Par Franck GACOGNE

Galates 3, 26-29

J’entends parfois dire que la religion est un carcan, qu’elle enferme. Je ne sais pas vous, mais moi, je ne me sens pas particulièrement bridé comme chrétien. Juste avant cet extrait de la lettre aux Galates que nous avons entendu, Paul explique combien la venue du Christ est libérante, parce qu’elle nous sort de la captivité de la loi pour nous faire vivre sous le régime de la foi (Ga 3, 23).

Nous le savons, Jésus est souvent interpelé par les juifs et les pharisiens de son temps dont le seul référentiel est la Loi : pourquoi fais-tu ceci le jour du sabbat ? Pourquoi tes disciples ne font-ils pas cela avant de manger ? Jésus dit qu’il n’est pas venir abolir la loi mais l’accomplir, c’est une tout autre posture, c’est une approche bien différente. St Paul va même dire que jusqu’à présent, la loi nous a surveillée (Ga 3, 24), alors que maintenant, la foi en Jésus-Christ nous rend juste, elle veille sur… C’est ainsi que Paul introduit le passage de ce jour en concluant que par la foi en Jésus-Christ, nous sommes tous fils et fille de Dieu. Je vous assure que ce n’est pas rien de dire cela, d’en prendre conscience et de l’expérimenter. Au temps de Jésus, les clivages sociaux ou religieux, les groupes, les origines, les identités étaient bien marqués. Qu’y avait-il de commun entre un maître et son esclave ? Entre un juif pieux observant, et un étranger païen pourtant l’un comme l’autre convertis à Jésus-Christ ? Eh bien St Paul dit : c’est le baptême qui est commun, et la foi en Christ surpasse ces différences partout ailleurs insurmontables : C’est une révolution je vous assure ! … Mais pas seulement il y a 2000 ans.

Demain, plus de 200 personnes de notre paroisse vont participer à cette sortie/pèlerinage à Taizé et à Berzé. Qu’y a-t-il de commun entre tous les participants : certains vivent dans des villas cossues de Bron, d’autres dans des immeubles au Terraillon ou à Parilly. Certains sont ouvrier au chômage ou au RSA, d’autres retraité, cadres, chirurgiens. Tous les âges sont représentés, certains n’ont jamais habité ailleurs qu’à Bron depuis 60 ans, d’autres sont étrangers, arrivés dans notre commune il y a tout juste un mois après avoir fuis le terrorisme en Irak et s’être réfugié en Turquie. Certain sont originaires de l’Inde, de l’Afrique noire, des dom tom, d’Amérique. Eh bien au temps de Paul comme aujourd’hui, c’est un seul et unique baptême qui les rassemble, toutes et tous. Quels qu’ils soient, ils ont « revêtus le Christ » selon la magnifique expression de Paul. Ce vêtement, celui du baptême, leur donne la dignité d’être fils, d’être fille de Dieu, et il les exhorte alors ensemble à se découvrir frère et sœur. La communauté chrétienne, ce n’est pas le club de ceux qui se sont choisis, de ceux qui se sont appelés entre eux ou cooptés en raison de leur points communs. Non ! La communauté chrétienne est une fraternité universelle reçue que seule la foi en Christ unie. Et cela, je vous assure, hier comme aujourd’hui, c’est une révolution ! A condition que chacun de nous soit bien attentifs à se préoccuper de celui qui n’est pas là, peut-être en raison de sa différence ou parce que personne ne l’a invité, et de ne jamais se satisfaire de ceux qui sont déjà présent ou acteur de la communauté.

Dans ses épîtres, Paul ne nie pas les différences au contraire, il dira ailleurs combien elles sont des richesses et plus que cela, il dira que ces différences sont même absolument nécessaires à la complémentarité des membres du Corps du Christ. Mais il affirme en même temps combien la foi dépasse toute frontière culturelle ou sociale pour être témoin de la Bonne Nouvelle.

Donne à chacun de nous Seigneur de trouver et de prendre sa place dans ton Eglise, mais aussi d’en laisser une libre et accueillante pour celui que j’inviterai. Amen.