au temps de la rédaction de ce texte traversait les persécutions et l’épreuve du rejet.

Le 15 août rassemble de nombreux catholiques à Lourdes et dans de nombreux sanctuaires pour cette fête qui met en valeur Marie, mère de Jésus, en fêtant son Assomption. Vous l’avez remarqué, les fêtes consacrées à Marie sont nombreuses pendant l’année : Nativité de la Vierge, Immaculé conception, Marie Mère de Dieu, Annonciation, Visitation, aujourd’hui, l’Assomption. Elles sont si nombreuses qu’il n’est pas toujours aisé de s’y retrouver : que dit-on de Marie exactement à chacune de ces occasions ? Et quand nous fêtons l’Assomption de Marie, de quoi s’agit-il exactement ?

En affirmant l’Assomption de Marie, l’Eglise catholique affirme que Marie, sans attendre le dernier jour, partage déjà le sort du Christ, et qu’elle se trouve en Dieu avec lui. Dieu en Jésus s’est fait dépendant des hommes Avant ces quelques trois années passées au côtés de ses disciples, on oublie bien souvent combien Jésus à été dépendant de Marie et de Joseph pendant de bien plus nombreuses années encore, combien à leurs côté, pétris de leur amour de la tendresse que peuvent donner des parents, Jésus a pris toute son épaisseur humaine, et s’est découvert en même temps Fils de Dieu. Marie est celle qui a porté Dieu. Dieu fait homme à travers elle, grâce à elle. Marie, représente l’humanité qui porte Dieu. Marie est le lieu où se noue notre solidarité humaine avec le Christ. C’est par Marie que Jésus est intégré à l’humanité. Bref, elle est comme le lieu de l’alliance.

Et bien si Marie a porté Jésus et si Jésus a dépendu d’elle et de sa présence de mère attentive, le jour de l’Assomption de Marie, c’est en quelque sorte Dieu qui le lui rend bien. C’est le sens de cette fête. C’est maintenant Marie qui dépend de Dieu, car son Fils ressuscité l’invite à partager sa Gloire. Elle nous précède sur le chemin du Salut que nous offre son Fils ressuscité. Voilà pourquoi beaucoup de catholiques aiment confier leur prière à Dieu par Marie. Elle a portée l’humanité de Dieu, elle est accueillie aujourd’hui dans sa divinité. Elle saura alors recevoir nos prières nos espérances, nos demandes pour les lui porter.

Dans cet évangile, Marie exprime sa joie son allégresse non pour elle-même alors qu’elle a l’honneur de porter le Messie, c’est sa cousine Elisabeth qui le lui rappelle : « D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ». Si Marie exprime sa joie, ce n’est donc pas pour elle-même, mais c’est pour cet enfant déjà reconnu comme le Seigneur par Elisabeth qu’elle attend et que déjà elle donne au monde pour qu’il renverse les puissants et élève les humbles. Elle se reconnaît elle-même servante et humble devant la tâche qui lui a été confiée. Les humbles qui sont élevés, ou tout simplement invités, c’est ce que nous allons essayer de vivre sur notre paroisse encore cette année en proposant à toutes les personnes isolées ou seules de se retrouver : vous êtes les premiers sous le regard de Dieu. Comme Marie, il vous porte et vous élève à lui.

Nous tous qui par notre baptême portons le Christ, nous qui communions au Christ dans cette Eucharistie, que nous sachions comme Marie exulter de joie pour celui qui vient habiter nos vies et qui vient la féconder.